Rock en Seine, 21ème édition du nom, nous aura offert un feu d’artifice de concerts. Derrière ou plutôt avant les têtes d’affiches, c’est bien la diversité des talents et des esthétiques qui prévalent. Rock en Seine continue de se positionner en tant que prescripteur avec la programmation d’artistes.
Peut-être faisiez-vous même partie des 182 000 festivaliers qui ont applaudi Lana Del Rey, Måneskin ou Fred Again. Saviez-vous que pas moins de 92 concerts se sont enchaînés en cinq jours dans le cadre exceptionnel du Domaine de Saint-Cloud ? À Modzik, nous avons vécu ces cinq jours avec intensité, parcourant fiévreusement le festival, baskets ou Doc Martens aux pieds. Chaque jour, notre équipe arpentait 14 kilomètres entre les différentes scènes. Alors, que retenir de cette édition mémorable ?
On se souviendra de la ruée dès 15 heures le mercredi, quand les détenteurs des « primary tickets » se sont précipités pour être aux premiers rangs, fans qui avaient même campé devant les portes du Domaine de Saint Cloud et qui n’ont pas quitté la grande scène jusqu’à l’arrivée 30 minutes en retard de leur star. Lana Del Rey livrera un show nonchalant dans un écrin de jardin d’Eden, entourée de pas moins de dix danseuses. L’émotion brulante de Damiano David et sa bande de Måneskin pour le dernier show de leur tournée démarrée en 2022, la joie communicative des habitués du Domaine de Saint Cloud Jungle, la prestation envoûtante des Kate Bushiennes The Last Dinner Party, l’énergie débridée de Frank Carter & The Rattlesnakes avec son « circle pit » endiablé, la fièvre radicale et contagieuse des The Psychotic Monks, l’upercut émotionnel d’Elmiene, la chorale inclusive de Thomas De Pourquery, l’élégante énergie pop de Please, l’incroyable maturité scénique d’Astéréotypie, le retour tout en énergie des pappys The Offspring, le set captivant et toujours politique de Massive Attack, l’électro déjantée de Róisín Murphy, le show tout en tension des Belges Ghinzu, l’apothéose avec LCD Soundsystem.
Mais Rock en Seine ne se limite pas aux seules grandes scènes, de petites pépites étaient programmées sur les scènes Firestone et de la Région Ile de France, qui avait cette année mis les petits plats dans les grands avec une vraie scène. Il y eut aussi le charme désarmant de Nell Mescal, l’aura captivante de Yoa qui a tenu le public en haleine juste avant que l’interprète de Summertime Sadness, redevenue blonde, entre en scène, l’électro-pop singulière de Past Life Romeo, les harmonies indie de Soft Launch, le set tout en vibrations du collectif canadien New West, la fraicheur subtile de Joe La Panic, la touchante Geagea et l’intériorité de Nina Versyp.
Et puis, il y avait tous ces visages venus des quatre coins de l’Europe, voire des États-Unis, réunis dans la joie de partager la musique live, la bienveillance des équipes de Rock en Seine et l’adorable empathie feel good d’Ephélide (Nathalie, Catherine, Marion, Clara, Hélène).
Alors que près de la moitié des festivals peinent à atteindre leur seuil de rentabilité, Rock en Seine peut se vanter d’un taux de remplissage de près de 85%, avec un record de fréquentation de prés de 36 500 festivaliers par jour, sur une durée inédite de cinq jours, malgré l’inflation des prix des billets. Une programmation qui continue d’avancer tout en restant fidèle à l’ADN du festival, créé il y a 21 ans. « Construire une programmation qui soit fidèle à l’héritage du festival. Rassurer notre public historique, lui montrer qu’on va dans la bonne direction et aller chercher des artistes qui nous permettent de faire venir un public qui ne nous connaît pas bien, qui n’est jamais venu », a déclaré Matthieu Ducos, son directeur.
Rock en Seine est également le rendez-vous de la rentrée pour les professionnels de la musique et les artistes. Dans les allées du Domaine de Saint-Cloud, on a pu croiser Malik Djoudi, Bilal Hassani, November Ultra, Santa, Morgane Imbeaud, Benoît Poher (Kyo), Blond, Albert Newton, Thomas Joly… venus partager eux aussi ces moments suspendus que seule la musique peut offrir.
Cette 21ème édition aura marqué l’histoire du festival, attirant un public éclectique, des jeunes aux retraités. Espérons que la 22ème édition sera tout aussi mémorable.
À venir nos entretiens avec Nell Mescal, Soft Launch, New West, Please, Elmiene, Entropie, Nina Versyp et Geagea.
Texte Lionel-Fabrice Chassaing
Image de couverture Louis Comar