La sélection Modzik pour sonoriser ce weekend.

 

 

THE ACID – BREED

«Depuis Liminal, nous nous sommes rencontrés tous les deux ans sous le ciel de Mojave, dans le studio d’Adam au milieu d’anciens rochers. On a l’impression que c’est le bon moment pour laisser ces morceaux respirer au-delà du désert. » Après dix ans d’absence, le trio formé du DJ et producteur britannique Adam Freeland, du compositeur et professeur californien Steve Nalepa, et de l’artiste folk australien RY X, basé à Los Angeles, revient avec Breed. Ce morceau de près de six minutes poursuit l’exploration sonore commencée avec Liminal, leur premier album de 2014, mais aussi avec la bande-son du film The Bomb (2017), qui plonge dans l’univers glaçant des armes nucléaires. « Le sujet de ce film est très important pour nous, c’est une histoire qui doit être racontée à une génération qui a besoin de l’entendre », explique Adam Freeland. Breed est dans la lignée de cette quête musicale, où une mélancolie subtile, presque éthérée, semble planer en permanence. Pourtant, à travers cette atmosphère grave, il se dégage aussi une belle simplicité, une forme de lumière fragile, portée par le chant envoûtant de RY X qui, tel un souffle apaisant, infuse au morceau une lueur d’optimisme.

Breed est disponible via Eden Recordings.

 

 

 

BORN IDIOT – LONESOME

Selon la légende, Born Idiot voit le jour lors d’une partie de FIFA en 2015. Initialement projet solo de Lucas Benmahammed, originaire de Vannes, qui commence à jouer de la guitare en autodidacte à 14 ans. Il décide de s’entourer des musiciens aux parcours variés : Louis Kuipers (claviers) dans HER et the Popopopops, Tiago Ribeiro (guitare) avec Lady Mountain, Clément Le Goff (basse) dans Light in Cities, du batteur Camille Parlier et de Guilherm Frenod technicien son. Leur premier album, Afterschool, est totalement auto-produit et marque la naissance d’un collectif rennais du même nom, visant à promouvoir la scène indépendante et les artistes français à travers des concerts, des sorties de disques, des expositions et des sessions live. Puis, arrive Lonesome, extrait de leur troisième album, Infinite Life Trauma, co-composé par Lucas Benmahammed et Louis Kuipers, mixé par Guilherm Frenod, et prévu pour 2025. Une ballade indie pop qui fleure bon la chaleur de la West Coast à l’image des neuf pépites à venir sous influences 70’s. Les vagues de guitare se fondent dans les ressacs des synthés, tandis que mélodies et rythmes se mêlent dans une douceur enveloppante.

Lonesome (Autoproduit) et disponible via Monomaniac/Alter K.

 

 

 

JOANNA – DRIVE ME HOME

Un an après Where’s the Light, Joanna marque son grand retour avec Extended Light and Remixes un EP qui inclut trois remixes et deux titres inédits, dont le single Drive Me Home. Pour accompagner cette sortie, elle dévoile un clip fait maison, à la fois intime et touchant, où elle se filme elle-même avec son téléphone. Dans ce clip, Joanna déambule dans la forêt, tantôt à bord de sa voiture, tantôt à pied, de jour comme de nuit. Le fil conducteur ? Son crush, l’objet de ses pensées et de ses rêves pour lequel elle déploie une stratégie particulièrement amusante pour exprimer son amour. La simplicité de la réalisation renforce l’émotion du morceau, où chaque image semble retranscrire un moment suspendu, une quête intérieure. Le choix de filmer seule avec son téléphone illustre parfaitement son désir de rester fidèle à l’authenticité sans artifices. Musicalement, Drive Me Home continue de porter l’univers électro-pop cher à l’artiste, avec des sonorités aériennes et une voix douce, créant une atmosphère à la fois rêveuse et sensuelle. Ce nouveau projet confirme le talent et la créativité de Joanna, qui continue de s’imposer comme une révélation incontournable de la scène électro-pop française.

Drive Me Home est disponible via Joanna Club.

 

 

 

HUMBLE THE GREAT – SOMETHING THAT WE CAN’T GIVE UP

Humble The Great fut un des soleils du Pitchfork Music Paris Festival illuminant la scène de son énergie contagieuse et de sa joie sincère de partager ses mélodies avec le public parisien. Né en Californie, originaire du Kent et désormais londonien, Humble fait ses débuts en 2021, mais son histoire musicale remonte bien plus loin. Batteur de formation, il a aussi étudié le théâtre avant que la musique ne prenne le dessus en 2019. C’est alors qu’il apprend à produire seul, devenant rapidement obsédé par le processus. Il collabore avec des artistes comme Kamal, Willow Kayne, Debbie ou Finn Foxell. Imprévisible et toujours en quête de nouveaux horizons, Humble va même jusqu’à fabriquer ses propres tapis, après avoir été inspiré par une vidéo. Cette année, il sort deux albums, dont l’un est marqué par une évolution importante dans son écriture. « J’étais fatigué d’écrire sur mon ancienne relation, je voulais commencer à écrire sur moi, mes amis et mes luttes pour comprendre pourquoi je suis ce que je suis », confie-t-il. Cet album, plus brut et authentique, intègre davantage de sonorités live, offrant une dimension plus intime et sincère à sa musique. Something That We Can’t Give Up est à la fois séduisant et émotionnellement profond.

Something That We Can’t Give Up est disponible via Neighbourhood Recordings.

 

 

 

SUM’ONE – LET IT SNOW

Avec Just Mike, producteur d’Otis Stacks et Dafuniks, depuis la naissance de son projet solo Sum’One, la patience s’impose. Le premier extrait, Crazy, issu de l’EP Hello Vera prévu à l’origine pour 2023, a fait son apparition en novembre 2022. Le temps, pour lui, semble s’être mué en une notion plus éthérée depuis qu’il a quitté l’agitation urbaine pour s’installer dans un petit village communautaire au Danemark. « Malgré le plaisir de travailler avec beaucoup de gens talentueux, j’ai choisi de me lancer seul dans cette aventure. Musicalement et personnellement, cela a été un voyage évolutif au cours duquel j’ai appris à travailler de manière nouvelle et inspirante ». Hello Vera raconte l’histoire de Vera, en quête du véritable amour au fil d’un périple initiatique. Dans ce climat empreint d’une certaine magie, Let It Snow résonne comme une poésie hivernale moderne, accompagnée d’une vidéo d’animation signée une nouvelle fois du normand Antonin Herveet, qui nous plonge dans une nature préservée. Comment ne pas succomber aux charmes de ses mélodies vintage, de ses synthés captivants, de ses samples omniprésents, et de l’univers onirique propre à Sum’One ? Pour voir la live session, c’est ici.

Let It Snow est disponible via Underdog Records.

 

 

 

MINUIT MACHINE – HOLD ME

Minuit Machine, c’est le projet darkwave créé en 2013 par Hélène de Toury aux machines et Amandine Stioui au chant. À l’époque, elles fondent un duo qui mélange voix et instruments électros, d’abord inspiré par les synthés des 80’s, avant d’épouser les courants de la décennie suivante, jonglant avec plus de techno et d’EBM. En 2021, elles signent sur le label Warrior Records de Rebecca Warrior et gagnent en visibilité. Aujourd’hui, Amandine Stioui a repris les platines en solo et sort le titre Hold Me, avec RAUMM à la production. « I won’t be running away, Like it’s a shame to be abused I won’t be hiding away, Like it’s a crime, to break their rules », avec des mots simples soulignés d’un beat aguicheur, la DJ et productrice lance un appel à l’émancipation, pour se défaire des codes contraignants d’une société encore et toujours trop patriarcale. Elle explique que « c’est une chanson écrite pour donner du courage à celles et ceux qui se sentent incompris, mis de côté et qui ont peur de dire la vérité ». Le refrain pop s’installe en tête comme une rupture par rapport au dernier projet sorti en 2022, 24, plus sombre et écorché. Cette ode à la liberté queer est annonciatrice d’un album to-be qui va ouvrir une nouvelle ère de la machine, tout en perpétuant sa pâte hybride.

Hold Me est disponible via Synth Religion.