Mikaela Straus AKA King Princess, on la connait grâce à son single “1950”, devenu une vraie hymne pour le mouvement LGBTQ+. Petite protégée de Mark Ronson signée chez Zelig (son propre label), elle vient de publier son tout premier album: Cheap Queen (Sony Music). On y retrouve des notes de rock old school, un héritage qu’elle doit à ses parents, et bien sûr de pop, une identité bien à elle qui nous a fait nous poser bien des questions, que se cache-t-il derrière ses bouclettes et son teint de bébé? Rencontre.

Qu’est-ce que tu écoutais quand tu étais petite ? Tu avais des poster dans ta chambre ?

J’avais des posters de Led Zepplin, des Beatles… J’écoutais Jack White, beaucoup de classiques grâce à mes parents, ces rockeurs, ça coule de sens. Les Rolling Stones, David Bowie mais aussi Joni Mitchell et du trip hop comme Massive Attack. Aujourd’hui, ma musique est un gros mélange de toutes les influences que j’ai pu acquérir dans ma vie.

Pourquoi as-tu décidé de nommer ton album Cheap Queen ?

C’est un terme de la communauté des drag queen, j’aime ce qu’il représente, le fait main, une reine à petit budget, ça ne m’a jamais aussi bien représenté. C’est aussi mon nom de drag queen.

Comment as-tu rencontré Mark Ronson, depuis qu’il est entré dans ta vie, qu’est ce qui a changé ?

Tellement de choses. Il aimait tellement mon EP, du coup j’ai commencé les négociations pour signer dans son label. Puis je suis tombée amoureuse de sa personnalité, de sa gentillesse. En sa compagnie, je me sens comme une jeune productrice qui grandit à ses côtés. J’ai l’habitude de tout composer seule et j’apprends beaucoup de lui. Rien qu’à le regarder, je m’améliore.

© Vince M. Aung

Comment s’est passé ta collaboration avec Tobias Jesso Jr, qu’est-ce que vous avez en commun ?

Je l’ai rencontré, on écrivait des chansons ensemble et je suis tombé amoureuse de sa personnalité. Je pourrai l’écouter parler des heures. C’est vraiment le plus marrant, la façon dont il raconte des histoires est tellement drôle, tous ces gens qui font de la musique triste, ce sont les plus drôles dans la vie, comme moi en fait ! Aussi, c’est le dieu des mèmes, il adore troller.

Qu’est ce qui t’a inspiré pour écrire « Homegirl » et qu’est-ce que ça signifie pour toi ?

C’est une vraie histoire. J’étais à une soirée, accompagnée d’une personne avec qui je sortais depuis un moment, j’étais vraiment morte ce soir là et elle ne voulait pas montrer qu’elle était avec moi parce qu’on était en public. Tous les mecs voulaient la draguer, je me sentais super seule et qu’elle ne veuille pas être vue avec moi, c’était horrible. Ça m’a brisé le cœur, on ne m’avait jamais dit un truc aussi blessant. Le jour d’après j’étais déprimée, en pleine gueule de bois, j’ai quand même été au studio et on a commencé à écrire cette chanson qui raconte ce sentiment d’être impuissante face à une situation.

Quel conseil donnerais-tu aux gens qui viennent de rompre, ou qui ont un « destroyed heart » ?

Écouter mon album bien sûr (rires) ! Moi en tous cas, c’est ce qui m’a permis de tenir. Quand on a le cœur brisé, l’important c’est d’extérioriser sa peine dans l’art, il faut écrire, peindre, prendre des photos…

© Vince M. Aung

Quels sont les meilleurs et les pires souvenirs de tes tournées ?

Je dirais que c’est difficile de voyager et de vivre sa vie, de prendre du temps pour soi, pour son corps, pour les personnes que l’on aime. Tu es à l’autre bout du monde, quelqu’un te manque sans cesse. Parfois, j’étais si absente, j’avais le sentiment d’être exclue avec mes amis, et en parallèle tu ne peux pas t’empêcher de constater que tu es dans l’une des plus belles villes du monde…  C’est donc beaucoup de hauts et de bas.

Tu n’hésites pas à arborer un look androgyne, depuis quand t’es-tu dis que tu pouvais porter ce que tu voulais ?

Au lycée, je n’étais pas très bien dans mon corps. Puis à la fac, j’ai coupé mes cheveux, je m’habillais comme je le faisais comme j’étais petite, c’est-à-dire comme un petit garçon. C’était un peu un retour à l’enfance mais c’était nécessaire, pour devenir ce que je suis aujourd’hui. J’ai fait un break au lycée parce que toutes les filles essaient d’être un peu plus sexy à ce moment-là, mais je suis vite redevenue qui j’étais. 

En tant que Cheap Queen, que penses-tu de la contrefaçon ?

J’aime autant le faux que le vrai, parfois le faux c’est même mieux.

Quelle est la tenue que tu préfères dans ton dressing ?

Ma tenue préférée, c’est aussi la plus basic. Un top blanc et un pantalon de travailleur bleu. J’adore ma designer, elle s’occupe de mes tenues lorsque je suis sur scène, la combinaison qu’elle m’a fait c’est sans doute ma préférée. Sa marque est juste géniale, elle s’appelle Cleola.