DIGITAL COVER

 

CRÉDITS MODE DIGITAL COVER

Hélène porte une jupe longue en cuir CELESTINA AGOSTINO,

un bandeau en cachemire CHAM

 

SÉRIE MODE

 

 

CRÉDITS SÉRIE MODE

Photographe Mathieu Baumer –

Styliste Charlotte Renard – MUA & Hairstylist Karine Marsac



 

 

RHYTHM. LIVE SESSION

CRÉDITS MODE LIVE SESSION

Hélène porte un débardeur noir MATTEAU, un pantalon en soie MARIA DE LA ORDEN,

slingback en cuir vernis noir NOMASEI

 

CRÉDITS LIVE SESSION

Direction artistique Modzik Connect! – Réalisation Marc Desti  

Chef Opérateur Matyas Vertesi – Montage Florencia Libertini – Étalonnage Kim Huynh

Ingénieur du son Arthur Kern pour Flam – Styliste Charlotte Renard

Hair & Makeup Karine Marsac – Production Agence Modzik Connect!

Remerciements Label Wagram Musique et E-STUDIOS @e.studios.paris

 

 

 

 

L’INTERVIEW

 

 

Après avoir conquis les scènes parisiennes en un temps record, Hélène Sio vient tout juste de dévoiler son premier EP, Les ratures. Marqué par son expérience personnelle et une urgence de vivre, cet opus reflète ses blessures, ses amours et sa résilience. Rencontre avec une artiste qui conjugue introspection et détermination.

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L’amour dans tes textes, pour guérir ou partager une expérience ?

Je n’écris jamais dans le but de « partager » de prime abord une expérience vécue, qu’elle ait été jolie ou non d’ailleurs. Je crois que j’écris d’abord pour me débarrasser, que ça sorte de moi et de mon ventre, par nécessité, passer à autre chose, guérir oui dans certains cas. Je suppose que c’est le b.a.-ba de nombreux artistes : écrire pour se soulager. Moi j’écris beaucoup sur l’amour parce que j’ai l’impression d’être vraiment habitée par une forme d’urgence de vivre, et vivre des histoires d’amour bien sûr, ça me maintient, ça me motive et ça m’inspire./

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Après ton accident de santé, qu’est-ce qui a changé dans ta façon de vivre ou de créer ?

Ouch ! Absolument tout. Mais j’aime à penser que ça m’aura permis de me retrousser les manches. Je suis quelqu’un qui a beaucoup la flemme, et un tel choc ça réveille. Tout change dans ta façon de penser ta vie, ta philosophie, ta relativité, et ta création bien sûr. Je dis souvent que je ne sais pas si c’est ça qui m’a donné envie d’écrire et composer ma musique, mais qu’en tout cas c’est après que je m’y suis mise. J’avais des choses à guérir et il fallait que je trouve un moyen de les raconter.

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Quand tu écris, tu penses d’abord à toi ou à ton public ?

Je ne pense jamais à mon public quand j’écris. J’écris d’abord pour moi. Bien sûr, j’essaye de faire en sorte que ce que j’ai envie de raconter puisse être compris, partagé ou entendu par d’autres, alors parfois je me force à raconter au mieux, à retranscrire le plus fidèlement dans ce but, mais ce n’est vraiment pas la première chose à laquelle je pense en réalité.

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Quelle chanson des années 70 te fait encore vibrer aujourd’hui ?

Je dirais September d’Earth Wind and Fire. C’est un des groupes qui a bercé mon enfance. Ma mère nous réveillait avec les jours de départ en vacances, ou la mettait très fort dans la maison pour nous motiver lors des gros ménages de printemps. C’est d’ailleurs toujours la première chanson que je mets dans mon propre appartement quand je fais le ménage.

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Travailler avec Disiz ?

C’est trop cool. Il a vraiment été très délicat et bienveillant dans sa manière de me guider, de me proposer de nouveaux arrangements, sur sa propre chanson. Pour le contexte, j’ai quand même enregistré des voix sur ses paroles, avec mon mini arrangement piano à la base, à quelques mètres de lui. Le stress était intense mais la vraie jolie émotion a vite pris le pas. C’était très intéressant comme exercice.

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Quel concert t’a le plus marquée ?

Si je pense à quelque chose de plutôt récent et de français, aucun doute sur les dernières Cigale de Juliette Armanet fin 2023. La lumière, le son, les musiciens, la scénographie, la prestance, la voix, le show, tout m’avait conquise et je me souviens ressortir de la salle en me demandant comment on pouvait faire mieux que ça dans ce style-là, c’était un vrai 10/10 pour moi.

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Peux-tu nous parler de ton premier EP ?

Mon premier EP s’appelle Les ratures – pourquoi j’ai choisi cette chanson en titre éponyme ? – , parce que c’est la première chanson que j’ai écrite de l’EP, donc je trouvais que la boucle était bouclée et que c’était beau et puis dans les ratures y’avait une notion de correction pour avancer, de corriger quelque chose pour aller de l’avant, je me suis rendu compte que c’était exactement tout ce que j’avais fait dans ma vie, c’est-à-dire il m’est arrivé un truc et fallait que j’y aille, que je vive plein de trucs donc plein d’histoires d’amours, des trucs chiants, des trucs pas chiants, des trucs où j’en avais marre ou je me cassais… Donc on a l’impression que c’est que des chansons d’amour mais pas vraiment, moi je dirais que j’ai vraiment écrit cet EP en me disant voilà, ça s’appelle Les ratures. Voilà tout ce que je raconte de cette urgence de vivre plein de choses. On rature, on corrige et on avance. Une notion un peu d’espoir et je le dis toujours, mais d’urgence de vivre quelque chose et la rature elle permet ça, elle laisse une petite trace mais comme ce qu’il y a dans mes cheveux en fait. Moi ma mèche noire elle est là parce que je sais que c’est ici que j’ai été touchée quand j’ai eu mon AVC, juste en dessous. Je voulais qu’il y ait une trace de cet événement sur mon corps. Et même s’il y a une grosse rature, le texte lui continue d’avancer.

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Comment tu peux définir ton esthétique ?

Elle est en train d’être construite donc c’est un peu délicat, j’ai beaucoup tâtonné, mon esthétique, bah ma mèche elle est là, elle fait aussi partie du truc du noir et blanc ; de la notion des choses assez graphiques… Je suis une romantique mais je ne suis pas romantique, j’avais envie de trouver quelque chose qui soit plutôt sobre et épuré, graphique et qui correspond à ma musique.

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En dehors de la musique, tu as un rêve ou une passion cachée que tu n’as pas forcément exprimée avant ?

Quand j’étais petite j’avais l’accent du sud, même si ça ne s’entend plus, j’avais cinq ans et je disais à mes parents que je voulais être coiffeuse-chanteuse. Sinon je fais de la musique tout le temps, quand j’étais pas devant ma caméra j’étais derrière puisque je travaillais dans la prod. Moi la musique j’ai toujours voulu en faire. J’étais persuadée que j’allais être chanteuse lyrique, donc de toute façon j’ai toujours voulu faire ça, maintenant comment je vais le faire et où est-ce que je vais être dans tout cet univers, ça je suis en train de le construire. J’aime tellement la musique quitte à m’en dégoûter parfois, je me suis rendu compte que depuis des années tout mon entourage fait de la musique, c’est-à-dire que mes meilleurs amis font de la musique, mes familles d’artistes font de la musique, tout mon entourage en fait et je me suis même posée la question à un moment quand je parlais avec le mec de ma sœur qui n’est pas dans la musique, je me suis dit ça fait du bien de parler d’autre chose, d’avoir d’autres sujets de conversations.

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Est-ce que tu as un endroit où tu vas pour te retrouver et où tu te sens bien ?

Alors déjà franchement, chez moi, parce que j’habite dans un arrondissement où personne ne va à part des petits vieux et des familles, le 15e arrondissement, moi quand j’y arrive je m’y sens bien et chez moi. Je peux y passer des heures de solitudes intenses et c’est là que je peux me ressourcer et évidemment le sud de la France comme c’est un peu mon pays natal. Et là j’y étais pendant deux jours et j’ai rechargé mes batteries de ouf. Donc j’ai ce luxe de pouvoir bouger. Et en termes de lieux à Paris, le Musée d’Orsay vraiment, d’ailleurs ce serait mon rêve de faire un truc au Musée d’Orsay, j’espère qu’un jour je pourrais faire un truc là-bas. Je me suis même fait une carte… je suis une zinzine du musée. Je connais toutes les salles, j’ai fait plein de prod. là-bas, je me sens super bien là-bas, il y’a du monde tout le temps mais j’adore ça. Et j’ai fait une double licence à la fac dans une autre vie encore et je me suis spécialisée dans le portrait du 19e siècle figurez-vous, et qu’au Musée d’Orsay c’est rempli de portraits du 19e siècle, donc moi c’était ma passion de voir ces portraits de gens morts.

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Le mot de la fin, que veux-tu nous dire ?

Allez écouter mes chansons et que j’espère qu’elles leur feront autant de bien que moi elles m’ont fait du bien à mon cœur et j’ai essayé d’être la plus sincère possible dans mes chansons et j’espère que ça se ressentira.

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Texte Boris Lemoine