C.A.R.diology

Ex-chanteuse et frontgirl du groupe Battant (frappé en plein vol) et signée sur l’excellent label Kill The DJ, Chloé Raunet a su se réinventer en solo avec son projet C.A.R. (pour Choose Acronym Randomly) oscillant entre post-punk, pop new wave et électronique. Celle qui partage la vie d’Ivan Smagghe à Londres montre un univers fascinant et après plusieurs EPs évocateurs, elle nous livre fin octobre un premier album au charme fou. Retrouvez cet article également dans la version print du Modzik#41 déjà en kiosque!

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Si elle est aujourd’hui basée à Londres, c’est en Colombie-Britannique au Canada qu’elle a grandi. De ses longues balades solitaires dans les gigantesques forêts, elle garde le goût de la fantasmagorie, entre éblouissement devant la beauté et sentiment d’inquiétude face à cette nature immense. Pas étonnant qu’elle avoue aimer les univers de Tim Burton, David Lynch, le surréalisme ! Même si elle n’a pas baigné dans les années new wave (elle n’a que 28 ans), le spectre musical des Siouxies et autres Pixies flotte autour d’elle et de sa musique. Rien de suranné pourtant car sa musique semble suspendue, comme hors du temps, portée seulement par sa sensibilité à fleur de peau. Après plusieurs Eps, elle franchit le pas du long format sur My Friend, une collection de 12 titres où la voix de Chloé est le fil rouge mais dont la tonalité évolue d’un titre à l’autre, tantôt aiguë, tantôt grave, ou bien vocodée (« Idle Eyes ») voire déformée (« Somophore »). Une jolie surprise en cours de route avec la reprise de « La Petite Fille du 3e », complainte hypnotique barrée en français (originellement signée Christophe) tandis que les lignes de basses et nappes synthétiques sont une signature musicale que l’on trouve au travers de l’album sur les morceaux emblématiques comme « HIJK », « Ten Steps Up » ou l’éponyme et très émouvant « My Friend ». Voilà trois ans que l’aventure Battant s’est close tragiquement (avec la disparition de Joël Dever) mais Chloé a su rebondir et s’est totalement réapproprié sa musique pour un résultat qui n’en est que plus envoûtant. C.A.R. est bien vivant, vibrant, et l’on peut sentir ses battements de cœur comme un monstre aussi magnétique que terrifiant. Nous, on a déjà succombé, mon ami.



C.A.R.
My Friend
(Kill The DJ)

killthedj.com