La sélection Modzik pour sonoriser ce weekend.
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RUNUP – TSUNAMI
RunUp est un jeune artiste prometteur sur une lancée au-devant de la scène rwandaise. Originaire de Kigali, Kwizera Emmanuel connait un grand succès sur les réseaux sociaux dès le début de sa carrière. Après son premier titre Isabella et deux singles Flower et DELETE, le chanteur revient avec ce nouveau morceau Tsunami accompagné d’un clip visionné cent mille fois le premier jour sur YouTube. « Je me concentre sur la création de musique qui change la vie de quelqu’un de manière positive, en particulier celle de mes camarades jeunes qui continuent à consommer de la drogue au lieu de créer des emplois pour développer leurs communautés et leur pays », explique RunUp. Dans un mélange d’anglais, de français et de kinyarwanda, le titre afro pop relate de sentiments amoureux intenses. Trois langues pour exprimer ce torrent d’émotions. La narration sincère touche profondément tandis que le rythme et les percussions incitent à danser. Réalisé par GAD, le clip coloré réunit les bons ingrédients pour un hit estival. Une vixen, une chorégraphie pleine d’énergie, la plage ; Tsunami s’annonce comme la chanson de l’été. (MTL)
Tsunami est disponible via Rellease.
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MILEY CYRUS – EASY LOVER
Avec Something Beautiful, Miley Cyrus réussit un délicat numéro d’équilibriste : livrer un album pop efficace, tout en poursuivant une ambition esthétique clairement plus élevée que la moyenne. Ce neuvième opus, présenté comme un « opéra pop » visuel et sensoriel, convoque autant les icônes de la mode que les fantômes de la synthpop des années 80/90. Something Beautiful est ambitieux, foisonnant, porté par une esthétique léchée et une liste de collaborateurs longue comme un générique de film d’auteur. Si le discours est parfois un peu grandiloquent, la musique, elle, tient globalement ses promesses. La force première de l’album réside dans sa production riche, menée par Cyrus et Shawn Everett (Alabama Shakes, Kacey Musgraves). Ici, pas de tubes calibrés à l’excès, mais un goût sûr pour la mélodie et des arrangements qui évoquent autant la West Coast que les dancefloors new wave européens. Ce Easy Lover a cette douceur californienne. Miley y chante une relation toxique portée par une musicalité résolument West Coast, quelque part entre Fleetwood Mac et Haim. Le morceau agit comme une charnière, liant la première moitié introspective de l’album à une seconde plus lumineuse. Avec Reborn, c’est un autre hommage celui aux Pet Shop Boys avec ses synthés et sa mélancolie dansante. Plus loin, Walk of Fame, en duo avec Brittany Howard, monte en intensité avec une énergie plus frontale. On pense ici aux meilleures heures de Bronski Beat matiné d’Underworld entre hi-NRG et urgence queer. Enfin, Every Girl You’ve Ever Loved, l’un des morceaux les plus surprenants du disque, invite Naomi Campbell pour un duo inattendu. Porté par une ligne de basse disco-house, le morceau incorpore un extrait de l’Adagio d’Albinoni. Le mélange fonctionne étonnamment bien, entre grâce baroque et revendication glam. Au fil de l’album, la voix de Cyrus – plus grave, plus rauque, marquée par son œdème de Reinke – devient un fil rouge, une signature involontaire mais touchante. Cette ambition artistique se déploie aussi dans un film de 55 minutes, écrit, coréalisé et coproduit par Miley Cyrus elle-même, projeté au cinéma le 27 juin lors d’une séance unique à l’échelle mondiale. Plus qu’une suite de clips, il s’agit d’un voyage sensoriel, présenté comme un opéra pop unique en son genre. Something Beautiful est à la fois flamboyant et vulnérable, où chaque piste semble construite comme un exorcisme personnel. (LFC)
Something Beautiful est disponible via MCEO/Columbia/Sony.
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NAOMI GREENE – WOUNDED HERO
Naomi Greene est enracinée dans une enfance parisienne bercée par les vinyles de salsa et de musique malienne qu’écoutait son père, ingénieur du son dans le New York des années 80, initié aux avant-gardes de Meredith Monk. Dans une maison remplie d’arts et de sons, où la mère, peintre américaine, coloriait le quotidien. Et surtout, dans la rencontre d’une petite fille de sept ans avec la harpe – ce géant à cordes qu’elle découvre au conservatoire presque par hasard, en suivant une amie. Coup de foudre immédiat. Mais très vite, rejet : l’académisme l’étouffe, elle plaque l’instrument pour monter un groupe de rock, guitare en main. Rebelle, déjà. Ce n’est qu’après un aller-retour vers les États-Unis, entre Bard College de NYC et CalArts à Los Angeles, que la harpe ressurgit. Plus libre, plus folle. Une harpe électrique, déconstruite, devenue véhicule de sensations brutes, charnelles. Naomi Greene apprend à l’improviser, à la maltraiter même, sous l’influence de Susan Allen ou Zeena Parkins, collaboratrice de Björk. De là naît sa signature sonore : un mélange inclassable entre pop planante, trip-hop habité et chanson alternative. Avec Wounded Hero, elle se confronte à la douceur, elle s’y rase la tête littéralement. Le clip du morceau-titre la montre en train d’accomplir ce geste radical – déjà vécu en Inde et vécu ici comme un acte guérisseur. Ce que d’autres écrivent, elle le vit. « Now, I am more of a woman than I ever was », souffle-t-elle dans le refrain, entre arpèges cinématographiques et groove sensuel. Un morceau qui danse avec l’ombre d’un amour absent, obsessionnel. Naomi Greene franchit un autre cap : écrire enfin dans cette langue qu’elle a longtemps fui en musique. Pour cela, elle s’entoure de son amie et autrice Louise Chenevière. Elle a trouvé comment faire vibrer le français autrement. Ensemble, elles ont écrit notamment Courageuse, dernier extrait de son EP, hymne doux-amer à la puissance féminine. Naomi Greene est une musicienne hybride qui joue dans les cathédrales avec Laurent Voulzy un soir, et compose des paysages électroniques le lendemain. Une fille du canal Saint-Martin qui a trouvé sa voix entre les collines californiennes et l’Europe. Le disque oscille entre récits sensoriels (Shibari Love, Serpents in the Sand), interludes instrumentaux, et des titres plus solaires. Avec Wounded Hero, elle livre un disque intime, universel, sensuel. Un disque qui parle à celles et ceux qui veulent changer, se perdre un peu pour mieux renaître. Et si la harpe y brille comme jamais, c’est pour gratter là où ça brûle, là où ça soigne. (LFC)
Wounded Hero est disponible via Greene Dream. En concert le 4 juin 2025 à Paris (Dover Street Market).
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NECTAR WOODE – LOSE
Quelques semaines après Only Happen, co-écrit et produit avec Jordan Rakei, Nectar Woode dévoile Lose, second extrait de son prochain EP It’s Like I Never Left, prévu pour le 18 juillet. Ce nouveau morceau marque une étape importante : plus affirmé, plus enraciné, mais toujours porté par sa désarmante sincérité. Co-écrit avec Øbed (Obed Otchere) et Joeyturks (Joey Godwill Turkson) du collectif ghanéen SuperJazzClub, Lose a été conçu entre Londres et Accra. Ce voyage entre deux villes, deux cultures, nourrit une musique à la fois intime et ouverte. Groove soul, touches R&B, accents jazzy : la production est soignée, et laisse pleinement s’exprimer la voix chaleureuse et posée de Nectar. Ici, elle ne parle plus de reconquête, mais de confiance retrouvée. Une assurance tranquille, énoncée avec douceur. « Don’t worry about the blues, don’t worry, don’t worry if you lose », répète-t-elle dans un refrain qui agit comme un apaisement. Le clip qui accompagne le morceau est un montage d’images amateurs de son premier séjour au Ghana, début 2025. Une collection de souvenirs bruts, capturés sur le vif, qui donne à la chanson une dimension documentaire et personnelle. Ce retour aux origines inspire tout l’univers visuel et sonore de l’EP à venir, et renforce le lien que Nectar Woode tisse entre identité, héritage et création. Avec Lose, elle prolonge le virage amorcé par Only Happen : une musique plus directe, un récit plus affirmé. Sa signature chez Since93/Epic labels de Sony ouvre un nouveau chapitre sans renier la sincérité ni la positivité qui sont au cœur de sa démarche. On l’avait pressenti : 2025 est bien l’année de la maturité musicale pour Nectar Woode. Lose en est un bel exemple – celui d’une artiste qui avance, avec calme, avec clarté.
Lose est disponible via Nectar Woode/Since936/Epic/Sony. En concert en France le 7 juillet au festival Jazz à Vienne et le 13 septembre au Hop Pop Hop à Orléans.
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DRUGDEALER FT. WEYES BLOOD – REAL THING
Après plusieurs années d’éloignement artistique, Michael Collins (l’homme derrière Drugdealer) et Natalie Mering (alias Weyes Blood) rebranchent leurs amplis émotionnels pour se retrouver sur Real Thing, un morceau folk-soul baigné de nostalgie, tout en retenue et en élégance, produit avec un soin d’orfèvre par Max Baby, qui vient d’enflammer la scène du Great Escape à Brighton. Et c’est exactement ce qu’il nous fallait à l’approche de l’été. Sur une ligne de basse souple et groovy, entrelaçant violon discret et saxophone rêveur, la voix cristalline de Mering évoque une relation suspendue entre le manque et l’espoir. Il s’agit d’une jam folk-pop luxuriante que n’aurait pas renié une Carole King, mais avec cette patine mélancolique qui appartient à Collins depuis ses débuts. Il faut dire que la magie entre eux ne date pas d’hier. De Suddenly (2016) à Honey (2019), le tandem a toujours su capter cette lumière crépusculaire propre aux amours passées, ou impossibles. Ce serait une erreur de négliger le troisième élément de cette alchimie : Max Baby. Véritable sorcier du son, le producteur injecte ici sa signature : goût des textures analogiques, finesse des arrangements organiques, le tout avec une élégance singulière. C’est dans son studio que le morceau est né. Collins précise que la chanson vient d’une démo qu’il savait parfaite pour Weyes Blood « avec qui je voulais collaborer à nouveau depuis des années. Après cela, nous avons commencé à travailler dessus lors de plusieurs allers-retours à travers les États-Unis, et c’est devenu l’une de mes choses préférées que nous ayons jamais faites ». Et ça s’entend : l’espace sonore est dense, soyeux, intemporel. Max Baby n’est pas seulement coproducteur. Il est co-auteur de ce morceau avec Collins et Mering, tissant dans l’ombre les motifs d’un passé transformé. Et c’est peut-être cela, la grande force de Real Thing : son refus de l’ironie rétro. Le clip est réalisé par Collins lui-même avec James Manson. À une époque saturée de simulacres, Real Thing porte bien son nom. C’est une chanson pour celles et ceux qui savent que l’amour est parfois plus beau quand il est imparfait. (LFC)
Real Thing est disponible via Mexican Summer.
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DEGEYTER – ONLY 4 U
Degeyter, un nom qui résonne comme une utopie défroquée. Pour les plus lettrés, c’est celui de Pierre Degeyter, ouvrier lillois et compositeur de L’Internationale. Aujourd’hui, c’est Lucas Degeyter qui l’empoigne comme une provocation, un héritage dévié. Son premier EP Bonjour Violence, dont est extrait Only 4 U, n’est pas un chant révolutionnaire à l’ancienne : c’est un cocktail Molotov électro-rock, un disque qui cogne et ricane en même temps. Batteur de formation et ex-frontman du groupe Rise People, Rise!, il a trimballé ses colères de scène en scène, avec une voix rauque et un regard frondeur qui donne envie d’écouter même quand il se moque. Avec Bonjour Violence, il quitte le collectif pour le solo où il peut enfin tout salir – et tout polir. Le résultat ? Un EP dense, inclassable, où la chanson française boxe en mode technoïde, où les synthés bastonnent et les textes sentent la poudre et l’autodérision. La démarche est frontale. Comme il le dit dans une fausse interview sortie d’un fanzine anar : « Le rock, c’est ce qu’on veut, comme on le veut : c’est un esprit. Mauvais, souvent. Moqueur, vraiment. De combattant, tout le temps ». Chanson ? Rock ? Cabaret décadent ? Il s’en fout. Ce qu’il veut, c’est que ça tape, que ça gratte et que ça bouge. Et ça fait du bien. Dans Only 4 U, les synthés dansent comme des néons sous kétamine, pendant que la rythmique fonce tête baissée. Techno Tcherno, lui, tisse des nappes froides sur une basse post-punk à la The Rapture. Et tout ça en français, avec un phrasé qui mord. Ce qui frappe dans Bonjour Violence, c’est la tension entre tragique et grotesque. Il était une fois Paris : fresque urbaine irradiée. Größer Leben, hymne dystopique d’une génération déboussolée à coups de BPM. Degeyter écrit à la serpe, mais il écrit bien. Il ironise, exagère, dégonfle le storytelling marketing de la révolte. « Nous, on EST les toxines. Et on en est fiers. » De la lucidité rageuse. Il ne veut pas qu’on l’écoute passivement sur Spotify, il veut qu’on se lève, qu’on crie, qu’on transpire. « Populaire » ne veut pas dire « simpliste ». Il le prouve. Et puis, il y a le son réalisé par Christophe Van Huffel. Propre, tendu, précis. On sent les années passées dans Mira Calls, Monica Crystal, Dronte… Même Simple Matin, qui conclut l’EP, réussit à mêler douceur pop et densité synthétique, avant une montée finale qui donne envie de remettre play. Alors, Bonjour Violence, c’est l’entrée fracassante d’un artiste qui ne cherche pas à ressembler, mais à écrire sa propre version du chaos. Pierre Degeyter aurait peut-être haussé un sourcil. Mais il aurait sans doute approuvé le feu. (LFC)
Only For U est disponible via Guillotine Marchande/P3P6. Release party à Paris (lieu secret) le 18 juin 2025.
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PI JA MA – CARNET SECRET
Dans son nouveau morceau Carnet Secret, Pi Ja Ma ouvre la porte de son univers décalé et délicatement nostalgique qu’elle cultive depuis ses débuts. À mi-chemin entre la confidence chuchotée et la pop rêveuse. Fidèle à son univers à la fois rétro et contemporain, l’artiste dessine les contours d’un besoin d’isolement doux, de repli poétique, comme une envie de silence dans un monde trop bruyant. Entre les lignes, on sent les influences qui l’habitent : un peu de sixties, un soupçon de 90s, et des zestes de Jeanette, Clairo, Gillian Hills ou Sinead O’Connor. La prod., minimaliste et efficace, laisse respirer les mots, comme si chaque phrase avait été soigneusement découpée dans les pages d’un véritable journal intime. Dans la lyrics video le titre prend une autre ampleur émotionnelle : crayonnés naïfs, collages façon scrap-booking, cœurs griffonnés et animations artisanales nous plongent dans une esthétique enfantine à la fois innocente et touchante. On est littéralement dans le carnet secret de Pi Ja Ma, où chaque note et chaque visuel semblent sortis d’une bulle suspendue dans le temps. Un morceau qui fait l’effet d’une pause, comme un week-end passé sous la couette avec ses vinyles, ses livres et ses pensées. Sensible, tendre, personnel. (EL)
Carnet Secret est disponible via Papa Luna Productions/Modulor.
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BAMBY & KERCHAK – PAS JALOUSE
Bamby ne cesse de monter en puissance. La superstar guyanaise du dancehall a frappé fort avec Muse, son tout premier album sorti en mars 2025, et continue d’enchaîner les collaborations percutantes. Après le titre Gangsta avec Himra, elle revient plus audacieuse que jamais aux côtés de Kerchak, figure de proue de la jersey drill hexagonale, pour le single Pas Jalouse. Le morceau, dévoilé le 23 mai, fusionne les sonorités caribéennes et les codes urbains dans une alchimie inattendue mais parfaitement maîtrisée. Bamby y impose sa voix, sensuelle et tranchante, tandis que Kerchak injecte son intensité et son flow nerveux. Résultat : un banger à la croisée des genres, qui frappe fort et ne laisse personne indifférent. Le clip, visuellement léché, respire la confiance et l’indépendance. On y retrouve une Bamby solaire, assurée, en totale maîtrise de son art, et un Kerchak électrique, qui ne se contente pas de faire de la figuration. Pas Jalouse, c’est plus qu’un duo : c’est un choc esthétique et sonore qui bouscule les lignes entre dancehall, rap et drill, et qui ouvre un nouveau chapitre audacieux pour les deux artistes. Dans la lignée de ses autres titres phares comme Don Dada, Guyane ou encore Chic avec Maureen – nominé aux Flammes 2025 – Bamby prouve qu’elle est bien plus qu’une voix : une vision, un style, une force. (SK)
Pas Jalouse est disponible via Carthage/ Universal Music/ Muse&Music.
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GREEN DAY – ONE EYED BASTARD
La version Deluxe de Saviors est sortie le 23 mai avec un clip du quatrième single One Eyed Batard. C’est le quatorzième album du légendaire groupe Green Day. Entre problématiques sociales, angoisse, humour, rage et introspection Saviors est un voyage au sein d’une anarchie d’émotions. Green Day maintient sa fougue tout en manifestant la fragilité de l’expérience humaine. En plus du style signature punk rock, l’album empreinte des sonorités garage punk et indie. Produite par Rob Cavallo, One Eyed Bastard est un cri de rébellion face à la politique américaine. Avec ses couleurs ternes et les mouvements brusques de caméra, le clip réalisé par Ryan Baxley, fonctionne comme un témoin de cette violence. La chanson s’est formée à partir d’une impro similaire à « un riff de Black Sabbath », atteste Bille Joe Armstrong. Il définit One Eyed Bastard comme un « exutoire » ; elle reflète le désarroi causé par les mauvais moments de la vie. (MTL)
One Eyed Bastard est disponible via Lookout Records.
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