Il y a peu se déroulaient les Inouïs du Printemps de Bourges, permettant à ses heureux gagnants de se produire lors du festival. Nous étions présents à la sélection Pop/Rock au FGO Barbara du 18ème, une soirée découverte mettant en concurrence Ryder the Eagle, Whacks, Rendez-Vous et les Howlin’ Jaws. Ces derniers nous prodiguèrent la claque de la soirée, avec leur fougue gominée aux sonorités fiftie’s, et nous donnaient envie de les rencontrer dans l’attente des résultats. Rendez vous pris dans leur studio de Bastille avec Lucas, Djivan et Baptiste.


Modzik : Reprenons depuis le début ! Djivan au chant et à la contrebasse, Lucas à la guitare, et Baptiste à la batterie, c’est ça ?

Howlin’ Jaws : Oui, Djivan et Lucas se connaissent depuis la maternelle. Et on connait Baptiste depuis l’entrée au collège. 20 ans et 10 ans qu’on se connaît, c’est dingue. D’autant que ça fait longtemps qu’on fait de la musique, on avait commencé avec un groupe de Punk-Rock, un projet qui a évolué jusqu’à devenir Howlin’ Jaws, il y a 4 ans.
Et ça fait déjà 3 ans que le projet est très sérieux. On a tourné en Allemagne dernièrement mais aussi au Japon.

Et c’est vous qui prospectez pour les dates ?

Oui, pour le moment on est auto-produits à 100% donc on s’occupe du booking, de la production, de la communication. On est justement en train de réfléchir à l’idée de s’entourer.

C’est un choix assez compliqué de se lancer à vos âges dans le 50’s beat comme vous aimez à l’appeler ?

On s’est rendus compte que ça peut faire niche au premier abord, mais qu’à chaque fois qu’on a eu l’occasion de jouer devant des gens pas vraiment initiés, ça les fait danser. Notre manière de jouer en ternaire parfois, et uptempo souvent se différencie du 4/4 habituel de l’electro, ça doit jouer.

Et vous faites un joli combo en vous mettant dans la poche les jeunes qui adorent danser, j’ai dansé comme un diable durant votre set, et les personnes un peu plus âgées dont vous ravivez la flamme de leur jeunesse et leur rappelez les Chubby Checker, Elvis Presley, Chuck Berry etc.

C’est pas totalement intentionnel, on a juste greffé à notre musique ce qui nous parlait sans se dire -ok, c’est ce style qu’on veut faire-, c’est peut-être une part plus visible du projet dans sa globalité. On se rend même compte qu’on a pas du tout la même vision de notre musique que les gens qui l’écoutent et qui nous disent -ah ça se ressemble à ci, ah ça ressemble à ça-. Ça doit être commun à beaucoup d’artistes.

Moi j’ai trouvé ça très dans l’ère du temps finalement.

C’est en tout cas ce qu’on essaie de faire, on veut faire un truc actuel, certes dans des sonorités plus anciennes. On est parfois perplexe quant au style qu’on pratique en fait, car tout le monde nous taxe de faire du rockabilly. Mais si tu mets nos morceaux entre les mains d’un inconditionnel de rockabilly il fait la gueule. Donc disons qu’on fait notre truc à notre sauce.

Comment vous en êtes venus du punk au fiftie’s ?

On écoutait beaucoup de trucs récents, du Punk, du Psycho. Puis on est tombés sur des trucs plus à l’ancienne à la Johnny Burnette, avec cette même énergie punk très sauvage, ces guitares très sexy à faire péter les amplis, on a pété un câble. On trouvait enfin le glamour que le Punk n’a pas. Et voir un mec à cravate tout défoncer sur scène ça en jette.

Vous aviez tous les trois le même accoutrement pendant les auditions des Inouïs, vous cherchez tout le temps à vous uniformiser ?

Oui, à chaque fois on essaie d’avoir une tenue commune. Ce soir là on avait les polos du deuxième single, surmontés de vestes noires, on pensait que ça la donnerait puisque tous nos instruments sont blancs. Et puis c’est agréable de porter une tenue de scène, plutôt que d’arriver en jean et t-shirt.

Ce qui en ressort c’est une forte proposition artistique.

Ça apporte une confiance surtout. Tu kiffes d’autant plus ton passage sur scène.

Vous aviez le trac ? Du fait que c’était davantage un concours qu’une représentation.*

Non, on avait assez travaillé pour être à l’aise et ne plus penser au set mais seulement penser à s’éclater. D’ailleurs c’était la première fois qu’on travaillait vraiment notre set. On se connait tellement bien, et nos chansons avec, qu’on aurait pu ne pas le préparer mais on aurait été trop concentrés pour se relâcher. On a bien fait de le préparer finalement.
Et puis de septembre à décembre, les tournées au Japon, puis en Belgique et en Allemagne on a énormément joué, ça nous a bien préparé. 21 dates en 2 mois précisément.

Ça m’amène à vous demander ce que vous faîtes au quotidien. Des études, un travail ?

De la musique! A temps plein, on est en répét tous les jours depuis 3 semaines par exemple. On a tous terminé nos études, on a quitté nos emplois et on s’est lancé à corps perdu. On galère niveau thunes, mais sans cette pression financière on s’investirait surement moins dans le projet donc c’est positif. On cumule Howlin’ Jaws et tout ce qui s’y rapporte : paperasse, booking, trésorerie, etc. On cherche à devenir intermittent, c’est beaucoup d’administratif. Et on a un autre projet style Garage. Autant te dire qu’on a pas beaucoup de temps finalement. Pour l’instant on arrive à tout gérer car on prend les décisions à trois. C’est plus long mais plus démocratique.

Et vous pensez à constituer une équipe par la suite?

Exact, on est en pourparlers avec des managers et des tourneurs ce qui nous permettrait de composer à temps plein avec pour objectif de faire des grosses scènes. Histoire de pouvoir tourner tout le temps.

Vous avez déjà lâcher vos obligations professionnelles, la seconde étape serait donc de laisser l’administratif à d’autres. C’est une énorme prise de risque, ça ne vous fait pas un peu peur ?

Pas du tout, on a un très bon feeling sur scène, et toujours de bons retours. Alors on se dit que si on a une équipe de pros derrière nous, additionnée à notre capacité à travailler et répéter sans relâche, il ne manquera que la réceptivité du public pour justifier la prise de risque. On aurait les boules de pas essayer.

Parlez nous un peu de ce groupe de garage !

On s’appelle The Nobels. Il y a nous trois, un autre mec, Thomas, au chant et clavier, et le guitariste Francis Viel, qui joue dans The Wave Chargers, et qui officiait sur le Mouv’ en tant qu’interviewer. Le projet est vraiment fun, on fait notre premier concert à Rennes le 25 mars, et on jouera à Paris le 1er avril aussi.

Vous l’avez commencé quand ?

Il y a un mois à peine ! On doit en être à 6 ou 7 répétitions seulement.

Ça risque d’être une contrainte au moment où vous vous lancez à 200% dans Howlin’ Jaws, non ?

Oui possiblement, mais c’est vraiment un side-project, qu’on développera quand on aura du temps libre. Si une date tombe le 25 mars pour Howlin’ Jaws bien sûr qu’on annulera celle des Nobels. L’avantage de ce projet, pour nous, c’est le fait que ce soit Thomas le chanteur qui l’ait monté. C’est lui qui prend toutes les décisions, même si on a notre mot à dire bien entendu. Ça fait du bien d’arriver en répét’, de jouer et s’éclater sans avoir à penser aux à-côtés. Et Djivan joue de la basse, ça l’aide beaucoup dans son jeu de contrebasse pour nous.

En parlant de la contrebasse, je ne suis pas un expert, mais j’ai l’impression que tu en joues autrement.

Effectivement, c’est dû à mon autodidactisme primaire, mais je commence à apprendre la manière conventionnelle, avec les positions. Je me contente de bien la faire sonner en fait. J’ai changé mes cordes, j’ai acheté un ampli. Mon set-up commence à me plaire.

Et donc cet EP en préparation, il sortirait sur une structure ?

Non, sûrement en auto-production encore. On voit pas encore l’utilité d’être sur un label pour le moment, par contre on se rapprochera sûrement d’un distributeur.

Et puis il faudra trouver le label qui serait prêt à se lancer avec un groupe niché comme le vôtre.

Oui, et ce serait sûrement le moyen de sortir de cette niche comme on le disait précédemment. On fait déjà pas mal de concerts où on sort de notre confort. L’EP serait vraiment le moyen de montrer toute l’étendue de notre palette. On veut présenter notre progression.

Dans quelle mesure vous avez évolué finalement ?

Essentiellement en terme de composition. Aux Inouïs on a joué deux morceaux qui seront sûrement sur l’EP, et qui sont bien plus aboutis. On a cessé de composer pour le live, ce genre de morceaux pêchus faits pour chauffer la salle. On triture beaucoup plus les compos pour en faire ressortir l’essence.

Vous avez joué un morceau assez calme durant votre passage, les lumières étaient d’un joli bleu pale. Il sera sur l’EP ?

Tu parles de Burning House ? Oui, on le met sur l’EP celui là. On est contents de faire ce genre de morceaux, ça prouve notre maturité.

Vous avez un projet d’évolution dans le set-up aussi ? Un ajout d’instruments ?

On est en discussion pour chopper une contrebasse électrique, l’une des premières, une Framus de 1960 qui a une gueule d’enfer ! On va essayer de rajouter des pédales pour la gratte aussi. On veut rester à trois donc ça nous permettrait une expansion de notre son tout en gardant notre trio. On veut garder le côté rock’n’roll énergique, mais faire des chansons au sens propre, avec les modulations, les couleurs. On a hâte de sortir cet EP en tout cas.

Vous avez déjà une date précise ?

Non, mais l’idée c’est d’enregistrer d’ici un ou deux mois, encore une fois on discute avec des gens pour l’enregistrement. On verra bien.

Ça tombe assez bien que vous ayez participé aux Inouïs. Qu’est ce que vous en espérez si par chance vous gagnez ?

Des femmes !

Ça marche avec les filles justement ?

Ouais pour le coup la gomina c’est dévastateur ! Mais plus sérieusement, on espère que ça puisse nous faire connaître auprès de vrais professionnels, qui pourraient nous aider à grandir. Et si ça fait gonfler notre public c’est parfait.

Surtout que le Printemps de Bourges c’est un peu les Trans Musicales de l’été, une vitrine où beaucoup de pros se rencontrent. Vous y avez pensé aux Trans d’ailleurs ? Vous rentrez parfaitement dans le prisme du festival.

Oui et non. On avait jamais pensé à tout le système avant. On découvre beaucoup de choses, ça fait presque même un peu peur ! Les Inouïs nous ont amené beaucoup de vues sur Youtube, des gens ont découvert notre travail, c’est un sentiment très paradoxal.

Et moi le premier par exemple ! C’est pour ça qu’une équipe vous aiderait, artistiquement, juridiquement.

On a déjà fait semblant au téléphone d’être notre manager -salut c’est Joe, le manager de Howlin’ Jaws-…

Ça a marché ? Parce qu’il faut présenter le Joe en question si vous décrochez un concert, ça devient compliqué !

Non ça a pas trop marché effectivement !

(prenant des notes) les Howlin’ Jaws sont des entourloupeurs…
Merci à vous les gars, on vous souhaite de remporter votre ticket pour Bourges, et on a hâte d’entendre l’EP qui sort courant 2017 on l’espère !

Crédit photo : Mauro