Elle est fraichement diplômée du London College of Communication. Elle est pétillante ET originale. Elle est Touche-à-tout, mais pas comme tout le monde. Elle vit en colloc’ avec deux mecs. (Pas toujours facile). Ses potes la surnomment « Lilou ». Du haut de ses 24 ans, Elise Chalmin, jeune créatrice indépendante a réinventé le pattern ! (Pattern = motif, pour les moins anglophones). Ces motifs à la fois rétro et moderne, elle les décline un peu sur tout. Pochettes, coques d’IPhone (gros coup de cœur de la rédac), tee-shirts, sacs, cahiers… Tout est certifié « made in France » et crée par ses petites mains. C’est entre les échantillons de sa nouvelle collection, sa machine à coudre rouge vif, son plan de travail sans verre (normal elle vient d’emménager) et ses modèles en vrac, qu’Elise a accueilli Modzik dans son appartement. Appart’ qu’elle a d’ailleurs, (un peu) transformé en atelier…

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Peux tu résumer ton parcours ?

Après une prépa d’arts à l’Atelier de Sèvres à Paris, j’ai passé les concours pour une école en Angleterre. J’ai été reçue au London College of Communication, en BA Illustration and Visual Média. J’étais en Illustration design, mais d’autres élèves faisaient des costumes, des vidéos…. En gros là-bas tu fais ce que tu veux, c’est très libre. Après mon diplôme au mois de juin, j’ai fait mon stage chez Ventilo. Pendant trois mois j’ai été assistante styliste. Les gens m’ont fait confiance et mon avis comptait vraiment. J’ai ensuite commencé un stage chez Maison Standards. Mais entre mes créations, les commandes et les partages sur les réseaux sociaux, mon projet perso à côté me prenait trop de temps. J’ai quitté mon stage pour m’occuper de mes idées à plein temps. Et je suis ravie !

Depuis quand es tu attirée par la mode ?

J’ai toujours eu une forme d’originalité dans ma façon de m’habiller. Je n’ai jamais fait comme tout le monde. Au départ je n’étais pas vraiment attirée par la création, mais plus par la photo. Et aujourd’hui je ne me considère toujours pas comme « travaillant dans la mode ». Je ne suis pas très fan de cet aspect « péteux » ahah. Je suis l’actu mode, les défilés, mais comparé aux blogueuses qui sont à fooond là dedans… ben je ne suis pas hyper callée. Je pense d’ailleurs que si je croise un créateur dans la rue je ne vais pas le reconnaître.

Quand est-ce que tu t’es dit : « tiens je vais me lancer là dedans » ?

C’était le projet de fin d’année de mon école. Je bossais avec une nana en « fashion communication ». Elle s’occupait des shootings et je voulais créer un magazine. Mes profs m’ont vite calmé. En fait je souhaitais créer un mag, écrire dedans et voir mes créations sur les photos !

Du coup elle s’est chargée de dessiner des vêtements et mes profs m’ont proposé de faire le tissu. J’ai fait un ensemble, des vidéos, un lookbook, des shooting…  Tout ce qu’il y avait derrière en fait. Après j’ai appris à coudre « sur le tas » (j’ai pris mesures, fait des coupes, des patrons…) et à partir de là je me suis débrouillée toute seule. Bon après il ne faut pas me demander de coudre de la laine !

Comment faire pour vivre quand on est jeune créateur ?

Je passe ma vie à poster des photos sur Instagram et Facebook. Comme je fais des mini-collections, j’innove souvent et ça permet aux gens de ne pas voir tout le temps la même chose. Je n’ai pas encore développé beaucoup de communication autour de mon projet. Je ne veux pas faire quelque chose de trop commun. J’essaie pour l’instant de diriger les gens vers ce que je crée. Ah si ! Je voudrais faire des autocollants et les coller partout !

Comment tu travailles ?

Toute seule. Je dessine moi même mes tissus avant des les faire imprimer. Quand je crée des nouveaux motifs, c’est hyper spontané. Je travaille beaucoup sur Photoshop. Je pars d’un dessin, je le mets dans tous les sens et une fois qu’il est parfait je le fais imprimer. Avant je faisais ça aux États-Unis c’était simple. Aujourd’hui, je collabore avec les chinois. J’envoie mes dessins et ils me fabriquent des échantillons.

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Les imprimés de la nouvelle collection Elise Chalmin, en exclu pour Modzik 

Quelles sont tes inspirations artistiques ?

Pour sa réussite et son culot, j’admire Jacquemus. Ce qu’il fait c’est très inventif et nouveau. Même si c’est difficilement portable. Côté peinture, c’est l’artiste Sonia Delaunay qui m’impressionne. Je suis allée récemment à son expo, sans la connaître et j’en suis sortie bouleversée. Cela peut paraître prétentieux, mais en voyant ses peintures et ses textiles géométriques, je me suis reconnue dans ses œuvres. C’est devenu une énorme source d’inspiration. En musique j’adore Christine and the Queens. Surtout que je bosse chez moi et qu’elle passe dix fois par jour à la radio. Je l’ai découverte grâce à sa reprise de We Are Family pour Canal +. De la bombe. Sa manière de danser, de s’habiller… je suis fan. Et bien sûr mes créations font souvent écho aux fringues de David Bowie.

Tu as voyagé au Brésil et vécu à Londres. Est-ce que ces destinations t’inspirent ?

Londres m’a permis d’en arriver là. En restant à Paris je n’aurais jamais oser créer des vêtements loufoques, avec des motifs géométriques partout. Je serais restée dans une sorte de microcosme très classique.

Ce qui inspire dans cette ville, c’est le fait que tu puisses tout faire ! C’est beaucoup plus « open-minded » qu’ici. A Londres j’étais hyper à l’aise avec ce que je faisais. Au Brésil, j’ai découvert une culture absolument géniale, très festive, mais c’était il y a trop longtemps pour me servir de source d’inspiration.

Comment tu décris ce que tu crées ?

C’est original, coloré, structuré. Mes coupes sont simples. Je ne veux pas faire de pièces avec des volants. Plutôt rester dans le basic. Et je veux surtout que les gens se sentent bien dans mes créations.

Quelle est ta tenue fétiche ?

J’ai un style assez simple. Je suis plus à l’aise en jean-basket et gros pull, plutôt qu’avec des trucs très filles. Parfois je mets un collier sur une grosse chemise ou un col rond sur un pull. Ça apporte une touche de féminité. Dans ma collection, le modèle qui me ressemble le plus c’est un de mes prototypes. Un ensemble top et jupe que je ne compte pas vendre.

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Elise arborant fièrement son prototype imprimé

Quelle serait ta consécration, l’apothéose de ta carrière ?

J’ai PLEIN de rêves ! D’abord, faire une collab’ avec Courrèges. J’adore leurs coupes simples, elles iraient bien avec mes motifs fantaisistes. Je voudrais aussi faire le design des boites Birchbox, ou des graphiques pour une marque de ski.

Mes rêves les plus fous ? Faire la couv’ de Vogue, voir mes tenues dans des films, ceux que Xavier Dolan si possible. En fait, voir mes tenues dans des clips ce serait une forme de communication originale. Je me sens proche des gens qui créent. Dans ma prépa, je travaillais avec des élèves en graphisme, en vidéo, en peinture. Je comprends leur travail.

Quelle serait LA rencontre ?

Camille Walala. Une artiste française vivant à Londres et qui fait des peintures murales in-croy-ables. Je suis en contact avec elle. On se rejoint dans l’univers barré des motifs de couleurs. Je voudrais aussi rencontrer Nathalie du Pasquier. C’est une créatrice qui représente à mes yeux, un gros mouvement de design. Elle fait beaucoup de déco, des lampes, des coussins… J’adore.

Quelle personnalité représenterait le mieux ta marque ? L’égérie Elise Chalmin ?

Sans hésiter Alexa Chung ! Ca lui irait tellement bien et physiquement, c’est LA nana qui porterait parfaitement bien mes modèles.

Ton meilleur souvenir ?

Mon premier post dans ELLE. J’étais trop fière. Après il n’y a pas de meilleur souvenir, mais plusieurs. Je suis heureuse dès que je reçois un mail, une proposition de collaboration, une demande de stage, un encouragement… Je suis du genre à écrire aux gens que je ne connais pas quand j’aime leur travail, donc ça me touche vraiment.

Le pire ? Pour l’instant aucun

Ce qui te fait peur ?

Qu’on me vole mes motifs ! C’est ma hantise. Apres je suis de nature stressée. Tout me fait un peu flipper. Parfois j’en rêve la nuit et je ne dors pas. Mais je suis à fond dans mon projet, donc je reste assez confiante.

Quels sont tes futurs projets ?

Une ligne pour cet été. Faut que je me dépêche un peu d’ailleurs. Trouver quelqu’un avec qui travailler, mais qui soit vraiment sur la même longueur d’onde que moi. Je voudrais aussi lancer une collection de maillots de bains bouffants en popeline.

Ta citation fétiche ?

“L’avenir n’appartient à personne. Il n’y a pas de précurseur. Il n’y a que des retardataires”.

Ton porte-bonheur ?

Ma carte-bleue. Enfin ça dépend des jours… ahah

Le mot que tu préfères ?

INDEED !

Ce qu’on trouve dans ton ipod en ce moment ?

Dido ! Surtout depuis le film ouf de Xavier Dolan. Mommy. Et bien-sûr, la meilleure chanson du monde : Sultan of swing de Dire Sraits !

Le dernier film que tu as vu ?

L’affaire Sk1. J’ai kiffé.

Modzik ça t’évoque quoi ?

Je me reconnais dans Modzik. Je suis fan de musique, j’aime la mode et traiter de ces deux grands thèmes à la fois, ça change. Ce magazine ne fait pas comme tout le monde. C’est ce qui me plait. En plus j’avais déjà participé à des concours pour dessiner des pochettes d’album.

Quels sont les réseaux sociaux où on peut te retrouver ?

Sur Instagram, Facebook, mon Site web et Twitter !

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Les imprimés géométriques d’Elise risquent de devenir un nouveau classique.

Talent à suivre…