Le nom de Rowan Blanchard ne vous dit peut-être pas grand chose, voire même rien, mais elle est un petit phénomène aux États-Unis. Cette actrice de 13 ans (Le Plan B, Spy Kids 4, Le Monde de Riley), a été vendredi sollicitée pour répondre à une question de l’un de ses fans sur le féminisme. Et la réponse de l’actrice, considéré aujourd’hui comme essai, a fait beaucoup parler.

Vendredi dernier sur son compte Instagram, l’actrice de 13 ans a éblouit ses fans en postant un discours plein de sens. Tout a commencé sur son Tumblr, lorsqu’un de ses fans lui a posé une question sur le terme de féminisme blanc : “Rowan, j’aimerais te poser une question sur le terme de “féminisme blanc” et comment le féminisme dit “mainstream” arrive à exclure les personnes de couleur, les trans, les queers ou cisgenres ». L’actrice a répondu en publiant un véritable essai, tout d’abord en soulignant le fait que son féminisme inclut tout le monde”. Elle poursuit ensuite en pointant du doigt les faiblesses du féminisme mainstream :

“Les principales questions abordées par le féminisme commun sont le viol, les agressions sexuelles, l’avortement, le planning familial, la violence domestique, l’égalité salariale etc. Les féministes maistream ont également adopté les questions sur mariage gay, ce qui est génial. Toutefois, il y a de nombreuses questions que les féministes devraient adopter, car beaucoup d’entre elles ne comprennent pas que les questions des violences policières et de la couleur de peau sont également à aborder.”

Car les violences policières dont elle parle touchent -nous le savons tous- très fortement les Noirs aux États-Unis, et beaucoup les femmes Noires. Donc Rowan Blanchard met ici en évidence le fait que les féministes ne prennent pas en compte l’intersectionnalité. L’intersectionnalité est une notion employée en sociologie et réflexion politique qui désigne le situation de personnes ou d’un groupe de personnes subissant plusieurs formes de domination et de discriminations en même temps. Et les féministes mainstream sont souvent accusées de ne pas prendre en compte cette intersectionnalité en ne prenant pas en compte les problématiques de ces groupes sociaux, ou bien certaines fois de participer à ces intersectionnalités là, car quand nous observons bien, les groupes féministes les plus connus et les plus mis en avant par les médias sont le plus souvent constitués de femmes blanches d’un certain milieu. D’ailleurs, en France, ces questions sont souvent reprises par les blogueuses Mrs Roots et Kiyemis, ou bien par la comédienne et réalisatrice Amandine Gay.

Le “féminisme blanc” oublie toutes les questions du féminisme intersectionnel. La manière dont une femme Noire ressent le sexisme et les inégalités n’est la même que la manière dont une femme Blanche les ressent. C’est également le cas pour une transsexuelle ou bien pour une hispanique.” poursuit l’actrice, qui ensuite met en évidence les écarts de salaire pour les femmes de différentes couleurs aux États-Unis. Elle poursuit ensuite son essai sur les différentes oppressions que les femmes peuvent subir :

“Les femmes subissent des oppressions dans de diverses conditions et divers degrés d’intensité. Les oppressions des des différents groupes culturels ne sont pas interdépendants mais sont liés et influencés par le système intersectionnel que notre société. Cela inclut la couleur, le genre, ou la classe. Il est donc important de protéger les trans, constamment insultées car elles pas considérées comme des femmes, et qui sont de grandes cibles d’agressions sexuelles et de crimes motivés par la haine. Les gens semblent d’ailleurs oublier que les femmes noires sont victimes de la police de Sandra Bland à India Clarke, une transsexuelle battue à mort en Floride il y a un mois.”

Discours qui n’est pas sans rappeler celui d’Amandla Stenberg, elle aussi jeune actrice (Hunger Games) qui prend très à cœur les questions de féminisme et de couleur de peau, mais aussitôt reléguée au stéréotype “d’angry black women”, ce qu’a souligné Rowan Blanchard. L’actrice conclut donc son essai avec cette phrase :

Il ne faut pas voir le féminisme d’un point de vue unilatéral, quand la réelle définition est l’égalité des sexes. Nous avons besoin d’aller au delà de ça, cette discussion conduit à changer.”

Voici l’essai en entier :

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