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La sélection Modzik pour sonoriser ce weekend.
HOLYBRUNE – DO ME A FAVOR
Holybrune s’impose comme une des voix de la scène soul française actuelle. Avec une voix enveloppante, elle fusionne avec subtilité les influences du groove rétro et de la sensualité contemporaine, un mélange qui fait d’elle une figure incontournable dans son genre. Son parcours musical, plutôt inattendu après un master en marketing, commence véritablement en 2014 avec sa collaboration avec le producteur Dabeull sur Fonk Delight. Ce projet, plus orienté funk, marque ses premiers pas dans l’univers musical avant qu’elle ne développe son propre univers, flirtant avec la chanson française et la musique soul (Nuit Noire en 2016). C’est en 2021 que son EP Joyride la propulse dans une nouvelle dimension, récoltant plus de 10 millions d’écoutes et affirmant son style retro-chic marqué par des sonorités des années 80 et du R&B. Aujourd’hui, Fair Game et Do Me a Favor, coécrits avec le talentueux pianiste, organiste Fred Dupont trouvent leur force dans l’alchimie entre synthés analogiques, lignes de basse funky et une production ciselée. Son style s’affine : le groove est sophistiqué, la sensualité omniprésente. Dans cette nouvelle ère musicale, Holybrune se transforme en diva. Elle s’inscrit ainsi dans la lignée des divas modernes, à la fois intimes et insolentes, capable de jouer tous les rôles. Derrière le glamour se cache une écriture qui puise dans les émotions autant que dans la performance. C’est sans doute cette alchimie qui rend ses morceaux aussi bons.
Do Me a Favor et Fair Game sont disponibles via Feelings For You/DEMAIN [PIAS].
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WAMEN – JARDIN
Avec Jardin, Wamen propose un morceau subtil. Loin des sentiers battus, ce titre se situe à l’intersection de la soul, du R&B et de la chanson française, porté par une voix intense qui fait écho à son parcours singulier. Le sujet ? Aimer sans chercher à effacer les souvenirs et l’histoire amoureuse de l’autre. Un propos délicat, traité par une interprétation viscérale et émotive. Derrière ce titre, il y a Céline Courtes. Un parcours qui sent la marge et la liberté : née au Cameroun, passée par le Cours Florent après avoir claqué la porte de Sciences Po. Une trajectoire cabossée, forgée par les blessures – le harcèlement, le racisme, la solitude – mais jamais figée. Elle a tout testé, tout digéré, tout recomposé pour livrer une musique hybride. Dans Jardin, comme dans ses précédents morceaux, Wamen s’attarde sur la force des mots, leur articulation, leur impact. Chaque chanson devient une fenêtre ouverte sur son univers personnel. En attendant la sortie de son premier EP, prévu pour mai, Wamen est là sans forcer, fragile mais affirmée.
Jardin est disponible via M&C.
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PABLO – LA FIN
Né dans une famille de cinéphiles, avec un père documentariste, Pablo a grandi entre musique et cinéma. Repéré dès l’adolescence, il s’impose comme acteur en décrochant un premier rôle dans Tropic (Édouard Salier, 2023), avant de tourner plusieurs projets en 2024 et 2025, dont la série Malditos (HBO). Mais c’est dans la chanson qu’il touche à quelque chose de plus intime : « Le cinéma est venu à moi, mais la musique, c’est mon rêve de gosse », confie-t-il. La fin est le troisième extrait de son premier EP, à paraître le 23 mai 2025. Composé avec le jeune producteur IVY et le musicien autodidacte Nathan Pinel, l’EP mêle variété française, sonorités latines et influences rock des années 2000. Pablo s’y raconte sans filtre, avec une sincérité marquée et l’envie de poser un regard plus tendre sur ses débuts de vingtaine. Cette introspection, essentielle pour lui en tant qu’interprète, irrigue chaque titre d’une douceur nouvelle. À travers ces cinq morceaux, Pablo Cobo propose un regard à la fois lucide et apaisé sur le passage à l’âge adulte, porté par une voix juste, des mélodies accrocheuses et une vraie identité. Un artiste à la croisée des arts, qui prend le temps de se raconter, avant de – peut-être – écrire aussi son propre film.
La fin est disponible via BLZ Inc. En concert à Paris (Boule Noire) le 26 mai 2025.
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JAURES – CARDAMOME
Révélé en 2021, Jaures, jeune rappeur de 23 ans, originaire de Bondy, a commencé sa carrière au sein du groupe de Bondy Nord : STT, ne cesse de tisser des ponts entre récits personnels, mélodies mélancoliques et l’introspection du quotidien. Après une performance électrisante au Pop-Up du Label le 26 février — marquée par le cameo émouvant de son petit frère sur scène — il poursuit sa trajectoire intime avec le clip de Cardamome, extrait de son EP Sakara sorti le 6 mars. Plan serré, regard caméra : Cardamome nous plonge d’emblée dans une intimité douce avec une prod. signée Amaz qui s’installe lentement. Minimaliste, le morceau repose sur une instrumentale hypnotique, en harmonie avec sa voix. Cette cohérence entre image, texte et son est la signature de Sakara, projet court mais habité.
Cardamome est disponible via Aura Music.
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YEULE – EVANGELIC GIRL IS A GUN
Née à Singapour, Nat Ćmiel, alias Yeule, se fait remarquer dès 14 ans en autoproduisant ses premières chansons. Influencée par le jazz, le rock alternatif et les bandes-son de Final Fantasy, elle développe un style hybride mêlant ambient, glitch et pop expérimentale. Son premier album Serotonin II (2019) la propulse comme figure de la scène underground, suivie par le pionnier Glitch Princess (2022) et l’acclamé Softscars (2023). Son album à venir Evangelic Girl is a Gun (sortie le 30 mai 2025) marque un virage vers des sonorités trip-hop et gothiques des années 90, avec des collaborations marquantes. Son premier single Skullcrusher est produit avec Clams Casino, offrant un son rageur aux vocaux bruts, une réponse à l’ère de l’IA. D’autres productions sont signées par des artistes iconiques comme A. G. Cook, Mura Masa ou FITNESSS. Le single-titre Evangelic Girl is a Gun s’accompagne d’un clip aux allures dystopiques et cyborgiennes, non sans rappeler l’esthétique du film Fallen Angels (Wong Kar Wai, 1995) et sa colorimétrie froide ou le knightcore éthéré de Grimes dans Player of Games.
Evangelic Girl is a Gun est disponible via Ninja Tune. Yeule se produira au Trabendo le 11 juillet 2025. Billetterie ici.
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HAUSMANE – MILES AWAY
Hausmane, artiste franco-libanais, a forgé son identité musicale en naviguant entre électro et acoustique, entre cultures et influences. Ancien membre du groupe FORM, un collectif à la frontière de l’indie électronique, il a su créer un son où les textures organiques se mêlent à des éléments électroniques, alliant délicatesse et énergie brute. Le groupe s’est imposé dans la scène alternative, mais c’est dans l’intime que Hausmane trouve sa véritable force. En résidence au Musée Sauvage depuis 2019, il dirige une programmation musicale qui reflète son besoin constant d’expérimentation et de liberté créative. C’est avec son projet solo qu’il dévoile une facette plus personnelle, un espace où l’émotion et l’introspection se rencontrent. Miles Away, premier extrait de son EP à venir, plonge dans l’intensité d’un amour tumultueux, une relation que l’on embrasse malgré la souffrance inévitable. Le morceau mêle habilement sonorités organiques et électriques, tout en restant fidèle à la signature musicale de Hausmane : fragile et puissante à la fois. À travers ce titre, il touche une corde sensible, dévoilant une facette plus profonde et universelle de son univers. Une belle promesse pour la suite de son projet solo.
Miles Away est disponible via Nowadays Records. En concert le 15 mai 2025 à Paris (New Morning) et le 27 mai 2025 (Studio Ferber).
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BLACK SHERIF – REBEL MUSIC
Avec Iron Boy, Black Sherif livre un second album personnel, reflet de son parcours. Né à Konongo-Zongo, une petite ville minière du Ghana, Mohammed Ismail Sherif a grandi entre différents foyers familiaux, marqué par l’absence de ses parents partis travailler à l’étranger. Très jeune, il découvre l’inconfort du déracinement, une errance émotionnelle qu’il transformera en matière musicale. Après avoir percé en 2021 avec First Sermon, puis avec Kwaku the Traveller en 2022 – un titre qui l’a projeté en tête des classements africains –, Sherif n’a cessé d’affirmer une identité singulière, à la croisée du rap, du highlife ghanéen et d’une drill introspective. The Villain I Never Was, son premier album, racontait la lutte, la solitude et la pression. Avec Iron Boy, il revient plus apaisé, mais toujours animé d’une urgence viscérale. Le projet, produit par Joker Nharnah et Lekaa Beats, explore les thèmes de la victoire intérieure, de la liberté émotionnelle et de la reconnaissance de soi. À travers 15 titres, il tisse des récits de résilience, de pardon, d’amour et de dépassement. Son flow se nuance d’un chant plus présent, révélant une sensibilité nouvelle. Rebel Music en est un bel exemple : entre énergie brute et texte cinématographique. À 23 ans, Black Sherif est un conteur d’émotions, enraciné dans son histoire, tourné vers le monde. De Konongo aux grandes scènes internationales, il incarne la voix d’une génération qui refuse de choisir entre douleur et espoir.
Rebel Music est disponible via Blacko Management/EMPIRE. En concert à Paris (Cabaret Sauvage) le 16 mai 2025.
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JIM LEGXACY – STICK
De Lewisham, dans le sud-est de Londres, Jim Legxacy a su se démarquer par son approche expérimentale. Il nous invite à suivre la vague montante de la #BlackBritishMusic, tout en ouvrant la voie à une évolution subtile mais marquante des genres : pop, trap, house, garage, et bien plus. Une trajectoire qu’il a déjà amorcée en 2023 avec son album homeless n**gga pop music. Stick nous plonge dans un décor classique – commerces du coin, stupéfiants floutés – un contraste saisissant avec l’esprit gospel de la prod., et c’est précisément ce genre de paradoxe que Jim Legxacy maîtrise avec brio. Comme à son habitude, il refuse toute catégorisation. Le morceau fusionne des influences disparates : des airs de soul, des touches de trap, et une structure électronique subtilement décalée. Cette hybridité sonore trouve un écho visuel dans la présence iconique du BlackBerry — un élément récurrent dans ses projets, qui incarne à la fois un retour nostalgique aux années passées et une touche résolument avant-gardiste.
Stick est disponible via XL Recordings Ltd.
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JANE REMOVER – ANGELS IN CAMO
Née en 2003 dans le New Jersey, Jane Remover se fait d’abord connaître sur SoundCloud en 2019 sous le pseudonyme Dltzk. Considérée comme pionnière du microgenre dariacore, c’est avec Frailty (2021), premier album hyperpop émo numérique, qu’elle explose auprès d’une génération en quête de catharsis. Figure montante de la scène underground américaine, elle fait son retour avec Revengeseekerz, son nouvel album sorti le 4 avril 2025. Fidèle à son style expérimental, elle y mélange digital hardcore, électro et hip-hop dans une production explosive et sans concessions. Parmi ses collaborations marquantes, on retient le featuring avec Danny Brown sur Psychoboost, où son flow déjanté épouse l’électroclash furieux de Jane Remover, ou encore la touche pop-punk de Lucy Bedroque sur TURN UP OR DIE. Son dernier single angels in camo s’impose comme un moment fort. La production immersive aux sonorités avant-gardistes et le clip réalisé par la chanteuse elle-même se mêlent pour créer une œuvre visuelle et sonore complète, aussi émouvante que viscérale.
angels in camo est disponible via deadAir.
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LAUFEY – SILVER LINING
Dans Silver Lining, Laufey continue d’explorer cette mélancolie douce qui fait la signature de sa musique. « Silver Lining est une chanson d’amour qui parle de la possibilité de libérer sa vraie personnalité lorsqu’on tombe amoureux. L’enfant qui est en vous ressort et la luxure vous enhardit. Même si cela vous mène en enfer, au moins vous êtes avec votre partenaire. » déclare t-elle. Le morceau se déroule comme une scène de film, dans un bal masqué presque irréel, où la chanteuse semble en décalage avec le tumulte qui l’entoure. Elle s’éloigne peu à peu, jusqu’à un moment simple et intime : un partage discret, une glace à deux, et la tendresse d’un amour retrouvé, sans éclat mais avec sincérité. Porté par un jazz léger et des arrangements soignés, ce titre met en valeur le style raffiné de l’artiste, dont les origines islandaises et chinoises nourrissent une identité musicale unique. Silver Lining préface un nouvel album prévu dans l’année. Avec des millions d’auditeurs à travers le monde, Laufey s’impose comme une figure forte d’un romantisme contemporain, capable de toucher profondément en toute simplicité.
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