Si son précédent album, How Big, How Blue, How Beautiful, a été enfanté dans la douleur pour amener à la vie ces chansons traitant de peine d’amour, d’attente et de besoin, Florence a pu faire la paix intérieure durant la tournée qui a suivi et se rendre compte que tout ce dont elle avait besoin était déjà en elle. Elle n’a eu de cesse de retourner en studio afin de profiter de l’afflux d’adrénaline qu’elle ressentait, au lieu de partir en vacances ou de sortir tous les soirs. Avec High as Hope, elle délivre l’album d’une artiste qui vient d’avoir 30 ans et qui a fait le point avec la jeune écervelée qui a débuté en 2007, pleine d’espoirs et de rêves fous. High as Hope est un disque vibrant, né dans la joie, qui sonne presque live. Il parle autant de New York que du sud de Londres d’où elle vient, de sa sœur Grace, de son icône Patti Smith et même de Dieu, mais il parle surtout d’elle, sans détour. Si vous voulez enfin connaître l’incandescente Florence Welch, plongez dans cet album.

Florence nous décrit la création de son album : « Ce fut une période très créative pour moi. Je lisais énormément, écrivais beaucoup, des poèmes comme des chansons. « Hunger », « Grace » et « No Choir » ont tous commencé comme des poèmes, mais ont été absorbés par la chanson.» Cet album a été l’occasion pour elle de collaborer avec de nombreux artistes, des grands noms mais aussi quelques talents moins connus : Jamie XX, Father John Misty, Sampha (vainqueur du prix Mercury en 2017), Kelsey Lu et Kamasi Washington. Si c’est la première fois que Florence travaille avec Kamasi, ce n’est pourtant pas un inconnu car ce fantastique saxophoniste a déjà collaboré, entre autres, avec Kendrick Lamar, Snoop Dogg mais aussi les sœurs Ibeyi. « C’est un artiste fantastique et c’est un privilège de l’avoir sur ce nouveau disque. Il a créé une musique incroyable pour certains des morceaux. Le regarder jouer a été l’un des moments les plus incroyables de ma vie », a-t-elle déclaré. Malgré toutes ces collaborations, ce nouvel album est certainement son disque le plus personnel, un disque qui clame : « Voilà c’est moi !» Parfois, on a l’impression que Florence nous susurre juste au creux l’oreille, avec toute sa fragilité, simplement accompagnée d’un piano comme sur l’intro de « No Choir » ; à d’autres, elle nous emmène avec elle par-delà les nuages, avec les anges, par des envolées de chœurs magnifiques. D’ailleurs, elle a mis elle-même la touche finale à l’album à Los Angeles avec Emile Haynie (Lana Del Rey) en tant que co-productrice officielle : « C’est étrange, j’ai fait beaucoup de cet album toute seule, mais c’est aussi mon disque le plus collaboratif. Ce sont des amis qui jouent dessus, ce qui était une façon amusante de faire un disque. »

On en apprend plus sur la vraie Florence Welch : dans « Grace », elle parle de sa relation particulière avec sa sœur plus jeune qui s’est révélée être pour elle « essentiellement la sœur aînée. ” C’est comme si nous avions été divisées et qu’elle était née avec toutes les choses que je n’avais pas, avec un sentiment naturel de sécurité ou de calme. Maintenant, elle a un bébé. J’ai passé ces dernières années à essayer d’être là pour elle d’une manière différente – pour enfin être une grande soeur. Elle m’a sauvé la vie tant de fois. » Cette chanson est en quelque sorte une façon pour Florence de la remercier. Elle nous apprend aussi chemin faisant : « Même si je mène une vie créative, j’apprécie maintenant aussi la normalité et j’ai un certain côté casanier. C’est important pour moi de cuisiner, de prendre soin de moi, de lire, d’écrire et de regarder la télé.» Elle raconte qu’avoir lu le livre de Patti Smith, M Town, dans lequel son icône parle de son amour pour les feuilletons de détectives, lui « a donné une excuse pour regarder beaucoup la télé » (rires). Et de conclure que si aujourd’hui elle rencontrait la jeune Florence, elle la serrerait alors dans ses bras et lui dirait ces mots pleins de sagesse : « Tu n’as pas besoin de faire tant d’efforts, tout va bien se passer. Tu es comme tu es et tu es très bien ainsi, tu n’as pas à essayer d’être parfaite ou spéciale pour recevoir de l’amour. »

La nouvelle Florence est bien plus sûre d’elle qu’auparavant. D’ailleurs, elle compte désormais étendre son art à d’autres domaines : son premier livre, Useless Magic, une collection de poèmes, de paroles et d’œuvres d’art, sera publié chez Penguin en juillet. Si High as Hope marque le début d’un nouveau chapitre de sa vie, elle avoue ne s’être jamais sentie autant en accord avec elle-même et cela s’entend.

Florence and the Machine
High as Hope
(Barclay / Universal)