Après trois mixtapes et un buzz sur le Net relayé par Mark Ronson,Theophilus London sort un véritable premier album Timez Are Weird these Days, aidé à la production par son ami Dave Sitek deTV OnThe Radio. Le disque est plus pop que ses premières cassettes, mais ne perd rien de son énergie.
C’est la première fois que tu viens en France ?
Non, j’avais déjà joué pour le festival des inrocks à la Boule noire à Paris en novembre dernier, mais je n’avais pas eu le temps de visiter. C’est la deuxième fois que je fais un concert dans cette ville. Pour cette tournée, Devonte hynes (leader de lightspeed Champion, ndlr) joue de la guitare dans mon groupe.
Tu as travaillé avec Dave Sitek pour cet album…
Oui. Dave haynes de tv on the radio a aussi joué de la guitare pour ce disque. et aussi avec Mark Ronson, j’avais déjà collaboré avec lui dans le passé. il avait écouté mon myspace et m’avait contacté. j’étais surpris qu’il soit tombé dessus. Son mail était perdu parmi plein d’autres, j’ai d’abord cru que c’était une blague. je recevais tellement de mails bidon de gens qui voulaient être soit mon producteur, soit mon manager, soit ma petite amie, et souvent tout ça à la fois.
Tu es assez fan des eighties. Qu’est-ce que tu aimes dans cette période ?
Je ne suis pas non plus complètement fasciné, mais quand je regarde des photos dans les magazines des années 1980, tout y est plus brillant, plus intelligent, plus beau. J’adore l’esthétique. mais je n’écoute pas que cette période. Toutes les décennies ont leur importance, mais pour des raisons diverses. J’écoute du punk, du rock, de la chillwave… il y a plein de choses intéressantes qui se passent en ce moment. Il y a ce nouveau mouvement qui s’appelle le blograp. je n’ai aucune idée de ce que ça peut être. j’étais très fan des Smiths quand j’étais adolescent. Ce qui est marrant, c’est que, bien des années plus tard, j’ai rencontré leur bassiste andy et depuis on est amis. j’adore morrissey, je le considère comme une icône, c’est un frontman avec beaucoup de charisme ainsi qu’un songwriter de génie.
Que penses-tu de Tyler The Creator, qui est perçu comme le renouveau du hip-hop ?
Je pense que c’est exactement ce dont le hip-hop avait besoin. Je trouve qu’il a une démarche qui se rapproche des débuts d’Eminem. Ça parle autant à la communauté noire qu’aux indie kids. je ne pense pas que ce soit la relève du wu tang Clan comme le disent certaines personnes. Ghostface Killah et les autres font ça sérieusement depuis le début.
Tu viens de Brooklyn. Comment as-tu vu la scène musicale évoluer ?
Je ne suis pas trop au courant de ce qui s’y passe. J’ai beaucoup voyagé ces quatre dernières années. mais j’ai enregistré mes premières mixtapes là-bas. il y a beaucoup d’énergie, beaucoup de créativité. mais je suis parti enregistrer à los angeles pour cet album. le soleil, les barbecues, c’était génial.
Quel est ton premier souvenir musical ?
Une cassette de michael jackson, Bad. j’adorais la pochette, elle me fascinait. Ça m’a littéralement transformé de voir ce mec me regarder dans les yeux avec son air de bad boy.
Tu te sens proche d’autres artistes actuels ?
Oui : Dave Sitek, major lazer, Glasser, je les connais tous. je vois theophilus london comme une véritable famille, avec pas mal de gens qui gravitent autour.
Ce n’est pas trop dur de jouer cet album sur scène ?
Il y a tellement d’éléments… (Rires.) Ce n’est pas si facile, non ! mais ce qui est intéressant, c’est que le live est différent de l’album. on a énormément bossé pour le live. auparavant, les gens m’appelaient pour jouer partout alors qu’il n’y avait encore qu’une mixtape et j’étais souvent obligé de jouer seul sur scène. C’était très frustrant. maintenant, on est un vrai groupe et ça change tout. je veux que le disque soit le mieux rendu sur scène.
Tu t’intéresses à la mode. Comment décrirais-tu ton style ?
C’est un peu eighties, un peu punk, un peu geek, un peu hip-hop, un peu tout ça à la fois. j’adore essayer différents styles et les combiner. je ne cours pas les défilés, mais je respecte énormément le travail des créateurs. j’adore le style de Kanye west.
Chronique
C’est qu’ils se font de plus en plus rares, les artistes hip-hop à oser autant pousser les métissages musicaux grâce au terme (parfois vulgaire) qu’est la fusion. Avec les années, une bonne partie de la scène hip-hop s’est complètement laissée gangrener par le « Guns, Bitches and Bling » à défaut, pour certains, d’avoir une réelle créativité musicale. Originaire de Brooklyn, Theophilus London crée le crossover. Aussi proche de Mark Ronson, Glasser, TV On The Radio, cet indie kid se revendique autant de The Smiths que du Wu Tang Clan. Une ouverture d’esprit qui fait mouche avec son premier album Times Are Weird these Days. Dès les premières mesures de Last Name London, Theophilus annonce la couleur. Ce premier album est un disque énergique et foutrement dansant. Entre électro, rock, hip-hop et dance (parfois cheesy, il faut l’avouer), l’Américain, à l’image de son mètre 90, voit grand. Et ça marche. GC
Theophilus London, Timez Are Weird these Days (Warner) www.myspace.com/theophiluslondon