La récente collaboration entre deux esprits punk de la mode, Vivienne Westwood et la marque de skate et de streetwear Palace, donne un second souffle à la fashion sphère et interroge l’évolution d’une mode autrefois désinvolte, rebelle et audacieuse.

 

La mode a souvent servi d’arme politique, comme en témoigne la célèbre collection Scandale de Saint Laurent à l’été 1971.

Mais aujourd’hui, qu’en est-il ? Alors que la mode a joué un rôle clé dans la libération de la femme, l’essence rebelle des débuts semble peu à peu perdre de sa vigueur.

 

Scandale de Saint Laurent

 

Au début des années 70, la mode se distinguait par son audace, portée notamment par le mouvement punk, une vague culturelle contestataire et anarchiste née dans un contexte de crise économique et de chômage croissant. Vivienne Westwood en fut l’une des figures emblématiques en donnant naissance à ce mouvement.

 

Vivienne Westwood dans sa boutique, Seditionaries à Londres ©️ Robin Laurance

 

Si les anciens mouvements contestataires se démarquaient par leur radicalité et s’appuyaient sur des codes visuels provocateurs, la nouvelle génération de créateurs continue néanmoins de défier les conventions, tout en prenant conscience des attentes du marché de la mode.

Aujourd’hui pleinement esthétique, la mode incarne un véritable mode de vie, un style, une identité. Les enjeux contemporains, tels que le réchauffement climatique, redéfinissent les attentes de la nouvelle vague de créateurs qui émergent.

Même si l’audace n’est plus la même, la subversion qui caractérise la mode persiste, désormais plus symbolique et sophistiquée. Elle persiste sous de nouvelles formes et s’adapte à un contexte où les normes culturelles sont plus fluides et les moyens d’expression diversifiés, notamment grâce aux réseaux sociaux.

Les collections sont plus inclusives, réinterprètent des éléments traditionnellement jugés « moches » et se réinventent face aux défis actuels, comme la fast fashion, avec des matériaux recyclés et ingénieux.

Ce nouvel espace, où individualité et transgression se rencontrent, existe en réponse à une prise de conscience des attentes du marché de la mode.

Les maisons britanniques, Palace et Vivienne Westwood, cette dernière reprise par le mari de la défunte, l’ont bien saisi et revendiquent leur indépendance à travers cette nouvelle collection, aussi unique que rebelle, qui célèbre la collaboration entre deux grands esprits.

 

 

Certaines pièces, comme les corsets emblématiques de Vivienne Westwood, sont un clin d’œil à la pop culture, et une référence à cette subversion. Autrefois symboles de sous-vêtements répressifs à l’ère victorienne, la créatrice les a transformés en moyens de provocation, portés désormais comme des vêtements d’extérieur.

 

Texte Jade Maurinier