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La sélection Modzik pour sonoriser ce weekend.

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LAVAUD – CHANGE CLOTHES

Alors que les rideaux tombent sur la Fashion Week parisienne, Lavaud nous offre son propre défilé avec Change Clothes, un titre pop au refrain accrocheur et au style affirmé. Dans ce nouveau clip, la chanteuse britanno-mauricienne que l’on suit depuis ses débuts prometteurs, défile sur une estrade minimaliste, seule dans le noir, éclairée par un faisceau de lumière. Ici, pas de changement de décor, mais une succession de tenues qui racontent chacune une facette de sa personnalité. Chaque look devient une déclaration silencieuse, chaque transition, une façon de revendiquer sa liberté d’être multiple. Change Clothes s’inscrit dans une continuité cohérente : celle d’une artiste en mouvement, à la croisée des univers pop et R&B. Après 3AM in London et le très remarqué Roll On Me (avec Tiwa Savage, Patoranking, Reekado Banks et Kanis ), Lavaud continue d’imposer sa griffe avec style et précision. Pas besoin d’artifices : une scène, une lumière, une voix, et Lavaud occupe l’espace avec une classe naturelle. (SK)

Change Clothes est disponible via Saint & Citizen x PL Studios/Vydia.

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ROYEL OTIS – CAR

Royel Otis, c’est l’histoire de deux garçons – Royel Maddell et Otis Pavlovic – réunis par leur amour du son et des guitares. Depuis leur rencontre dans la région de Byron Bay, en Australie, en 2019, ils ont construit, EP après EP (Campus, Bar N Grill, Sofa Kings), une signature sonore hybride : indie pop baignée de psychédélisme, de post-punk et d’un soupçon de new wave. L’année 2024 a marqué un tournant décisif. Leur reprise de Murder on the Dancefloor de Sophie Ellis-Bextor et celle de Linger des Cranberries deviennent virales, Pratts & Pain entre directement dans le top 10 de l’ARIA, et ils remportent quatre ARIA Awards. Aux États-Unis, leur popularité franchit un nouveau cap avec un passage remarqué sur Jimmy Kimmel Live! et une signature chez Capitol Records. Tout cela aurait pu les faire basculer dans le tape-à-l’œil. Mais Car, dévoilé en acoustique au Red Lion Tavern de Los Angeles, prouve qu’ils préfèrent toujours la sincérité au spectaculaire. Deuxième extrait de leur prochain album Hickey (attendu le 22 août), Royel Otis poursuit ici son exploration d’un indie rock mélodique. Ils livrent un titre dépouillé, centré sur les émotions simples d’une séparation inévitable. Sur une base instrumentale lo-fi, construite autour d’un nuage de guitares, d’une basse à la New Order et d’une production discrète signée Blake Slatkin (Omar Apollo, Wallows) et Omer Fedi (Lil Nas X, SZA, The Kid Laroi), Car mise sur la retenue. Le refrain – « Ouais, je te retrouve dans la voiture au coin de la rue / Mais on sait que ça va changer un jour » – résume bien l’état d’esprit du morceau : mélancolique, sans grand effet dramatique. Si le Beckien Moody, premier single de Hickey, avait suscité des réactions contrastées en raison de sa supposée misogynie, Car opte pour une narration plus directe et apaisée. Et si les deux titres partagent une même trame sentimentale – celle d’une histoire qui se défait – ils l’abordent de manière opposée : le premier est vénéneux, le second, désarmé. Ce choix semble cohérent avec la direction artistique prise par le duo en 2025 : une musique plus mature, plus nuancée, sans perdre ce qui fait leur force. Royel Otis continue ainsi d’affirmer une identité musicale fondée sur l’intuition, la collaboration à deux, et une fidélité à leurs racines indie. Car en est une continuité logique : celle d’un groupe qui, sans renier la mélodie, cherche à dire plus avec moins. Hickey est un album de transition. Moins adolescent. Royel Otis y affine sa palette, troquant les éclats juvéniles contre des teintes plus nuancées, plus troubles. Entre montées lumineuses et zones d’ombre. Le duo trace un sillon hybride, entre guitares ténébreuses à la The Drums ou The Cure (I Hate This Tune), production classieuse à la Electric Guest (Good Times, Come On Home) et éclats de pop psyché dignes d’Empire Of The Sun ou MGMT (Dancing with Myself). Hickey oscille avec justesse entre clarté solaire et douce amertume. (LFC)

Car est disponible via Ourness Pty/Universal. En concert aux Eurockéennes à Paris (Olympia) le 1er décembre 2025.

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NOCHKA – ADIEU LES CONS

Adieu les cons, extrait de son premier album Paris, capitale de la solitude, pourrait être le slogan d’un t-shirt ou d’un compte Instagram de revenge girl. Mais dans la bouche de Nochka, 22 ans, c’est un titre pop sombre à l’ironie grinçante. Nochka, de son vrai nom Nolwenn Pardon, grandit en Saône-et-Loire dans une famille de musiciens. Portée très tôt par la musique, elle finit par ressentir le besoin de s’en détacher, notamment après un échec au hautbois classique qui marque une rupture entre musique subie et musique choisie. Repérée sur les réseaux sociaux via des reprises a cappella en polyphonie, elle participe à The Voice en 2023. Sa dark pop minimaliste, hantée de nappes électroniques et de basses organiques, résonne avec les préoccupations de toute une génération bousculée, ultra-connectée mais souvent isolée. Autodidacte, elle compose, mixe, réalise ses clips, crée ses vêtements, et explore photo, vidéo ou écriture intime comme autant de formes d’expression. Nochka incarne une génération tiraillée entre exposition et vulnérabilité. Inspirée autant par Billie Eilish que par Stromae ou Lady Gaga période Born This Way, elle puise dans ses douleurs pour en faire un miroir tendre et frontal. En résulte un album de 22 titres publié en trois volets et pensé comme un journal intime qui retrace un passage à l’âge adulte avec sincérité. Une intimité qu’elle a ouverte aux collaborations, notamment Laurent Lamarca sur huit titres, mais aussi Olympe Chabert, Liza Tz ou Bey pour ne citer qu’eux. Nochka y chante la solitude urbaine, les relations toxiques, la quête éreintante d’amour et d’acceptation de soi. Elle aborde sans filtre la dépression, les troubles du corps, les pensées sombres mais toujours avec cette volonté de transformer la douleur en création, de faire de l’intime un miroir tendu à toute une génération. Ses mots simples touchent juste, portés par une pop parfois espiègle, souvent mélancolique, où les beats côtoient les silences intérieurs. Des liens familiaux aux désillusions amoureuses, du poids des injonctions à l’émancipation, Nochka explore chaque recoin de ce qu’on traverse entre 17 et 22 ans. (LFC)

Adieu les cons est disponible via French Flair Entertainment. En concert à Paris (Maroquinerie) le 18 novembre 2025.

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CELESTE – ON WITH THE SHOW

Après un silence prolongé et quelques titres passés presque inaperçus, Celeste signe un retour discret mais profondément chargé de sens avec On With The Show, une ballade mélancolique épurée qui marque une nouvelle étape dans son parcours artistique, même si nous sommes en terrain connu. Née à Los Angeles et élevée à Brighton, révélée en 2020 grâce au BRIT Rising Star et au BBC Sound of the Year, la chanteuse britannico-jamaïcaine s’était imposée avec sa voix soul et son écriture singulière. Son premier album, Not Your Muse, avait atteint la tête des charts britanniques, mais la pandémie avait brutalement freiné son ascension. C’est dans ce contexte que paraît aujourd’hui On With The Show. Titre qui s’inscrit dans la lignée des ballades orchestrales qui ont fait la marque de Celeste : piano en ouverture, cordes en montée progressive, voix pleine de retenue puis d’ampleur. La chanson, écrite avec le fidèle Matt Maltese et produite par Jeff Bhasker (Kanye West, Harry Styles) et Beach Noise, condense la trajectoire d’une femme qui vacille, mais qui se tient toujours debout. Elle l’a dit elle-même : « Je devais traverser ces émotions lourdes, avec l’intuition que quelque chose de plus grand m’appelait ». Celeste a absorbé la douleur. Déjà interprétée dans le documentaire du même nom retraçant ses premiers concerts post-pandémie, la chanson prend aujourd’hui une nouvelle résonance en tant que premier extrait de son deuxième album, Woman of Faces, attendu pour le 3 octobre. Composé de neuf titres, il se veut le récit intime d’une rupture et d’un processus de reconstruction. Loin de céder aux modes, Celeste affirme une fois encore sa volonté d’explorer des territoires émotionnels sans artifice. Si ces dernières années ont semblé marquer une mise en retrait, On With The Show rappelle que Celeste reste une artiste à part. Un retour tout en nuance, qui redonne toute sa place à la voix et à l’émotion. (LFC)

On With The Show est disponible via Universal. En concert à Glastonbury (UK), Rock Werchter (BE) et Montreux Jazz Festival (CH).

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TDJ, DANNY L HARLE – SHORELINE

Avec Shoreline, dernier single extrait de son premier véritable album, Geneviève Ryan-Martel, alias TDJ (pour Terre de Jeux), franchit une nouvelle étape. Connue d’abord sous le nom Ryan Playground, puis révélée en tant que TDJ à partir de 2019, l’artiste montréalaise s’est imposée avec une musique dance euphorique, influencée autant par la trance des années 2000 que par l’emo-pop de ses premières amours musicales. Sur ce disque éponyme, elle ralentit volontairement la cadence, propose un son plus doux, parfois mélancolique, et dévoile une facette plus personnelle de son projet. « J’ai ressenti le besoin de ralentir et de vraiment prendre le temps de travailler sur cet album », confie-t-elle. Ce besoin de recul, cette volonté d’aligner fond et forme, se ressent dans toute la production. Elle décrit d’ailleurs l’album comme une recherche de clarté dans un parcours de vie en constante évolution. Sans renier les fondations de son univers – une synthèse de techno, trance, eurodance et pop électronique – TDJ choisit ici de laisser davantage de place aux voix, aux atmosphères, et à une certaine forme de fragilité. Le résultat est une musique toujours dansante, mais plus nuancée. Deux morceaux instrumentaux cinématiques (Bury Me in a Pet Cemetary, La Chapelle) viennent ponctuer l’album, offrant des respirations qui marquent un contraste avec ses premières productions. Cette évolution s’accompagne d’une belle palette de collaborations : Danny L Harle, Busu, Hannah Diamond, Clara Kimera, Aamourocean… qui viennent enrichir sans diluer le son TDJ. Ce disque, loin de n’être qu’un exercice de style, s’inscrit dans la continuité émotionnelle de son projet. « Je suis une personne très émotionnelle, à fleur de peau », dit-elle. Cela se ressent particulièrement sur cet opus, respirant la culture Y2K et de romantisme électronique. Loin d’être un simple virage vers l’introspection, l’album joue intelligemment sur la diversité des tempi, brouillant ainsi les lignes entre fête collective et émotion personnelle. TDJ fait preuve de maturité artistique, sans jamais perdre la fraîcheur de son « terrain de jeux ». (LFC)

TDJ est disponible via Collection Disques Durs/All Night Long/Believe. En concert à Paris (Trabendo) ce 27 juin 2025, aux Festivals Woodstower le 18 juillet 2025, Vandb le 24 août 2025 et Sonora le 11 octobre 2025.

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PATRICK WATSON & MARO – THE WANDERING

Patrick Watson présente The Wandering, quatrième extrait de Uh Oh à paraitre le 26 septembre, partagé avec la chanteuse portugaise MARO. Cette collaboration offre une ballade bossa où l’anglais et le portugais s’entrelacent délicatement, comme les voix des deux artistes, qui se croisent et s’unissent. Dès les premières notes, The Wandering nous plonge dans un univers cinématographique. La chanson évoque la légèreté du voyage, mais aussi cette solitude étrange qui l’accompagne parfois. Watson parle ici d’un sentiment profond qu’il porte depuis l’adolescence, celui de se sentir comme un observateur silencieux du monde. Cette introspection résonne d’autant plus fort qu’elle s’inscrit dans un moment de vulnérabilité pour l’artiste. Car Uh Oh est né d’un événement marquant : la perte de sa voix. Incertain de pouvoir chanter à nouveau, il a transformé cette épreuve en projet collaboratif, en invitant des artistes dont les voix résonnent avec sa propre sensibilité. Le disque devient alors un kaléidoscope de collaborations. Aux côtés de MARO, Uh Oh réunit une impressionnante constellation d’invité·es, toutes et tous porteurs d’une couleur unique. On y retrouve les voix de Martha Wainwright, Klô Pelgag, Charlotte Cardin, November Ultra, Hohnen Ford, Ariel Engle (La Force), Anachnid, Charlotte Oleena, Solann. Chaque morceau est pensé comme une rencontre. Le timbre soyeux de MARO, teinté d’une mélancolie lusophone, apporte à The Wandering une profondeur singulière. Watson confie que sa voix lui a immédiatement évoqué « la belle tristesse qu’on ressent en arpentant les villes et les âmes du Portugal ». MARO, de son côté, parle d’un rêve devenu réalité. Le clip, réalisé, chorégraphié par Jacob Jonas et tourné dans un entrepôt à Los Angeles, prolonge cette impression d’errance poétique : silhouettes dansantes, lumière tamisée, ambiance surnaturelle… Un écho visuel au morceau, entre présence et disparition. Watson, en donnant une voix à d’autres, retrouve la sienne autrement : dans la communion, dans le partage. Avec ces duos, il signe sans doute l’album le plus sensible et personnel de sa carrière. (LFC)

The Wandering est disponible via Watsonia Productions/Secret City Records. En tournée française à Toulouse, Rouen, Villeurbanne et Paris (Zenith) le 4 novembre 2025.

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NILUSI – LETTRE À L’UNIVERS

Il y a des artistes qui chantent. Et puis il y a ceux qui confient leur âme à la musique. Nilusi fait indéniablement partie de la seconde catégorie. Avec Lettre à l’Univers, elle dévoile non seulement un clip, mais une offrande. Un rituel filmé où l’intime côtoie le sacré. Drapée d’un sari rouge éclatant, la chanteuse apparaît seule dans l’enceinte majestueuse d’une église. Les premières notes sont discrètes, presque murmurées – un piano, un souffle d’orgue – puis la voix de Nilusi vient habiter l’espace, sans artifice. La mise en scène est sobre, mais chargée de symboles : le lieu n’est pas qu’un décor, il est mémoire. Deux ans plus tôt, c’est ici même qu’elle déposait une lettre adressée à l’univers, porteuse d’espoirs et de promesses. Aujourd’hui, elle revient y chanter sa réponse. Musicalement, Lettre à l’Univers est un voyage entre les genres et les mondes : le gospel, le R&B, les traditions vocales d’Asie du Sud s’y croisent avec une élégance rare. L’intensité monte peu à peu, jusqu’à éclore dans un moment de grâce collective. Une chorale multigénérationnelle entoure Nilusi, dans une explosion d’émotions et de voix. C’est beau, puissant, et surtout, sincère. Ce clip prolonge la trajectoire fulgurante d’un album déjà salué pour son audace et sa profondeur. Après avoir marqué les esprits avec Leave a Message, puis faire vibrer les réseaux avec Tereketena et Comme je l’aime, Nilusi continue d’imposer son univers, exigeant, habité, et libre. Ce week-end, laissez-vous porter par cette lettre chantée : un instant suspendu, entre force et fragilité. (SK)

Lettre à l’Univers est disponible via Gleam Records. En concert aux Trois Baudets à Paris le 4 juillet (Arène de Montmartre).

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MAC DEMARCO – HOME

Depuis ses débuts, le Canadien Mac de Marco a troqué son image de joyeux larron fumeur de clopes pour celle d’un artisan solitaire. Home, premier extrait de son nouvel album Guitar à paraître le 22 août, en est une nouvelle preuve. Dans ce morceau, il revient à une forme de dépouillement qui lui est familière, guitare douce en picking, voix traînante et production minimale. Rien ne dépasse, tout semble couler avec une simplicité volontaire, à l’image des 12 titres de l’album, alternants voix pleine et voix de tête. En 2023, il sortait Five Easy Hot Dogs, road trip instrumental en forme de carnet de bord instrumental, et One Wayne G, monstre de 199 morceaux qui sentait le disque dur déversé en l’état. Et voilà qu’il remet ça avec Guitar, conçu entièrement dans la tanière californienne où il vit en quasi-reclus, un disque qu’il décrit comme « la représentation la plus fidèle de sa vie actuelle ». Pas de promo tapageuse, pas de featuring. Juste lui, sa gratte, un trépied et quelques oiseaux de rivage dans le clip. Il y a quelque chose d’émouvant dans cette nouvelle pudeur, dans cette lente mue. Le musicien lo-fi qui faisait le pitre sur scène, en slip et avec une clope au bec, semble désormais vouloir disparaître derrière sa musique. Et cette attitude, loin du marketing, confère à sa musique une nouvelle authenticité. Sur Home, il parle de la maison, non pas comme un simple lieu de confort, mais comme un espace chargé, parfois trop, de souvenirs : « These days I’d much rather be on my own… / Faces and names that have memories attached / That I’d sooner let go ». Il y a dans cette écriture une calme distance. DeMarco n’idéalise pas le passé, il le regarde avec lucidité, sans drame et sans nostalgie. Musicalement, le morceau reste fidèle à l’esthétique douce et un peu floue qui a fait sa signature. Pas d’effet de style. Ce choix pourra désarçonner ceux qui attendent encore une évolution radicale. Mais pour d’autres, Home s’écoute comme une pause, un fragment de quotidien offert sans filtre comme l’est l’ensemble de l’album. (LFC)

Home est disponible via Mac’s Record Label. En concert à Paris (Pleyel) le 25 octobre 2025.

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