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À vingt ans, Sombr livre I Barely Know Her, un premier album à la fois fragile, sincère et étonnamment maîtrisé.  Shane Boose, le jeune musicien autodidacte venu de New York, semble déterminé à inscrire sa musique dans la durée. Co‑produit avec le vétéran Tony Berg (Phoebe Bridgers, Lizzy McAlpine), le disque tisse une toile cohérente où mélodies mélancoliques et envolées pop se croisent, révélant un artiste conscient de son esthétique même s’il flirte parfois avec une naïveté assumée. « Je ne mange pas, je ne dors pas, je ne parle pas à beaucoup de gens. Ma vie est dévouée à cette musique », écrit-il à la veille de la sortie de l’album.

Les singles déjà dévoilés – Undressed, Back to Friends, We Never Dated et 12 to 12 – conservent tout leur pouvoir évocateur. Undressed s’impose comme une ballade délicate et retenue, témoignant d’une écriture sensible. Back to Friends, plus direct,  se distingue par son énergie pop immédiate. We Never Dated incarne une vulnérabilité crue. 12 to 12 instille une effervescence nocturne, une échappée où le corps semble enfin passer avant le cœur. Ces titres balisent le parcours émotionnel du disque et montrent que Sombr sait varier les registres, même dans un cadre stylistique très personnel.

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Sombr en studio ©Instagram Sombr

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En dix titres et trente-sept minutes, Sombr trace les contours d’une rupture : solitude, désir, lucidité et souvenirs tenaces. L’album s’inspire des « amours de jeunesse, des pièces mal éclairées, des nuits blanches, de l’amour, de la perte et de la vie ». Multi-instrumentiste (guitare, basse, claviers, batterie), il revendique une fidélité à la pop classique : chaque morceau suit un format couplet-refrain-pont, prenant le temps de se déployer.

Au cœur de l’album, Canal Street se détache comme un moment de grâce. Ballade épurée et nostalgique, elle puise dans la mémoire du Lower Manhattan et laisse parler une écriture délicate. Le titre évoque son retour à New York à Noël, le temps d’une vieille relation où rien ne semble plus jamais pareil. Là où d’autres morceaux s’enveloppent de reverb, Canal Street respire. La voix s’y fait plus nue, qui n’est sans rappeler un Jake Bugg passé aux filtres vocaux. Ce silence intérieur trouve, dans le mix, un écrin respectueux.

Le final, Under the Mat, offre une conclusion tout en tension. Avec cette image forte d’une clé laissée sous le paillasson, porte fermée, non verrouillée ; amour terminé, sans être tout à fait oublié. Sombr y atteint une forme de maturité, tant dans la composition que dans le chant. Des harmonies vocales subtiles évoquent les Beach Boys, comme sur We Never Dated, autant que les textures lo-fi contemporaines. La confession reste retenue, mais puissante.

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L’album n’échappe pas à quelques écueils : effet vocal uniformisé, production parfois trop lisse. certains morceaux, se dissolvent dans un ensemble homogène. Cette saturation de reverb peut gêner la clarté de l’ensemble.

Pourtant, réduire I Barely Know Her à ses défauts serait passé à côté de l’essentiel. On y entend une volonté sincère d’écrire, de structurer, de formuler quelque chose. Le disque tâtonne, explore, reste fidèle à une vision.

À vingt ans à peine, Sombr signe un journal de bord intime, transformant solitude et ruptures en matière première. Son album oscille entre pudeur, intensité et immédiateté pop. Il y manque parfois la finesse, mais la trajectoire est promise. On y découvre un artiste qui sort de sa chambre pour monter sur scène, parfois hésitant, mais parfaitement conscient de chacun de ses pas.

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I Barely Know Her est disponible via  SMB Music/Warner Records Inc. En concert à Paris (Pleyel) les 27 février et 1er mars 2026 (complets).

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Texte Lionel-Fabrice Chassaing

Image de couverture Droits réservés