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Doit-on encore présenter Flore Benguigui ? Ancienne chanteuse du groupe l’Impératrice, groupe masculin, Flore a longtemps évolué dans un univers où les femmes étaient rares et souvent reléguées à des rôles secondaires. Cette expérience a nourri son engagement à créer un espace où les musiciennes et minorités de genre peuvent non seulement se rencontrer, mais aussi jouer et expérimenter ensemble, loin des normes sexistes et de la pression de performance qui dominent trop souvent dans les jams traditionnelles. Avec Sophie Newman, sa manageuse, elle crée un collectif Cherchez la femme, qui est au départ, un podcast où elle met en lumière les femmes du monde de la musique sous toutes leurs facettes : en racontant leur histoire, en diffusant leur musique, et en leur donnant directement la parole sur leur place dans un milieu résolument masculin.

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Illustration Sarah Fabre

 

L’initiative Cherchez la Jam, lancée par le collectif, répond à un besoin crucial de réinventer l’inclusivité dans le monde du jazz avec la volonté de créer un cadre bienveillant et fluide pour les artistes. Chaque session débute par un set du house band féminin, constitué d’un trio permanent de musiciennes et d’une invitée instrumentiste ou chanteuse. Ensuite, la jam s’ouvre à tous, avec une inscription (ou à main levée) pour encourager un roulement et une libre expression de chaque participante. L’objectif est de créer un espace sans pression, où les musiciennes peuvent s’exprimer librement et s’entraider, dans un cadre respectueux et inclusif.

Dans le milieu du jazz, les jams sont souvent perçues comme des espaces difficilement accessibles pour les femmes et les minorités de genre, qui doivent encore naviguer dans des environnements largement dominés par les hommes. Selon une étude publiée l’an dernier, les musiciennes tendent à être sexualisées, les hommes plus représentés dans toutes les catégories d’instruments, les cuivres, la guitare et la batterie en tête… « Pour l’instant, le jazz n’est pas devenu un univers plus mixte, plus paritaire, plus ouvert », pointe Marie Buscatto, professeure de sociologie à l’université Paris 1, qui a coordonné l’étude.

Cette initiative répond à cette problématique persistante : les jams de jazz, souvent dominées par une ambiance masculine, sont souvent difficiles d’accès pour les femmes. Comme le souligne Flore Benguigui, les femmes doivent surmonter des obstacles nombreux, entre sexisme latent et pression de performance.

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Illustration Sarah Fabre

 

Cherchez la Jam fait écho à d’autres initiatives comme celle d’Emma Mellado à Strasbourg, où des événements en mixité choisie, comme ceux organisés par le collectif Incisifves, permettent aux musiciennes de se rencontrer et d’évoluer dans un environnement plus respectueux. Ces événements montrent à quel point l’échange et l’inclusion peuvent donner aux musiciennes la confiance nécessaire pour s’exprimer pleinement, loin des jugements ou des pressions sexistes.

En réunissant les musiciennes dans un espace respectueux et solidaire, Cherchez la Jam cherche à redéfinir les contours du jazz pour en faire un lieu où la diversité est célébrée, et où les femmes et minorités de genre sont enfin reconnues comme des actrices majeures de la scène musicale.

Cherchez la Jam, rendez vous mensuel, prendra ses marques au Point Ephémère, en partenariat avec la Fondation des Femmes et la Sacem. Sont annoncées : Sarah Kay (piano), Juliette Boyer (contrebasse/basse), Mario Ramanivosoa (batterie) et l’invitée du mois : Nina Tonji.

 

Chercher la Jam, 1ère au Point Ephémère le 11 avril 2025. Evènement gratuit.

 

 

Texte Lionel-Fabrice Chassaing

Image de couverture Aurelie Lamachère