/

Après avoir marqué les esprits avec Palais des courants d’air et Grief Seed, Lili Castiglioni s’apprête à ouvrir un nouveau chapitre de sa carrière. Le 2 juillet, elle dévoilera un single inédit, plus house et glamour que jamais.

 

Intrigante, la chanteuse s’est imposée sur la scène émergente grâce à un mélange singulier mais savant de trip-hop, pop ambiante et influences électroniques. Son univers, à la croisée du digital Y2K et de l’esthétique Gothic Lolita, se distingue par des productions raffinées et des visuels travaillés : entre mode, culture internet et inspirations japonaises.

Rencontre avec une artiste qui transforme ses états d’âme en hymnes dansants et qui, projet après projet, réinvente son identité sonore et visuelle au grès de ses envies.

 

Tu as sorti ton deuxième EP, Grief Seed, en janvier dernier. Peux-tu nous raconter la genèse de ce projet ? Quelles expériences ou émotions t’ont nourrie durant sa création ?

L’idée de Grief Seed m’est venue lors d’un séminaire avec l’équipe Nava, le collectif dont je fais partie. À ce moment-là, je traversais un gros syndrome de la page blanche, car je venais de sortir Palais des courants d’air et je pensais ne jamais pouvoir faire mieux. C’est en discutant avec un membre de Nava, de ce que je ressentais, que le projet a vraiment pris forme. J’ai commencé en utilisant deux prods que j’avais déjà faites, dont une initialement prévue pour un rappeur, mais que j’ai finalement gardée pour moi. Ce projet est né de plusieurs expériences négatives vécues à Paris, mais j’ai réussi à en faire quelque chose qui, je l’espère, n’est pas trop sombre.

 

Y a-t-il un morceau du projet qui te tient particulièrement à cœur ou qui a une histoire spéciale ?

Oui, Emergency Loop. Ce morceau est destiné à une personne que je n’ai pas pu voir depuis des années, mais qui compte toujours beaucoup pour moi. C’est mon seul moyen de communiquer avec elle, pour qu’elle sache ce que je ressens et que je l’aime.

 

Tu t’apprêtes à sortir ton nouveau single Only One, le 2 juillet. Peux-tu nous en dire plus ?

Ce nouveau morceau sera très différent de ce que j’ai pu proposer sur Grief Seed ou Palais des Courants d’Air. Il sera beaucoup plus house, beaucoup plus glamour. J’assume davantage mon côté girly, que je cachais auparavant, et ça me fait du bien de renouer avec cette part de moi.

 

Quelle place occupent l’expérimentation et la liberté artistique dans ce titre ?

Je dirais que l’expérimentation compte pour moitié. Je reste assez scolaire dans la structure, avec un format pop presque mainstream, donc il n’y a pas énormément d’expérimentation sur la composition. En revanche, j’aime beaucoup expérimenter avec ma voix lors des enregistrements.

/

@dorinne.mcl

/

Ton univers visuel oscille entre esthétique sombre et touches Gothique Lolita. Quelles sont tes principales inspirations en matière d’image ?

Je passe énormément de temps sur Tumblr, c’est une vraie source d’inspiration depuis 2012. Je m’inspire aussi beaucoup de mes films et de mes animés préférés, comme Fullmetal Alchemist ou surtout Paradise Kiss, qui influence la dimension fashion de mes prochains projets. J’aime aussi l’imagerie de la marque Anna Sui.

 

D’ailleurs, quel rôle joue la mode dans ton identité artistique ? As-tu des créateurs ou mouvements qui t’inspirent particulièrement ?

Mon amour pour la mode ne se voyait pas forcément dans mes projets précédents, car je me cachais un peu derrière la musique. Mais j’adore Anna Sui, Vivienne Westwood (surtout les collections des années 90), et l’époque Love Angel Music Baby de Gwen Stefani. J’aime aussi Hysteric Glamour, Courrèges dans les années 60. Ou encore Prada, et des créatrices comme Monique Fey. Côté mode japonaise, je suis fan de marques Lolita comme Baby the Stars Shine Bright ou Angelic Pretty. J’aime aussi beaucoup les rayures, sous toutes leurs formes, qu’elles soient horizontales ou verticales. Toutes les rayures !

 

Comment travailles-tu l’articulation entre ton image, ta musique et tes clips ?

J’essaie toujours de faire en sorte que l’univers visuel corresponde à ce qu’on entend dans ma musique. Par exemple, si j’utilise beaucoup de sons évoquant des paillettes, je vais chercher à créer un visuel glamour et féminin. Si l’ambiance est plus sombre, je ne vais pas forcément plonger dans quelque chose de très noir, mais plutôt jouer sur des teintes violettes ou rouges foncées, avec beaucoup d’ombres, sans que ce soit triste pour autant. J’aime le contraste, j’adore la couleur, même si je m’habille souvent en noir.

/

/

Te souviens-tu de ton tout premier set ou concert ? Quelle sensation en gardes-tu ?

Oui, c’était dans un bar qui s’appelle le Bocata, dans le 9e arrondissement. Il n’y avait que trois personnes dans la salle. Avant ça, je mixais uniquement dans ma chambre, sur mon ordinateur. Ce soir-là, une fille que je ne connaissais pas m’a proposé de venir mixer, et j’ai accepté sans hésiter. C’était un petit événement, mais pour moi, c’était énorme. La semaine suivante, j’ai ramené quelqu’un qui mixait aussi, et il a invité beaucoup de monde. Je me suis retrouvée à mixer devant une salle pleine, avec la pression qui va avec. C’est comme ça que tout a vraiment commencé pour moi.

 

Tu cites parmi tes influences Caroline Polachek, Kate Bush, Massive Attack, Charli XCX, Daft Punk et les membres de Nava. Qu’est-ce que tu retiens de chacun dans ta propre musique ?

Charli XCX m’a beaucoup marquée à l’adolescence :: j’étais ravie de découvrir une artiste avec qui j’ai des caractéristiques physiques similaires, qui mélangeait pop et witch house. Je me suis sentie représentée en quelque sorte ! Caroline Polachek, c’est l’aspect recherche et curiosité : j’aime sa façon d’intégrer des influences variées, même inattendues, dans sa musique et son univers visuel. Daft Punk m’a donné le goût de la musique électronique et des sons qui surprennent. Et pour Massive Attack, ce sont les lignes de basse, un élément que j’adore travailler dans mes morceaux. Et puis il y a toutes les autres influences, qui nourrissent mon envie d’expérimenter et d’explorer différents univers.

 

Au-delà de la musique, quelles sont tes autres sources d’inspiration ? Par exemple, cinéma, littérature, art visuel…

Le cinéma est une grande source d’inspiration pour moi, même si mes goûts sont assez éclectiques. J’aime autant des films très mainstream comme Kill Bill ou Mean Girls, que des œuvres japonaises comme Princesse Mononoké ou Nausicaä. Interstella 5555 m’a aussi beaucoup marquée, tout comme les films Millenium, que ce soit la version suédoise ou celle avec Daniel Craig. Visuellement, je suis aussi très influencée par l’esthétique des animés et de certains réalisateurs japonais. Je passe beaucoup de temps sur Tumblr, où je pioche des idées et des références tous les jours depuis des années.

 

As-tu des collaborations rêvées ?

J’ai une vraie liste de collaborations rêvées ! J’aimerais beaucoup travailler avec Daniela Lalita et le groupe EQ : je trouve toutes très talentueuses et inspirantes ! Erika de Casier, Isabella Lovestory et Addison Rae font aussi partie de mes envies, car elles ont chacune un univers fort et singulier. J’adorerais aussi collaborer avec Orties et Lady Miss Kier du groupe Deee-Lite, même si elle n’est plus active aujourd’hui, ce serait un rêve car elle a une énergie extraordinaire et je pense que le monde de la musique lui doit beaucoup (tout comme Orties). Enfin, Thomas Bangalter fait aussi partie de mes références, ce serait incroyable de pouvoir créer quelque chose avec lui un jour.
Je manifeste tout ça, on ne sait jamais !

 

Texte Tiphaine Riant

Image de couverture @dorinne.mcl