Après le décevant Donkey et une tournée gargantuesque, les Brésiliens reviennent avec le bien nommé La Liberacion. Plus dance, le groupe n’en oublie pas pour autant ses racines DIY tenues de l’enseignement punk. Avec ce troisième album, il crée un véritable crossover entre la dance cheezy et l’indie rock. Et ça marche ! On a voulu prendre la température auprès de la chanteuse Lovefoxxx et de la guitariste Ana Rezende, de passage à Paris. Entretien dans une cour parisienne où il est question de Jeremy Scott, de Joan Jet, de Bikini Kills et… de Maria Carrey.

Cet album est plus pop et plus dance que le précédent. Cela a été facile de l’enregistrer ?

Lovefoxxx : oui, il reflète vraiment ce que nous sommes. en 2009, on a fait un break avec seulement quelques shows. je suis partie vivre seule à londres. ana rezende : j’ai pris une année sabbatique à Berlin. en 2010, on s’est tous retrouvés pour enregistrer cet album. C’était très agréable.

L : Ce break nous a beaucoup aidés. ma chanson favorite de l’album est City Girl, c’est la plus personnelle. elle parle de mon adolescence, quand je vivais avec mes parents dans une petite ville. je me déguisais beaucoup, en portant des vêtements hallucinants genre cyber punk, et ça choquait les gens. maintenant, je peux porter n’importe quoi et les gens trouvent ça normal. j’ai écrit cette chanson un peu comme un conte. C’est aussi une chanson pour nos fans : je suis sure que beaucoup de weird kids s’y reconnaîtront. je suis excitée à l’idée que ça sorte. Beaucoup de chansons reflètent aussi notre amitié, l’esprit du gang.

Concernant votre style, j’ai l’impression avec cet album que vous êtes plus black & white…

ar : oui, exactement ! avant, nos fringues et la scène, avec tous ces ballons, étaient très colorées. on nous percevait comme un groupe hyper coloré, même si l’on s’habillait tout en noir (rires).

l : oui, un peu comme un arc-en-ciel. on nous voit comme ça.

ar : Ça me fait penser à julian moore qui avait déclaré dans une interview que la voir en blonde ou en brune dans un film n’avait aucune importance puisque les gens la voient toujours comme une rousse. C’est pareil pour CSS.

Vous êtes allés à São Paulo pour faire cet album. Comment s’est passé votre retour ?

ar : on aurait pu l’enregistrer au japon ou en france. mais São Paulo, c’est chez nous. C’est plus facile pour nous. on a beaucoup d’amis là-bas.

l : C’est bête, mais, là-bas, nous n’avons pas besoin de visa, etc. je pense que l’on y fera toujours nos disques.

Selon vous, cette ville a changé ?

ar : oui, mais dans le bon sens. il y a encore beaucoup de différences.

l : le truc le plus positif, c’est que les groupes jouent maintenant dans des clubs et non plus que pour des festivals.

ar : les gens ont plus d’argent. Quand nous avons débuté, nous jouions dans des bars miteux où la bière n’était pas chère. il y avait juste de la musique pour danser, tous styles confondus. il n’y avait pas de bars comme aujourd’hui. Mais les gens continuent quand même à boire dans la rue, ce qui est plutôt bien. On n’est pas trop au courant des nouveaux groupes de São Paulo parce que l’on n’y sort plus beaucoup. on sort juste pour manger. les musiciens brésiliens que nous connaissions ont maintenant des enfants et un job alimentaire.

En France, quand on parle de groupes brésiliens, on connaît surtout Sepultura et CSS…

l: (Rires.) oui, on a de la chance! il y a aussi Bondo Del role. Ce sont de bons amis. mais ils n’ont pas sorti d’album depuis cinq ans. on les adore !

Pourquoi avoir choisi ce nom :La Liberacion ?

l : Cela a pris du temps de trouver un nom que nous aimions tous. la liberté, c’est l’énergie de cet album. Ça s’est imposé comme une évidence. Depuis nos débuts, je pense que nous sommes passés par beaucoup d’épreuves. il y a eu tellement de problèmes dans le passé ! nous nous sommes rendu compte que le groupe allait mieux.

ar : Pour moi, le premier album est comme un disque d’enfant, très naïf, genre « super, on voyage et on fait des concerts!» Donkey possède plus une rage adolescente. aujourd’hui, nous avons passé toutes ces étapes.

l : Ce disque a aussi été un constat. il y avait une ambiance très positive quand on l’a enregistré. Être dans un groupe, c’est comme dans une relation amoureuse : il y a des bons et des mauvais côtés. Nous avons enregistré 24 chansons, nous étions dans une phase amoureuse (rires).

Vous avez mis du temps pour l’enregistrer ?

l : tout le processus créatif a duré de février 2010 à mars 2011 ! Parce que, entre-temps, nous étions en tournée en australie. nous sommes donc revenus pour retravailler toutes les chansons et en composer d’autres.

Quel est le meilleur souvenir que vous gardez de votre dernière tournée ?

l : notre rencontre avec joan jet ! on jouait au festival japonais Summer Sonic, en 2009. elle y participait aussi. C’était notre dernier concert. on lui a envoyé une lettre pour lui dire que nous étions très fans et que nous aimerions qu’elle vienne nous voir jouer. Et, juste avant que nous montions sur scène, joan jet était sur le côté et nous regardait ! nous l’avons ensuite rencontrée et elle nous a dit avoir vraiment aimé notre concert. maintenant, nous avons son mail !

Pour cet album, avez-vous été influencés par d’autres artistes ?

l : nos influences n’ont pas changé. mais nous écoutons pas mal de choses qui se retrouvent un peu dans ce disque, comme liz fair, whip Smart, Dinosaur jr, Snoop Dogg…

Ce disque a vraiment deux facettes différentes. L’une très dance, l’autre plus punk…

ar : oui, exactement ! C’est ce que nous sommes : nous adorons vraiment des groupes comme Blackflag, BikiniKills, SonicYouth, mais aussi Shakira, lady Gaga, feist. j’adore aussi maria Carrey ! fantasy est quand même génial !

La dernière tournée était très colorée : tous ces ballons, vos tenues de scène. Avez-vous de nouvelles idées pour la prochaine ?

l : oui ! Ce sera un peu plus agressif, moins fun en quelque sorte. C’est toujours cool quand tu vois des artistes changer d’univers à chaque tournée. mais cela doit se faire naturellement. et il n’y aura pas de ballons ! Ton amie styliste Peggy Nolland t’avait confectionné des tenues de scène pour la tournée précédente…

l : oui, mais je ne pense pas travailler avec elle pour la prochaine tournée car elle est très occupée et ses robes sculpture étaient assez inconfortables (rires) : sur scène,c’étaitdurdebouger,demarcher.mes tenues seront plus basiques. jeremy Scott m’a donné et confectionné quelques pièces. j’aimerais aussi faire moi-même mes prochaines tenues.

À part CSS, avez-vous d’autres projets ?

J’ai fait quelques voix pour juan Brazil, un Dj brésilien, pour une chanson dont le titre est I love Bananas. C’est très drôle, je te laisse imaginer. C’est entre la lambada et la techno cheesy. j’ai aussi collaboré avec Kavinsky. et avec un groupe japonais eighty Kids pour un titre, Spoiled Boy.

Chronique

Après le décevant Donkey paru il y a quelques années, on était en droit de s’inquiéter pour l’avenir des Brésiliens de CSS, coincés entre un retour de hype suite à un premier album plébiscité de toute part et une présence sur le devant de la scène indie qui se faisait tarder. Avec ce troisième opus, La Liberacion, les Brésiliens créent un véritable crossover entre dance pop ultra cheezy (l’inaugurale I Love You) et indie rock plus alternative (La Liberacion). Décomplexés, ils se font plaisir et ça s’entend. Dansante, colorée et résolument sexy, la bande de Lovefoxx signe son grand retour. CSS ose tout : le piano à queue sur Partners In Crime, les incursions nineties (Ruby Eyes), la pop éthérée (Red Alert) ou encore le punk riot grrrl (Fuck Everything). Certes, La Liberacion ne changera pas votre vie, mais il aura le mérite de vous faire danser cet été après plusieurs mojitos. GC

CSS, La Liberacion (Cooperative) www.myspace.com/canseidesersexy