Après les récents scores de vente hallucinants de Beyoncé (brisant au passage quelques records de ventes, le tout sans promo mais en faisant le buzz tout de même), l’avènement de stars comme Rihanna, Taylor Swift et autre Miley Cyrus, toutes classées dans le Top 10 des artistes du Billboard 2013, on pourrait croire que la place des femmes dans la musique n’est plus à faire. La réalité est plus compliquée et du côté de la musique électronique peut être deux fois plus. On ne trouve que 21% de femmes dans le Top 2013 de l’influent NME et 10 sur 75 lauréats pour Resident Advisor. DJ Mag se place lui bon dernier avec 3 sur 100 (en même temps, quand on regarde le top 10 on a pas forcément envie de se retrouver aux côtés d’Avicii, Tiësto, Steve Aoki ou David Guetta…). Finalement, la musique reflète la société et le long chemin qu’il reste à parcourir pour la parité, avant de pouvoir être représentées au même titre que les hommes. Ce manque d’exposition n’est pour autant pas handicapant pour nos deux challengers du jour, Nina Kraviz, jeune russe qui fait tourner la tête de la planète entière et Maya Jane Coles, londonienne, révélée au monde en 2010 après la sortie sur Real Tone Records de son EP What They Say.

Nina Kraviz occupe une place plutôt inconfortable dans le monde électro. Souvent critiquée pour sa plastique jugée plus attractive que sa musique, beaucoup remettent en question sa carrière fulgurante et l’espace qu’elle occupe sur la scène techno. Souvenez-vous les foudres que s’était attirées la DJ lors de l’interview dans sa baignoire, encore une fois accusée d’une hyper sexualisation de son image. Laissons ces débats à ceux que ça intéresse encore, pour se pencher un peu plus sur sa musique. C’est le new-yorkais Jus Ed qui découvre la jeune russe (le rapprochement entre les deux blocs à donc du bon !) courant 2009 et qui la signe sur son label Underground Quality, référence en matière de deep house. Après une panoplie d’EP et de mix, elle sort en 2012, son premier album éponyme Nina Kraviz. Le style est très épuré, peu d’instruments, la voix lascive et nonchalante de Kraviz habite les morceaux, le tout donnant une force d’attraction assez déroutante. Deux Boiler Room plus tard, au début du mois de décembre, c’est un second album intitulé Mr Jones qui voit le jour, toujours dans ce style minimaliste propre à la sibérienne. Mais peut être un peu trop cette fois-ci. Si l’album est cohérent, l’ensemble reste un peu trop lisse, bien que plus tapageur que son premier opus. Il n’empêche que des morceaux comme Sheer ou Desire feront très certainement bouger la tête des habitués des Concretes et autres Time Warp. 

Maya Jane Coles elle, sort de l’ombre en 2010 avec l’EP What They Say, dont le titre éponyme est devenu une véritable référence dans le milieu deep-house. La musique commence tôt pour l’anglaise. Vers ses quinze ans elle décide de se mettre à produire sur son ordinateur, son premier morceau sorti, elle décide d’en faire son hobbie de toute une vie. Venue de la scène hip-hop, elle s’embarque dans le grand bateau de l’électronique à dix-sept ans avec les premières sorties dans la capitale, sur les scènes Drum n Bass et Trip Hop. Coles puise ses influences dans l’atmosphère londonienne et c’est pourtant sur un label français, Real Tone, qu’elle sort en 2010 le fameux What They Say repris par les DJs dans des soirées aux quatre coins du globe. Fin 2012, elle monte sa propre écurie, I Am Me, entre temps, elle faisait la couverture de Mixmag et réalisait un Essential Mix  pour la BBC1. Si ses premières productions sont ancrées dans la scène deep house, c’est plus pop qu’on la retrouve sur son premier album Comfort. Aux côtés de poids lourd comme Tricky ou Miss Kittin, l’album reste tout de même en deçà des ses premières ébauches. Un poil fébrile, des morceaux comme Everything ou Come Home n’apporte pas grand chose de novateur. C’est déçu mais pas dépité que l’écoute se passe, ce qui rassure c’est que Maya Jane Coles à encore du chemin à parcourir et donc, largement le temps de se bonifier.   

Dire qui de Maya ou de Nina remporte la partie s’avère être une tâche compliquée. Les deux présentent autant de qualités que de défauts. Si Nina Kraviz semble se reposer sur ses lauriers, l’hyper-productivisme de Maya Jane Coles pourrait la mener dans de mauvais travers. Côté positif, Kraviz brille tellement que passer à côté de son art est quasi-impossible quand Maya Jane Coles séduit par la force de sa détermination. Pour trancher, si on se fie au top DJ Resident Advisor Maya Jane Coles se place en bas du Top 10 quand Kraviz tombe à la 47ème place, peut être faut il y voir là plus de promesses de la part de la jeune Anglaise…