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NEWS !
En plein cœur du Marais, Julien Granel nous attend devant le cosy et discret Boudoir des Muses où il a enchainé séances de photos en compagnie de Théophilus London. Ils nous présentent BB Danse, morceau incandescent né d’une rencontre instinctive à New York. Un dialogue transatlantique qui reconnecte à l’énergie du club, à la vibe French touch, et à une envie simple mais essentielle : redonner le goût de la fête dans un monde en manque de lumière.
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Une rencontre au croisement des mondes
Theophilus ouvre le bal « On l’a enregistrée en janvier 2025. On voulait simplement faire passer un message au monde… Parce qu’on traverse une période vraiment sombre en ce moment. Enfin, c’est ce que j’ai ressenti. Tu sais, j’ai fait une pause pendant trois ans. Et Julien, lui, il voulait être à New York. Je trouve ça normal qu’il ait envie de recevoir l’amour d’un vrai New-Yorkais. On s’est rencontrés, par la grâce de Dieu, et cette chanson est née de cette connexion. C’est un message qu’on voulait partager ensemble : inviter les gens à danser, à se sentir bien à nouveau, à être en accord avec eux-mêmes, à ressentir de l’euphorie ».
Theophilus London, figure singulière du paysage musical new-yorkais, navigue depuis plus d’une décennie entre hip-hop alternatif, électro suave et influences caribéennes. Révélé au début des années 2010 avec Timez Are Weird These Days, il s’est imposé par son style caméléon, ses collaborations (Kanye West, Tame Impala, Solange) et une esthétique toujours en avance.
Tout est histoire de connexion, la rencontre fut fortuite. Julien Granel : « La première fois que je suis allé à New York, c’était entre deux concerts. Je suis toujours en tournée, donc j’ai peu d’occasions. Et là, c’était la première fois. Je commençais à peine à tisser de vraies amitiés – notamment avec Colm Dillane (Directeur artistique, NDLA) et toute l’équipe de KidSuper. Ils venaient de s’installer dans un nouveau bâtiment hyper inspirant, avec l’idée d’y créer un studio, un vrai lieu de vie artistique. Je me suis dit : “Allez, go, allons rendre visite aux potes”. C’est comme ça que tout a commencé, il y a environ un an. J’ai été happé par l’énergie de la ville. New York, c’est un monde à part. Tout s’y passe en même temps. Le mélange des cultures, les fêtes, l’intensité artistique… Après tous ces concerts, j’avais besoin de ça : une nouvelle impulsion. Et New York était clairement l’endroit parfait. Quelques semaines après mon arrivée, j’ai rencontré les gars de Carriage House, notamment Gordon McKemie, son initiateur. C’est Joy Anonymous qui m’a mis sur le coup – il bossait alors avec Fred Again, son coloc. Il m’a dit : “Tu devrais aller là-bas, on y a vécu avec Fred, tu vas adorer. C’est pile ton énergie”. Et il avait raison. Je m’y suis tout de suite senti chez moi. J’y suis resté plusieurs mois. Un soir, en pleine fête, je discute avec un mec qui bossait avec Theophilus. Il a tout de suite capté qu’on avait une vibe similaire. Il nous met en contact. On s’est retrouvés direct au club. Puis on a eu une discussion incroyable sur la créativité, sur les accords, sur l’instinct en musique. Un vrai moment ».
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Julien découvre la musique de Theophilus à 14 ans, perdu dans un petit village entouré de forêts. Un jour, en traînant sur l’iTunes Store, il tombe sur une pochette rayée et colorée. « Je me suis dit : “Wow, j’adore cette vibe”. Je l’ai téléchargée – c’était le single de la semaine gratuit. La chanson, c’était Wine and Chocolates. » Le morceau l’attrape, ne le lâche plus. Il plonge dans l’univers de Theophilus, découvre l’album Timez Are Weird These Days, qu’il trouve « complètement en avance sur son temps, même aujourd’hui, il sonne futuriste ». Depuis ce jour, Julien suit Theo de près. « J’étais isolé, mais à fond sur ce qui se passait dans le monde musical. Et cette chanson, elle m’a marqué pour de bon. Puis il y a eu Bebey… un album de dingue ».
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Carriage House : le foyer créatif
C’est à la maison Carriage House que BB Danse prend vie. « Après le club, j’ai proposé à Theophilus de venir chez moi. J’ai branché le CDJ, lancé quelques morceaux, puis on a connecté un micro filaire », raconte Julien. Theophilus souhaitait pouvoir danser, improviser, vivre la vibe du morceau. « Les paroles sont venues naturellement, comme une évidence, un peu comme une démo que j’avais commencée la semaine d’avant à New York. Julien a immédiatement trouvé le refrain, une vibe dance très fluide. Je suis venu à Paris pour la première fois vers 2010, 2011, et j’ai toujours été fan des gars d’Ed Banger – DJ Mehdi, Pedro, Brodinski… Quand j’ai entendu ce morceau, je me suis dit : “Ce mec, c’est la nouvelle vague, il est à la pointe”. J’ai toujours voulu renouer avec mon public français, et Julien m’a offert cette belle opportunité avec ce disque », précise Theophilus.
Puis Theophilus nous ouvre son laptop et nous montre une session filmée, où on le voit micro en main, chantant et dansant. Julien découvre avec nous ces images capturant la création du morceau, tandis que Theo confie qu’il prépare un film sur son retour, n’hésitant pas à nous filmer, Julien et moi, en train de visionner ces souvenirs.
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Une French touch nouvelle génération
« Je voulais revenir à mes premières amours : le club. Theo parlait d’Ed Banger, de Daft Punk, de toute cette vibe 90s, brute, filtrée, hyper catchy. J’ai voulu en proposer ma version, plus colorée, mais sans samples – tout est original, organique. Comme d’habitude, j’ai bossé avec des sons analogiques, des textures vivantes. J’aime ce côté un peu rugueux, un peu “live”. Ce n’est pas parfait, et justement : c’est ça qui rend la musique vraie. BB Danse, c’est comme si Paris faisait toujours danser New York, et que New York rêvait de Paris. J’adore cette dualité. Je voulais y mettre une vraie énergie pure de Brooklyn. L’idée, c’était de faire évoluer la French touch, de la ramener dans les clubs, de la remettre en mouvement. Et comme disait Theo : on traverse une période sombre. Ce morceau, c’est une réponse. Une énergie qui fait du bien », précise Julien.
BB Danse marque aussi un tournant pour Julien. « J’ai plein de morceaux en cours, plein de collaborations – je ne peux pas encore dire avec qui, mais il y a du lourd. Pour ce projet, j’ai fait l’inverse de mon premier album. À l’époque, j’avais tout fait seul. Cette fois, j’avais besoin d’une nouvelle énergie… alors j’ai partagé la mienne, et les autres me l’ont renvoyée, encore plus forte. » Les titres sont presque prêts, mais Julien a choisi de prendre son temps. « À la base, je voulais sortir plusieurs morceaux avant les JO. Mais en réécoutant, je me suis dit : “Non, il faut aller au bout”. » Il fait alors appel à Pedro Winter pour une écoute attentive. « Il m’a dit : “Prends ton temps”. Termine-les bien. Il y a une vraie force là-dedans. Une nouvelle énergie. » Nous ne pouvons en dire plus – pour l’instant.
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L’Olympia, point d’orgue et promesse d’avenir
C’est donc tout naturellement que les amis new-yorkais ont traversé l’Atlantique pour célébrer le premier Olympia de Julien, fiévreux et symbolique. Parmi eux : Gordon McKemie, de Carriage House, et bien sûr Theophilus London, qui partage deux titres sur scène avec lui. « C’était fou, mec. Un souvenir pour la vie. Le public m’a fait me sentir comme une putain de star. J’étais très ému. Julien est un artiste génial, c’était un vrai kiff de partager ça avec lui. » Dans la foulée, Theophilus nous glisse qu’il enregistre actuellement son prochain album à Paris. « Il y aura quelques surprises… peut-être même Julian. C’est mon premier projet depuis trois ans, et franchement, je pense que les gens vont être bluffés. » Il nous fait d’ailleurs écouter quelques extraits encore en cours de production – ça s’annonce massif.
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Quand KidSuper donne des couleurs à BB Danse
Pour la pochette de BB Danse, le choix s’est imposé naturellement : Colm Dillane, alias KidSuper. « C’est une marque géniale, avec un vrai esprit créatif. Leur bâtiment à Brooklyn, c’est un peu une mini Warhol Factory », explique Julien. Les deux se rencontrent à Paris, il y a sept ans. « Il n’était pas encore dans le programme officiel de la Fashion Week, mais j’adorais déjà son taf. Je lui ai écrit, il m’a répondu : “Je te vois porter mes fringues… mais t’es qui ?” On s’est rencontrés, j’ai aidé pour son show, joué dans plusieurs afters. Depuis, il a bossé pour Louis Vuitton et organisé certaines des fêtes les plus folles de la Fashion Week. » Alors forcément, pour l’artwork, Julien et Theophilus pensent à lui. « Je voulais une œuvre, pas juste une photo. Quelque chose qui traverse le temps. Et ce morceau, pour moi, c’est ça : un objet qui reste. » Colm accepte immédiatement. Et leur visuel voit le jour.
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L’enregistrement terminé, la conversation se prolonge naturellement. On parle du rythme effréné de Julien, de son passage éclair au Festival de Cannes, d’une émission de télé à venir, de potes communs, de cette tournée qui redémarre, et bien sûr, de l’album à venir de Theophilus. Entre l’énergie communicative de julien et la force tranquille de Theophilus, nous nous quittons pour reprendre nos chemins respectifs. Les deux artistes n’en sont qu’au début d’un nouveau chapitre. Et on a hâte d’en entendre la suite.
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BB Danse est disponible via Cinq 7/Wagram Music. Julien Granel en tournée française.
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Texte Lionel-Fabrice Chassaing
Image de couverture Charlotte Castay