Par un magnifique temps d’automne ensoleillé et froid, nous nous rendons à la journée islandaise, organisée par Sinny & Ooko en association avec Air d’Islande au centre culturel Commune Image à Saint-Ouen. 

L’endroit est cosy, avec de gros fauteuils pour se lover. On peut déguster un brunch et s’essayer au tricot islandais. Le dépaysement est à son comble quand après la projection du documentaire « Rock in Reykjavik », on assiste à la projection documentaire « Inni » réalisé par le montréalais Vincent Morisset, un film sur le concert du groupe Sigur Rós à l’Alexandra Palace de Londres en 2008. « Inni » est son deuxième film consacré à Sigur Rós après « Heima » en 2007, et qui avait été acclamé par le public et la critique.

Sigur Rós est un groupe islandais fondé à Reykjavik en 1994. Leur style éthéré, qui repousse les limites du post-rock, se nourrit de musique classique, minimaliste mais aussi de rock progressif, et de musique expérimentale. N’ayant pas sorti d’album studio depuis 2008, on retrouve Sigur Rós cette année, avec l’album live d’ « Inni » totalement voué aux performances du groupe. Il immortalise un groupe en pleine possession de ses moyens, filmant ses membres pour une première fois en tant que quatuor depuis l’arrivée de la section de cordes Amiina.

A l’origine du projet, il s’agit d’une rencontre fortuite entre Vincent Morisset et le groupe à la fin d’un de leur show. Quelques jours plus tard le manager de Sigur Rós rappelle le réalisateur pour lui proposer de faire un film sur leur dernier concert « Je ne suis pas un grand adepte des concerts filmés, ces deux projets là [“Miroir noir” documentaire sur Arcade Fire] sont arrivés par accident, je ne les ai pas recherchés particulièrement » explique Vincent Morisset au magazine Trax. La volonté de Vincent Morisset a été de « transposer en images l’expérience brute du concert, avec l’aspect intimiste ». Et c’est tout à fait ce que peut ressentir le spectateur lors de la projection : un concert intimiste, puissant, calme et brut à la fois, rythmé par la voix cristalline du chanteur, les jeux de lumières et de fumée. Le show est visuel et musical à la fois.

Sigur Rós – Inni


Filmé en noir et blanc, ces couleurs ont été utilisées toujours dans une volonté « d’intimité et d’abstraction, d’éliminer les éléments extérieurs (les éclairages rouges, la foule…) pour un côté intemporel » entre les chansons, des images d’archives du groupe sont utilisés en interstices, « des respirations pour donner du répit entre les performances scéniques » déclare le réalisateur à Trax. « Les images du concert sont issues de deux spectacles en 2008, quant aux archives elles concernent l’histoire du groupe au travail » enfin Vincent Morisset parle du choix des séquences : «  s’est fait entre moi et le monteur dans le but d’instaurer des atmosphères et de retranscrire l’intensité des chansons en privilégiant une certaine énergie.» Il signe ici une œuvre intime d’une grande sensibilité artistique.

Enfin Vincent Morisset a eu l’intention de « capturer la beauté du groupe. C’est une musique très ouverte où son état d’esprit est impliqué, elle peut être déprimante ou euphorisante. Le film est également ouvert et laisse libre au spectateur de se laisser porter par la musique, et par dans ses pensées. » Entrelaçant des archives des 10 premières années d’existence du groupe et les images parfois éthérées, parfois brutalement intenses des concerts, « Inni » montre l’un des groupes rock surement les plus influents et les plus applaudis des dernières années. 


Par Aurore Briere