Le rapper queer new-yorkais Cakes Da Killa fait son grand retour avec Muvaland, un EP de 6 titres (dont “Don Dada” & “ICU” avec Nomi Ruiz) en collaboration avec le producteur Proper Villains, le tout sur le label Classic Music Company de Luke Solomon. Outre un featuring sur “Catch The Beat” pour la DJ/productrice Honey Dijon, on n’avait plus entendu Cakes Da Villa depuis quelques temps. C’est donc un grand comeback salué par la critique (Pitchfork en tête) qu’il effectue aujourd’hui dans une veine Hip House très New York style. Pour Modzik, Cakes Da Killa parle de sa musique, de sa position d’artiste black & queer et nous livre une playlist très oldschool des plus rafraîchissante.

(credit photo en une : Ebru Yildiz)

«Don Dada» est un disque qui a commencé autour de moi. Je voulais quelque chose de très arrogant sur un gros beat dans la même veine que certains de mes disques hip-hop préférés, Black Box «Strike it Up» en est un exemple. Je n’ai pas sorti de titre depuis un moment, donc j’avais besoin de revenir fort, mais je voulais aussi faire danser les gens qui étaient en quarantaine. Après m’être associé avec Proper Villains, “Don Dada” est né, puis est devenu le MUVALAND EP. “

Cakes Da Killa – Credit William Chu

Il y a peu de rappers ouvertement gay aux Etats-Unis, c’est important de t’exprimer aujourd’hui ?
Il a toujours été important pour moi d’utiliser ma voix. La plupart des choses chaotiques et tragiques qui arrivent aux Noirs dans ce pays ne sont pas nouvelles. Je suis juste heureux de vivre à une époque où les réseaux sociaux en font quelque chose que tout le monde ne peut ignorer. Nous le voyons aujourd’ hui en temps réel, ce qui est troublant mais il faut ouvrir les yeux.

Entre Rap/Hip Hop et Hip House, penses-tu avoir avoir un son typiquement new-yorkais ?
Mon son est incontestablement un son de la côte Est, mais ce n’est que ma vibe en tant que personne. Mon son a été fortement influencé par l’underground new-yorkais et les exclus de la scène qui sont devenus des superstars. Ma carrière a une trajectoire similaire.

Comment es-tu passé de “Don Dada” à un EP complet ?
C’était une progression naturelle. Proper Villains et moi avons enregistré le morceau en tant que morceau unique et il s’est avéré si bon que nous avons continué et avons fait un petit projet pour les gens. Je l’ai envoyé à Classic et le reste appartient à l’histoire.

Peux-tu parler de ta collaboration avec Proper Vilains ?
Nous collaborons depuis un certain temps. Cette fois-ci, nous nous sommes liés à cause de la quarantaine et de la pandémie. J’avais beaucoup à dire et je voulais le faire de manière effrontée alors nous avons fait l’album.

D’autres projets en route ?
Je viens justement de terminer mon deuxième album !

Que signifie “Muvaland” pour toi ?
Cela signifie que je suis cette salope et si vous ne le saviez pas encore, maintenant vous le savez ! Aahaha

Quelle est ta réaction face aux récentes élections ?
Maintenant nous commençons vraiment à avoir les conversations qui doivent avoir lieu depuis que le voile a été levé et nous nous voyons honnêtement.

Et quand à la vague suscitée par le tragique décès de George Floyd ?
J’ai le sentiment que c’est tellement triste que les gens doivent devenir des martyrs pour que nous expliquions pourquoi la vie des Noirs est importante. J’ai aussi l’impression que c’est tellement déclencheur que les artistes et les gens noirs doivent toujours faciliter et participer à ces discussions.

Je ne peux même pas parler de mon art parce que je dois te dire pourquoi mon existence est sous les projecteurs ? Je trouve cela fou.

Parlez à vos amis blancs. Parlez aux membres de votre famille blanche. Parlez-en à vous-même. Il n’ya rien d’autre à dire. Nous disons les mêmes choses depuis des générations. Nous voulons des réponses. C’est à vous de parler.

La playlist commentée par Cakes Da Killa lui-même :

1. Sylvester “Over And Over” > Que dire ?
2. Hou’z Neegroz “How do you love a black woman” > A classic bop
3. Those Guyz “Tonite” > j’adore les vocaux et la vibe sur ce track
4. Hercules & Love Affair feat John Grant “I Try To Talk To You” > Hercules and Love Affair ont toujours eu une grande influence sur moi
5. Jessica 6 “Prisoner of Love” feat Anohni > Personne ne peut nier que Nomi est une Powerhouse !
6. RuPaul “Looking good, feeling gorgeous” > C’est tout moi
7. Deee-Lite “Good Beat (Shake You Body To The Beat Mix) > Deee-Lite est toujours dans mon moodboard
8. Deee-Lite “Power of love” (Sampla-delic Remix)
9. Deee-Lite “Call Me”
10. Black Sheep “Strobelite Honey”(Def Mix) > Big, big tune !
11. The Ride Committee “Get Huh” (Kutz Mix) > j’adore ce track pour sortir
12. Cajmere feat Dajae “Brighter Days” (Louie’s Masters At Work mix) > pas besoin d’explication
13. Master at Work feat India “I Can’t Get No Sleep” > Je veux la India sur un nouveau disque !
14. Womack & Womack “Baby I’m scared of you” > La chanson parfaite pour danser plus lentement. J’adore comment ça reprend à la fin.

Pour écouter et voir la playlist sur YouTube :

Pour écouter la playlist sur Spotify :

et pour écouter l’EP Muvaland en intégralité :