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À l’aube de la sortie de son troisième album, Poèmes pulvérisés, prévu pour le 6 juin prochain, Léonie Pernet nous invite à explorer un monde où la poésie et la musique s’entrelacent, où les continents se rencontrent et où les identités se mêlent.
Depuis son deuxième album, Le Cirque de Consolation, sorti en 2021, Léonie Pernet a vécu une transformation profonde, marquée par un voyage au Niger à la rencontre de sa famille paternelle. Ce périple a inspiré une quête artistique et personnelle qui se reflète dans Poèmes pulvérisés, un album qui fusionne les formes, les langues et les compositions pour créer des ponts entre le Nord et le Sud, de Paris à Brazzaville.
Léonie Pernet nous parle de son parcours, de ses influences, de ses collaborations et de son désir de « réparer un peu le monde » à travers sa musique.
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Comment la poésie influence-t-elle votre processus de création et notamment sur cet album Poèmes pulvérisés ?
Il y a deux choses, l’influence directe c’est en effet ce recueil de René Char qui s’appelle Le Poème pulvérisé à qui j’ai emprunté le nom en le mettant au pluriel, avec l’accord bien sûr de la veuve de René Char. Et puis, plus généralement, je dirai que la poésie m’influence, mais pas que la poésie qui se lit, c’est vraiment la poésie comme rapport au monde, comme mode de perception sensible de ce qui nous entoure.
Vous avez collaboré avec des membres de votre entourage, famille, ami.es sur cet album. Comment ces relations personnelles ont-elles enrichi votre travail artistique ?
Oui, c’est vrai que l’on peut entendre un petit panel des personnes qui m’entoure dans l’album. Il y a mon frère, il y a mon amoureuse, on entend des personnes de ma famille dans un morceau aussi. Je crois que, j’aime travailler comme ça. Disons que les liens d’amour et d’amitié qui me lient aux autres me remplissent beaucoup et m’inspirent énormément et quand ça peut se retrouver, quand ça peut se rejoindre dans la musique, dans la création, c’est souvent des moments très heureux. Et en effet sur le morceau Le pas de l’au-delà, on entend mon frère, Pierre-Jean, et il a été génial, on a imaginé la naissance de ce morceau à deux.
Dans votre album, on vacille entre les sonorités électro, classiques, des voix parlées, chantées, comment tous ces univers cohabitent dans votre musique ?
Je dirais que je ne me pose pas de questions déjà, j’essaye de me souvenir, de garder tout le temps une liberté totale et la musique pour moi permet de décloisonner l’imaginaire. Et en effet quand on entend une derbouka avec des sons électroniques et des voix venant d’ailleurs, cela m’évoque des univers différents et les mélanger permet de proposer d’autres imaginaires aussi. C’est ça qui m’intéresse, d’en créer de nouveaux.
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La collaboration avec Jean-Sylvain Le Gouic est récurrente dans vos projets. Qu’apporte-t-il à votre processus créatif ?
J’ai travaillé avec lui pour la première fois sur mon deuxième album Le Cirque de Consolation, il travaillait avec moi aussi sur le live et durant toute une tournée alors c’était évident de retravailler avec lui sur cet album Poèmes pulvérisés. Je peux dire que c’est la personne qui me connaît le mieux musicalement. Il a un cerveau très élastique, il comprend beaucoup de choses et il me regarde évoluer. À ce jour, c’est celui qui est le plus à même à m’aider à avancer le plus loin possible dans cet univers-là, parce qu’il comprend où je vais.
Votre musique aborde des thèmes personnels et sociétaux. Comment trouvez-vous l’équilibre entre l’intime et le politique dans vos compositions et qualifieriez-vous cet album comme une urgence d’expression ?
Oui, je pense. Comment je concilie intime et politique ? Je ne sais pas, il y a des moments où je suis davantage tournée vers une forme d’intériorité et d’autres moments où je capte ce qu’il se passe à l’extérieur, mais ce sont des temps très différents. Des temps de sensations différentes, de créations différentes, mais, en effet, je fais beaucoup d’aller-retour entre le « je » et le « nous » dans cet album. Je pense que plus le temps passe, plus on a l’idée que la vie est précieuse, que la vie, telle qu’on a la chance de la connaître en France… je ne sais pas combien de temps ça va durer cette liberté que l’on a… cette liberté de ton… Oui j’ai un sentiment d’urgence à écrire, bien sûr.
Vous avez mentionné l’influence de la littérature, du cinéma, et tant d’autres arts sur votre travail. Y a-t-il des auteurs ou des œuvres qui ont particulièrement marqué cet album hormis René Char ?
Oui, Les Nymphéas de Claude Monet, aussi la pièce Dispak Dispac’h de Patricia Allio dont j’ai fait la musique, une œuvre qui m’a beaucoup marquée de par sa manière contemporaine de gérer la question sociétale et politique. Évidemment, quand on me pose la question, je n’ai pas tout en tête, mais il y a tant de choses qui m’inspirent. Je pense à Atlantique de Mati Diop, le cinéma africain sur lequel je me penche…
Enfin, que souhaitez-vous que les auditeurs retiennent de Poèmes pulvérisés après l’écoute ?
J’espère qu’ils ressentiront une espérance profonde et une envie. Dans le morceau Les rênes je dis que j’aspire à la paix et c’est une aspiration profonde, ce n’est pas un joli mot niais, j’espère vraiment que ce sentiment-là, cette envie, ce partage résonnera dans leurs âmes.
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Poèmes pulvérisés est disponible via InFiné/CryBaby. En tournée Européenne.
Texte Elisa Lehours
Image de couverture Mathieu Zazzo