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Gus Englehorn n’était pas destiné à devenir artiste. Son truc à lui, c’était le skate et le snowboard qu’il a commencé à l’âge de 8 ans. Devenu pro à 19 ans, il a sillonné le monde, une enfance nomade marquée par les voyages de ses parents. Tout d’abord, dans un hameau en Alaska, puis à Hawaï sur un champ de lave. Montréalais de naissance, c’est à l’occasion d’un arrêt à Salt Lake City, à bord de sa Volkswagen Westfalia aménagée, qu’il croise la route d’Esté Preda, réalisatrice de film sur le snowboard et batteuse, et c’est le coup de foudre.
La musique fait alors irruption dans sa vie, et de cette union naît en 2020 Death & Transfiguration, son premier album. Ensemble, ils forment un duo créatif où la musique de Gus, aussi foutraque et excentrique que sa vie, prend forme. Esté produit avec lui et réalise les vidéos. « J’ai lancé mon premier album sur Internet et mes amis snowboardeurs étaient là, « Cool !« », admet-il. « J’essayais de faire un enregistrement vraiment hi-fi et soigné », ajoute-t-il. « C’est ce que je voulais, car beaucoup de gens font des trucs dans leur chambre ».
Pour Dungeon Master, leur deuxième fait d’armes discographique, ils s’isolent, loin de la ville, dans la cabane des parents de sa femme à la campagne, à 45 mn de Québec. « Vous vous réveillez et vous savez que chaque jour sera exactement le même. C’est vraiment exaspérant, mais je pense aussi que vous pouvez atteindre un niveau de concentration assez élevé dans ces environnements ». Les dix titres seront enregistrés dans le studio au sous-sol d’un ami.

Changement de cap avec son troisième album à venir, The Hornbook, Gus a fait appel à Mark Lawson (Arcade Fire, Timber Timbre) pour coproduire et enregistrer le disque et à Paul Leary (Butthole Surfers) pour le mixage, en plus de travailler avec Esté. « Quand je commence à écrire un disque, je n’ai jamais de concept en tête, mais maintenant que je l’ai fait trois fois, il semble qu’à chaque fois un concept surgisse. Et cette fois, après quatre ou cinq chansons, j’ai commencé à réaliser qu’elles étaient toutes des histoires courtes. Et j’ai commencé à imaginer l’ensemble comme s’il s’agissait d’un livre pour enfants : The Hornbook. » Le Hornbook était un abécédaire anglais du 15e siècle qui permettait d’enseigner, prenant la forme d’une tablette de bois où étaient gravés l’alphabet, les chiffres et souvent un verset de la Bible. Cela « servait également d’arme que les enfants utilisaient lors des batailles, en se la cassant sur la tête, j’imagine, ce qui a finalement conduit à son abandon », explique Englehorn.
À propos de Thyme « Cette chanson parle de quelqu’un qui voyage dans le temps jusqu’à la foire de Scarborough », explique Gus. « Une chanson sur la nostalgie du passé. J’ai toujours rêvé de vivre à l’époque médiévale et la foire de Scarborough est au premier rang de la liste d’endroits où je voyagerais dans le temps si j’en avais l’occasion. C’est la première fois que j’intègre la poésie de quelqu’un d’autre dans mon écriture. Le sentiment de collaborer avec un poète inconnu qui a vécu il y a 400 ans a été une expérience merveilleuse et mystique. »
The Hornbook est un concentré de l’histoire du rock’n’roll du 20e siècle. On peut y retrouver des réminiscences des classiques des années 1950, du rock garage des années 1960, le glam des années 1970, le rock indie des années 1980 et le lo-fi des années 1990. Lo-fi, qui était la marque de fabrique de son premier album, à l’instar d’un Daniel Johnston qu’il considère d’ailleurs comme son héros.
Chacun des neuf titres semble un jeu d’enfant qui se métamorphose sans cesse. Pour Gus, c’est là que réside toute la magie.
The Hornbook disponible le 31 janvier 2025 via Secret City Records.
Texte Lionel-Fabrice Chassaing