Du 4 au 8 décembre, Rennes se métamorphose en hot spot des mélodies de demain. Avant même la nuit tombée, les 80 artistes des Trans Musicales et les 96 artistes de son off, les Bars en Trans, vont électriser la ville jusqu’au petit lever du jour.
Bien loin des préparatifs de Noël à tout va, du côté de celle que l’on appelle la capitale des punks à chien, l’effervescence est musicale. Le rendez-vous est fixé depuis 1979, alors pas question de faire l’impasse, pour cette 46e édition des Trans Musicales, à vos marques, prêts, dansez !
Les Trans Musicales, c’est quoi ?
Pendant bientôt 50 ans, sur les planches du Théâtre Le Liberté, de L’Air Libre, de l’UBU et plus récemment du Parc Expo défilèrent en avant-première bien des artistes qui firent vibrer les dernières décennies. En vrac, Justice, Massive Attack, Lenny Kravitz, Björk, Daft Punk, Stromae, Nirvana, DJ Mehdi, la liste est longue… L’une des dernières en date : Zaho de Sagazan. Un doux mélange d’avant-gardisme bien flairé, savamment orchestré par Jean-Louis Brossard, visage des Trans Musicales depuis sa fondation.
L’année dernière avant l’ouverture de la 45e édition qui a propulsé le franco-camerounais Yamê, il confiait à la rédaction : « Chacun a son histoire des Trans. Ce n’est pas juste, Portishead, Daft Punk ou Nirvana. Les gens vont me parler aussi de plein d’autres groupes qui ne sont pas passés à la postérité, mais qui ont été un moment important de leur vie. On n’est pas là pour faire que de la révélation, on est là pour voir des groupes au moment où ils font la musique la plus excitante, à leur début, avec toute leur énergie ».
Cette année encore, donc, plusieurs artistes seront sous les spotlights pour faire vivre un moment unique aux festivalier.e.s, postérité ou non. Voici une sélection non exhaustive de celles et ceux qui ont réveillé le Modzik-dar.
Côté international, la programmation est riche et plurielle avec des artistes de plus de 40 origines et cultures différentes.
Du continent asiatique performeront à l’UBU la mongole aux accents jazz Enji ainsi que la libanaise Mayssa Jallad qui conceptualise architecture et musique. Le chinois Howie Lee dont le dernier album a été façonné autour d’enregistrements de chants diphoniques de moines tibétains sera quant à lui au Parc Expo. Plusieurs artistes d’Afrique du Sud vont également fouler la scène du Parc Expo, dont le trio Internet Girl et le rappeur Loyiso qui pose, à distance, ses textes en anglais et en dialecte xhosa sur les beats de deux producteurs français.
Des talents des quatre coins de l’Europe seront également présents. L’italienne Daniela Pes et l’espagnole Verde Prato susurreront leurs accents méditerranéens, tandis qu’aux pôles opposés du continent, les Finlandais Us seront aux manettes d’un revival Rock et le Bulgare Ivo Dimchev paradera, au rythme de ses irrévérences burlesques.
La cuvée d’outre-manche sera quant à elle bien garnie de bands en tout genre : les musiciennes anglo-autrichiennes Friedberg, les gallois Melin Melyn, les londoniens Voka Gentle de retour après une première performance enflammée l’année précédente, et puis, le sextet Home Counties, sans oublier Yannis & the Yaw, projet du batteur nigérien Tony Allen, décédé en 2020 et du chanteur du groupe britannique, Foals, le grec Yannis Philippakis. Enfin, pour une ambiance explosive, les festivalier.e.s pourront se tourner vers les Amériques avec la vénézuélo-péruvienne MJ Nebreda et les cool-kids new-yorkais Fcukers.
Dans un festival breton, la francophonie n’est pas en reste.
Il y a celles et ceux qui ont intégré une tonalité française à leur notes internationales comme l’anglaise Kat White, le groupe breton Mansion’s Cellar ou le nouveau projet de l’artiste franco-irano-égyptienne Kukii, anciennement connue sous le pseudo de Lafawndah.
Chaque édition, les Trans accompagnent un projet dans leur création. Cette année, c’est le duo belge Candeur Cyclone qui a bénéficié de la résidence au Théâtre L’Air Libre, leur première partie sera assurée par la franco-brésilienne Gildaa.
Pour les textes léchés, direction Le Liberté avec la franco-coréenne Miki et le lyonnais Liv Oddman. Les phrasés sont hybridés dans une autre collaboration réussie avec le duo électro rap Kaba & Hyas qui mélange la poésie du grenoblois Kaba aux accords house du DJ lyonnais Hyas, Hall 5. Sur cette même scène, une partie du son électro made in France y vibrera, notamment avec la toulousaine Delaurentis et son projet inédit autour de la synesthésie, ou Selime Sivade, déjà habitué des Trans où il avait performé avec son ancien duo Villanova.
Et les Bars en Trans alors ?
En réplique à l’affluence grandissante de l’un des tout premier festival à la formule hivernale, il a fleuri dans le sillage des Trans un événement off dont la programmation s’est davantage orientée francophone. Depuis 1994, les Bars en Trans élargissent le line-up rennais, avec de jeunes artistes indies, aujourd’hui bien connus sous les noms d’Eddy de Pretto, Jeanne Added, Angèle. Du 5 au 7 décembre, la petite musique de cette 28e édition nimbera 13 lieux devenus emblématiques comme la Salle de la cité, le théâtre de la Parcheminerie, le Penny Lane Club… Cette année, parmi les presque 100 artistes émergents aux propositions variées, il y aura notamment le phrasé langoureux d’Andéol, la trance mélancolique de Liv del Estal, le romantique 2.0 Tao Mon Amour, la touchante Geagea, la pop élégante de Please, l’acid pop de Dog Food, l’indie rock des Grand Eugène, la pop-folk onirique de Nina Versyp, la zic typiquement 90’s de Schøøl, l’hybridation musicale d’Arthur Fu Bandini, la figure montante de la scène R&B et pop Oscar Emch, la pop-punk-hyperpop Théa, ou l’incroyable énergie rock du producteur Max Baby.
Si les rencontres des Trans Musicales sont souvent celles que l’on concerte comme une boule de cristal pour deviner la couleur à venir, après presque 50 ans d’existence, elles sont devenues un marqueur dans la temporalité d’hier. Le site des Trans en est un témoin, qui archive les affiches et les programmations de toutes les éditions passées. En comic sans ms et textes pixelisés effet 3D métallique, en voici un extrait avec la programmation des Trans 1996, année où l’association 3 p’tit tour a officiellement chapeauté les Bars en Trans. À l’affiche, deux groupes émergents qui commençaient tout juste à faire parler: Mass Hysteria et Daft Punk.
Retrouvez la programmation complète des Bars en Trans et des Trans Musicales.
Texte Louise Pham Van
Couverture Nico M