Échappée de la scène indie-folk dans laquelle elle officiait depuis une dizaine d’années, la canadienne Basia Bulat a signé le 12 février dernier son 4ème album solo « Good Advice », le premier dans un registre plus pop qui lui ouvre alors les portes du marché européen. Après l’avoir longuement questionné sur ce changement de direction, on a décidé de lui payer une petite visite lors de son passage à Paris le mois dernier pour lui demander comment se passait sa tournée.

Ton 4e album « Good Advice » est sorti en février dernier, comment est-ce que le public l’a accueilli ?

Le public est incroyable. Venant du monde de la folk, j’avais un peu peur. Mes albums précédents étaient tous beaucoup plus acoustiques alors que celui-là, c’est véritablement un projet « studio ». C’est la première fois que je fais quelque chose comme ça. Il y a toujours le risque de perdre une partie de tes fans quand tu opères un grand changement. Mais heureusement pour moi, les gens qui m’aimaient avant sont encore là, et il y en a plein qui ne me connaissaient pas qui m’ont découverte avec « Good Advice ». C’est super cool.

Comment se passe ta tournée ? Tu joues quasiment tout les jours dans une ville différente, juste pour la tournée européenne, tu enchaînes 22 dates en un mois. C’est quoi ton secret pour tenir le coup ?

Beaucoup de café ! (rires) Non, le vrai secret, c’est de bien s’entourer, d’être avec des amis, découvrir des endroits différents tous les jours. Et surtout, dormir ! C’est super important. J’adore cette vie parce que je l’ai choisie. Ça reste difficile physiquement, surtout qu’en Europe, je fais des petites salles et je passe mon temps sur la route, mais chaque minute vaut le coup. Les gens sont géniaux, les concerts se passent bien, on voit plein de choses, regarde, on est à Paris là ! Je n’ai qu’à traverser la rue pour avoir un « petit-pain au lait » (en français). Rien que ça c’est cool.

(rires) C’est un peu cliché ça non ?

Je m’en fiche, j’adooore ! Peut-être que pour vous ça l’est, mais pour moi c’est juste génial.

basia
Basia porte une paire de lunette CHLOE

Quelle a été ton concert préféré pour l’instant ?

Oh, c’est une question difficile ! Ils sont tous très différents et c’est ce que j’aime. Tu ne sais jamais comment ça va être. Bien sûr, tu sais ce que tu vas jouer, mais tu ne sais jamais à l’avance comment le public va être. Parfois, tu essayes d’anticiper un peu parce que les gens dans tel ou tel pays sont sensés être plus timides ou au contraire plus énervés, mais au final tu as toujours des surprises.

Par exemple à Zurich, on m’avait dit que le public allait être plutôt calme, quand on est arrivé tout le monde dansait, chantait et faisait la fête. C’était fou ! Je n’avais jamais joué là et c’était très surprenant, certainement l’un de mes shows favoris. Je pense que mes concerts préférés sont ceux où tous les âges peuvent venir, parfois il y a des restrictions à cause de la vente d’alcool. Pour en revenir à Zurich, il y avait beaucoup de jeunes filles de 13-14 ans, surtout qu’avec cet album orienté pop, les adolescents s’y retrouvent facilement. Il y en a quelques-uns qui m’écrivent sur instagram ou twitter, j’adore pouvoir apporter ce genre d’énergie positive.

D’ailleurs, tu as déjà commencé à travailler sur de nouveaux morceaux ?

Oui j’ai des nouveaux titres. C’est dur à dire pour le moment mais ça commence à ressembler à un album. Je n’ai pas trop envie de les caser dans une boite, mais je sens qu’on arrive à quelque chose.

Comme tu le sais peut-être, Modzik est un magazine de mode et de musique. La mode, c’est quelque chose qui te parle ?

Oui et de plus en plus ces derniers temps. Ma grand-mère était une femme très glamour, elle avait une robe tous les week-ends parce qu’elle pouvait faire des choses très belles d’elle-même. C’est intéressant parce que je n’ai réalisé que très récemment que je faisais attention à la mode. Par exemple quand je faisais de la folk, c’était important de ne pas porter de maquillage sur scène ou de porter quelque chose de discret pour que les gens se concentrent sur mes paroles. Et maintenant, la pochette de mon album est assez glam, je porte du rouge à lèvre parce que je veux que les mots qui sortent de ma bouche soient plus puissants, ou en tout cas que je me sente plus forte. C’est vrai que j’y pense beaucoup plus qu’avant. Je travaille avec une designer que j’admire beaucoup, qui a travaillé sur la pochette de mon album et sur mes costumes, elle s’appelle Renata Morales. C’est l’une des personnes les plus douées que j’ai jamais rencontrées, elle est à la fois peintre, artiste, designer et génie ! (rires) Elle fait également les costumes d’Arcade Fire. J’ai beaucoup appris esthétiquement à ses côtés, elle m’a beaucoup inspirée. L’album parle de grands changements, de transformations, de cœurs brisés mais aussi de la manière dont ça peut te transcender. Musicalement aussi, ça a été une grande transformation et elle m’a aidé à retranscrire tout ça de manière visuelle sur la pochette et avec les costumes.

C’est drôle, l’autre jour, je devais performer et j’avais oublié ma cape en backstage, je me sentais presque comme si ce n’était plus moi même, j’en avais besoin. C’est de cette manière que j’appréhende la mode. Après bien sûr il m’arrive de checker les blogs ou les dernières collections, il y a pas mal de choses que j’adore, en couture notamment avec la théâtralité des shows, mais j’aime aussi les trucs vintages. Je marche beaucoup à l’instinct en fait, et de plus en plus j’apprends à faire confiance à mes intuitions

Tu portes toujours des tenues différentes sur scène ?

Pour être honnête, j’adorerais porter mes costumes toute la journée (rires). Mais je suis tellement maladroite que je les ruinerais probablement en une journée.

Comment définirais-tu ton style ?

Ça change tout le temps. Je suis tout le temps en train d’évoluer et mon style avec. C’est dur à définir, je pense que je suis à la recherche de quelque chose qui évoque à la fois le passé et le futur, on peut dire ça comme ça.

www.basiabulat.com

Photos : Marion Trumier