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La sélection Modzik pour sonoriser ton weekend.

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ROMEO ELVIS & OSCAR AND THE WOLF – LOSE MY BABY

Rarement un projet collaboratif belge aura semblé aussi organique. Jardin, l’EP collaboratif de huit titres enregistré dans le studio d’Oscar and the Wolf et né d’une session improvisée « au milieu de la forêt », en fait au fond de son jardin, fonctionne comme un laboratoire où deux esthétiques opposées, la pop synthétique et liquide de Max Colombie et le rap dense et nerveux de Roméo Elvis se rencontrent sans compromis. C’est aussi la première collaboration d’Oscar, ce qui confère au projet une certaine fraîcheur. Le Nord flou et vaporeux de Max Colombie rencontre le Sud dense et nerveux de Roméo. Lui chante l’anglais, l’autre rappe et chante en français. Ensemble, ils prouvent qu’il y a plus de poésie dans une rencontre que dans les frontières linguistiques. Les morceaux de l’EP se déploient comme un jardin vivant, explorant EDM, trap, breakbeat et pop rêveuse. Sur Lose My Baby, Roméo s’éloigne de son territoire pour une ballade pop rock où la tension entre vulnérabilité et puissance crée un échange inédit avec la voix limpide d’Oscar. Comme le dit Roméo : « Je ne l’aurais jamais fait tout seul… C’est du chant du début à la fin ». À l’inverse, Crocodilla ose l’agressivité et le breakbeat, tandis que Ceiling repose sur un refrain aérien et hypnotique, qui pousse Roméo vers des territoires plus éthérés. Fading Into You illustre parfaitement leur méthode : deux idées qui se confrontent pour en générer une nouvelle, enrichie d’un sample de Show Me Love de Robin S, célébrant la house Belge. Oscar souligne : « Parfois, ça sort tellement naturellement qu’on n’a même pas besoin de réfléchir à quoi écrire, ça sort tout seul ». Chaque titre explore l’autre, brouille les styles et ouvre des espaces inattendus, du club à la ballade intimiste. Jardin, se lit comme un vrai dialogue qui va se poursuivre en live pour trois dates ce week end à l’Ancienne Belgique. Le projet capture le moment précis où deux trajectoires se déstabilisent et se nourrissent, offrant un disque dense, libre et surprenant. Dans un paysage belge souvent cloisonné, Roméo Elvis et Oscar and the Wolf signent un geste inédit : faire pousser une rencontre artistique comme un jardin. (LFC)

Lose my Baby est disponible via UFORIA/OWTWO/ Strauss Entertainment.

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MERYL – COCO CHANEL (FEAT. EVA)

Avec La Dame, sorti le 28 novembre, Meryl prouve encore une fois qu’elle sait se réinventer tout en restant fidèle à ce qui fait son identité. L’album compte de nombreux featurings, dont deux titres avec Théodora et se construit comme un vrai projet narratif qui mélange sonorités hip-hop, shatta, dancehall et pop urbaine, tout en gardant l’empreinte de ses racines martiniquaises, une identité musicale qu’elle continue d’explorer dans ce nouveau projet. Le 5 décembre, elle dévoile le clip : Coco Chanel avec Eva, un duo inattendu mais qui fonctionne et dans lequel chacune apporte son univers et sa touche musicale. Visuellement, le clip donne une sensation d’évasion, comme si on passait quelques minutes hors du quotidien. Une colorimétrie chaude alternant entre scènes nocturnes, décors paradisiaques, gros plans luxueux et focus sur les silhouettes. Tout est pensé pour créer une vibe à mi-chemin entre soirée tropicale et clip urbain, une recette qui fonctionne. Le titre mélange un beat hip-hop avec des influences shatta et club unissant ainsi le style des deux artistes. Le refrain reste en tête sans être cliché, porté par le contraste entre la voix séduisante au rythme hip-pop d’Eva et la manière de poser plus incisive et entraînante propre à Meryl. Coco Chanel s’impose comme un morceau sensuel, rythmé et qui reste en tête, un mélange qui fonctionne aussi bien en soirée que pour une écoute quotidienne. Meryl confirme donc un retour réussi et continue de montrer qu’elle peut s’aventurer ailleurs tout en restant fidèle à sa signature artistique.

Coco Chanel est disponible via Maison Caviar. En concert à Paris (Accor Arena) le 27 octobre 2026.

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MILK & BONES – BLOSSOM TREE

Avec A Little Lucky, leur deuxième EP de l’année après Baby Dreamer, Milk & Bone signe une parenthèse lumineuse façonnée avec Chromeo, née d’une rencontre improbable sur un escalator des Juno Awards. « On voulait voir ce que ça donnerait si on commençait « from scratch » », expliquent-elles. En quatre jours à Los Angeles, le duo se concentre sur l’écriture tandis que Chromeo donne du corps aux productions, épurant chaque morceau jusqu’à l’essentiel. Hoops ouvre l’EP en capturant l’euphorie fragile du désir, tandis que Bloodshot met en vitrine les synthés riches et les basses accrocheuses du duo montréalais. Mais c’est Blossom Tree qui incarne le centre émotionnel du disque : un motif rythmique à la manière de Soft Cell, une mélodie électro-pop à la Kylie Minogue, et cette lutte intérieure entre laisser partir et s’accrocher. « C’est un moment très précis d’un deuil amoureux », confie Laurence Lafond-Beaulne. Plus d’une décennie après leurs débuts et un Juno pour Deception Bay, Milk & Bone continue d’affiner sa signature, entre électro-indé, pop éthérée et minimalisme radieux. « On a toujours été des super fans de musique électro-indé… c’était facile de doser l’électro-funk avec notre côté plus sweet », résume Camille Poliquin. Avec A Little Lucky, le duo confirme sa capacité à faire danser sans gommer la vulnérabilité. Sans emphase, Milk & Bone laisse affleurer une émotion qui tient autant de la pudeur que de la force. (LFC)

Blossom Tree est disponible via Little Mourning/Nettwerk Music Group.

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BLOWSOM – SEPTEMBRE

2025 marque pour Blowsom une transition assumée, sans renier ce qui façonne son identité depuis ses débuts : une écriture centrée sur l’amour, unique sujet qu’il explore morceau après morceau, sous toutes ses formes. Mais cette fois-ci, Arnaud publie un EP entièrement écrit en français. Une évolution qu’il n’a jamais voulu forcée. En 2023, il nous confiait d’ailleurs : « On m’a pas mal emmerdé avec le français… Je veux que ça reste naturel. Et puis la musique anglophone, c’est tout mon bagage ». Après un premier pas en 2024 avec Étincelle, Les Passantes confirme ce changement naturel, sans perdre sa sensibilité. Dans cet EP, Blowsom décrit la fatigue amoureuse d’une génération pressée, les rencontres qui s’effritent, les tentatives d’y croire malgré tout. Une suite de fragments émotionnels, où le français rend l’écriture plus directe, tandis que la production garde sa signature : un mélange pop électro indie, clair, enveloppant et précis. 2025 marque aussi une évolution dans son parcours : il délaisse son propre label 1901 REC pour rejoindre Panenka Music, (Yoa, Andéol…), un cadre qui semble accompagner l’élargissement de son univers. L’EP est enrichi de collaborations : Les Passantes co-écrit avec la pianiste Julie Hebrard, Je me sens bien avec Hugo Camedda, son meilleur ami, rencontré à Brighton et Jules Jaconelli pour Septembre. Ballade mi talk over mi chantée, Septembre dit l’après-rupture sans détour : le manque et l’illusion acceptée. « Je veux qu’on s’embrasse / Même si tu fais semblant » résume ce déséquilibre. Les Passantes est un EP court qui confirme la cohérence d’un artiste déjà très identifiable. Blowsom continue de parler d’amour, encore et toujours, mais avec une écriture qui gagne en nuance et une musique qui s’affirme. Un disque sincère où la fragilité trouve toute sa place. (LFC)

Septembre est disponible via Panenka Music. En concert à Paris (Point Ephémère) le 12 décembre 2025 et  (La Cigale) le 21 mai 2026.

 

 

 

 

ST GRAAL –TECHNO BOOM BOOM

Après un single sorti cet octobre : Les garçons et les filles, St Graal termine l’année 2025 en nous délivrant le clip de son nouveau titre Techno boom boom. À l’instar du nom, St Graal nous confirme son univers artistique où il réussit à transformer le chaos en quelque chose de maitrisé et esthétique. Le morceau, au rythme électronique, mélange techno et pop alternative, avec cette manière très particulière qu’a St Graal de nous partager une énergie presque hypnotique. Dans le clip, cette intensité prend une nouvelle dimension. Entre jeux de lumières mêlant couleurs saturées, LED et néons, des décors minimalistes contrastés avec une mise en scène centrée sur les corps et les mouvements. Dans ce clip, St Graal crée une ambiance qui oscille entre rave, club futuriste et performance presque théâtrale. L’esthétique s’ancre dans un univers électro, nocturne et graphique où les transitions et la caméra sans cesse mouvante sont pensées pour suivre le rythme du morceau. Avec ce nouveau titre, St Graal explore une nouvelle direction, plus techno et frontale mais réussit le pari de garder son identité artistique définie par une sensibilité pop, un goût pour les refrains immédiats, et une volonté de transformer la musique électronique à sa manière. Avec Techno Boom Boom, il confirme qu’il sait allier intensité, esthétique et identité, sans perdre l’essence de ce qui le rend reconnaissable. Après la sortie de deux nouveaux titres en 2025 et l’annonce de plusieurs concerts pour l’année prochaine, on peut imaginer que l’artiste continue à dévoiler de nouvelles propositions artistiques d’ici 2026. (ML)

Techno boom boom est disponible via Glory Box Music. En concert à Paris (Le Trianon) le 11 février 2026.

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DAYSY – TEMPÊTE

Avec Tempête, Daysy propose un titre à la fois simple et chargé d’émotion, centré sur une rencontre qui bouleverse l’équilibre intérieur. La chanson explore ce moment où quelqu’un provoque une agitation soudaine, au point de déstabiliser complètement et de laisser flotter la question : « Qu’est ce que je fais ?, Qu’est ce que je dis ? » Daysy raconte ce trouble avec une retenue touchante en laissant la sensibilité guider le morceau. Tempête apparaît dans la troisième version, renommée Joli rêve, de son EP Tout dire, sorti en janvier 2025, enrichie de deux nouveaux titres, dont Pandore, ainsi que de versions acoustiques de Je suis là et de Par cœur, son duo avec Joseph Kamel. Ces interprétations dépouillées rappellent que, quand Daysy retire les couches, il reste l’essentiel : une plume authentique, de l’intime et de l’émotion. L’artiste caennaise s’inscrit dans une scène locale étonnamment fertile : Pierre Garnier, Joseph Kamel et elle-même forment un triangle normand devenu incontournable dans la pop francophone actuelle. Signée chez Duchess Productions, le label fondé par Léo Chatelier, son ancien partenaire de la première version du projet DAYSY, elle poursuit une trajectoire cohérente, entre écriture personnelle et production discrète. On ne peut pas parler de Daysy sans évoquer son parcours à deux vitesses : la discrétion artisanale de ses premières années, puis la mise en lumière plus récente, notamment grâce à la Star Academy, où elle est intervenue, puis à La France a un incroyable talent, où son passage a révélé au grand public sa capacité à être vulnérable, seule avec sa guitare. Cette exposition a permis de faire découvrir au grand public son talent et sa retenue. Avec Joli rêve, Daysy propose une plongée dans les tempêtes intérieures et les renaissances personnelles, où se mêlent amitiés profondes, relations familiales, rencontres bouleversantes et dialogues avec soi-même. Dès les premières notes, elle captive, alternant douceur et intensité, et ses refrains accrocheurs s’impriment instantanément dans les esprits. Une artiste pleinement affirmée, reconnue pour sa capacité à marier l’intime et le collectif, et pour l’espoir qu’elle inspire à travers ses récits. (LFC)

Tempête est disponible via Duchess Production/Sony Music. En concert à Paris (Les Étoiles) le 12 décembre et le 27 janvier 2026 (Badaboum), puis à Rennes et Caen en février 2026.

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LOLO ZOUAÏ – LES MOTS (FEAT. DINOS)

Après une première apparition en 2025 avec son single 3AM in San Francisco, Lolo Zouaï revient en cette fin d’année avec Les Mots. Un titre puissant qui infuse autant d’un air tragique qu’une gimmick rythmée et sensuelle que l’on lui connaît bien. Depuis son premier album High Highs to Low Lows (2019), l’artiste franco-américano-algérienne est parvenue à façonner une pâte sonore immédiatement reconnaissable. Sa voix, à la fois angélique, fragile et intense, flotte sur des productions nappées de synthés, de textures R&B minimalistes et de touches d’autotune. Cette esthétique hybride située entre la pop expérimentale et le R&B futuriste, parfois teintée d’influences méditerranéennes discrètes (comme dans les morceaux Desert Rose ou Ride), lui permet de se distinguer nettement au sein de la nouvelle scène internationale. On retrouve cette signature sonore dans ses collaborations avec Math Syzer, Amber Mark ou encore Saint Levant, avec lesquels elle a partagé la même sensibilité pour des productions atmosphériques et éclectiques. Sur Les Mots, elle choisit de s’associer cette fois au rappeur français Dinos. Les deux interprètes entament un dialogue de désir, de retenue et de blessures intérieures. Ils deviennent les protagonistes d’un échange amoureux, fiévreux, chargé de tension, où la sincérité résonne comme un acte radical, presque inavouable. En guise d’illustration, des couplets qui surfent sur un rythme soutenu, des influences de drill et au-dessus, la voix vulnérable et aérienne de Lolo Zouaï. Une dualité musicale qui dépeint un portrait des relations modernes, intenses mais dans la retenue, qui révèle également la symbiose des deux artistes. Une collab marquante précédée d’un premier single, qui signe le retour musical de la chanteuse et ne manque pas d’éveiller les soupçons quant à la possibilité d’un nouvel album. (AC)

Les Mots est disponible via Keep It On The Lolo/Because Music.

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