La sélection Modzik pour sonoriser ce weekend.
JAN VERSTRAETEN – WOLFMAN
Jan Verstraeten est un artiste belge qui se réclame tantôt musicien, designer, vidéaste, peintre tantôt chanteur-compositeur. Cette ouverture d’esprit lui permet d’aborder la musique comme un terrain de jeu sans frontières, qui n’est pas sans rappeler la capacité intuitive et créative d’un Beck à ses débuts. « Il y a du chaos dans tout ce que je fais », déclarait-il en 2022 lors de la sortie de son premier album Violent Disco. « Je suis un artiste visuel dans l’âme, qui se sent presque comme un touriste parmi d’autres musiciens. Un réalisateur ou un peintre, perdu dans le monde de la musique. » Alliant punk, disco, blues et jazz, sa voix se déploie avec grâce et assurance. Avec Wolfman, il s’approche de la pop, où il est difficile de ne pas penser à Bitter Sweet Symphony de The Verve, tout en poursuivant une quête artistique nourrissant sa sensibilité . « Dans cette vidéo, j’ai voulu capturer l’errance d’un vagabond explorant les ombres d’une ville grise et bétonnée en respectant son rythme, improvisé. Comme un fleuve sauvage traçant son chemin, il se déplace sans effort à travers le paysage urbain, transformant les décors austères de la ville en une scène personnelle ».
Wolfman est disponible via Sivania/Virgin.
En concert à Paris (Maroquinerie) le 21 mai 2025
OLLY ALEXANDER – POLARI
Olly Alexander laisse derrière lui Years & Years, son projet depuis 2010 au profit de son propre nom. Il est vrai que depuis 2021, seul subsistait Olly du trio originel. Avec Polari, il signe son premier album solo, conçu avec le producteur Danny L Harle, un projet intime qui plonge dans les thèmes du désir, de l’intimité et de la communauté LGBT. Il mêle une pop avant-gardiste avec une esthétique inspirée des années 80, un hommage à une époque où la musique osait défier les normes. Le titre éponyme, fait écho à l’argot Polari, une langue secrète née au 17e siècle, utilisée par les homosexuels et les marginalisés pour communiquer dans l’ombre. Inspiré par son propre coming out et son rôle de Richie dans la mini série It’s A Sin, Olly explore ici une identité affirmée et une connexion profonde à son passé et à son héritage culturel. « Dans notre monde hyperconnecté à la communication fracturée, il n’est pas facile de croire que tout est ce qu’il semble être. J’ai pensé qu’une chanson sur le langage vernaculaire devait être aussi sauvage et imprévisible que l’histoire du Polari elle-même. » Polari, le titre comme la vidéo, est donc sauvage avec une chorégraphie frénétique, qui n’est pas sans nous rappeler la chorégraphie de Beat It de Michael Jackson ou celle de celle de Scream avec Janet. Polari, s’annonce comme un disque pop ouvert et universel qui transcendent le temps, la sexualité et l’identité.
Polari est disponible via Universal Music.
INNOCNT – GIVE ME YOUR SOUL
Innocnt aka Antoine Innocent a un père chanteur d’origine haïtienne, et une mère française magistrale. Il grandit dans un environnement multiculturel et musical. Les tournées de son père aux États-Unis l’ont plongé dès son plus jeune âge dans l’univers de la scène. Il joue de la guitare et aime les voyages. Après avoir vécu à Paris, Ottawa et Bruxelles, il a commencé à écrire ses propres chansons et à se produire sur scène. Il participera également en 2013 à The Voice Belgique. Il publie un titre Naughty Boy en mai 2020. C’est la même année qu’il rejoint Strickly Confidential (Balthazar, Editors…). La connaissance du co-fondateur de PIAS, Michel Lambot, l’amène à croiser la route du producteur Azzedine Djelil (Backdoor Records), avec lequel il enregistre ce titre, Give Me Your Soul extrait de son premier EP Six, aux influences R’n’B et rock, oscillant entre ballades sensibles et morceaux up-tempo. Six comme six titres et les six années d’une relation intense. « C’est la chanson la plus toxique de l’EP ! Qui n’a pas vécu ce moment très égoïste face à la fin d’une histoire, où l’on se demande pourquoi on s’est tant investi ? Et où l’on demande à l’autre de nous donner son âme, sa douleur ? » confie-t-il. La sensualité de la voix d’Innocnt, la fusion de genres et de sonorités rend parfaitement hommage à la soul music, genre qui a toujours mis en lumière la profondeur émotionnelle et la vulnérabilité humaine. En ce sens, Six s’inscrit comme une ode à la soul, où chaque note résonne comme un appel sincère à l’authenticité et à l’expression brute des émotions.
Give Me Your Soul est disponible via Backdoor Records/Strictly Confidential.
En concert à Paris (La Boule Noire) le 23 janvier 2025.
NELICK – GIMME GIMME
Nelick, jeune rappeur romantique du 94, alias Kiwibunny pour son côté enfantin et nostalgique, a sorti son premier véritable album Mon cœur bat en avril dernier. À travers cet opus, il délivre un message simple mais profond : ressentir toutes les émotions, qu’elles soient positives ou négatives, pour se sentir pleinement vivant et sentir son cœur battre. À 27 ans, Nelick n’en est pas à son coup d’essai, avec de nombreuses sorties depuis 2017, dont l’EP Oceans qui l’a fait connaître d’un plus large public. Depuis près de deux ans, il poursuit son évolution musicale, alliant soul, humanité et créativité, avec son fidèle complice, le compositeur Kofi Bae. Ce parcours est enrichi par l’incroyable travail du réalisateur et ingénieur du son Renaud Letang (Alain Souchon, Manu Chao, Chilly Gonzales, L’Impératrice…). Son nouveau single, Gimme Gimme, poursuit cette fusion des genres, entre rap, bedroom funk et balade électronique, à l’image de la scène californienne portée par Steve Lacy ou Thundercat. Le romantisme est toujours présent, mais cette fois-ci, Nelick explore le prisme d’une relation toxique, où l’amour se mêle à la douleur et à la dépendance. Une balade émotive et intense, à l’image de son auteur.
Gimme Gimme est disponible via Entreprise/KiwiBunnyCorp/Sony Music.
LISA PORTELLI – GRANIT FEAT. NOSFELL
Nous avions dans un coin de nos oreilles Lisa Portelli avec ses textes poétiques à la guitare électrique depuis sa présence aux Découvertes du Printemps de Bourges en 2006. Quatre albums plus tard dans lesquels elle n’a eu de cesse d’explorer la musique et les instruments, nous la retrouvons isolée sur l’Ile de Molène au large des côtes du Finistère pour composer Absens, la bande originale de l’histoire d’une femme qui décide de quitter la vie sociale pour suivre Ondine, une être des eaux. Comme elle se confie : « J’avais choisi de quitter ma vie et j’ai vécu pleinement mon délire. Le vent était permanent et je courais, ivre de liberté et dotée d’une puissance incroyable ». Sur ce deuxième extrait Granit, elle donne vie à une créature des abysses, incarnée par le toujours étonnant Nosfell et son langage inventé, dans un univers onirique où les mots se font écho avec les mélodies. Ce morceau électro, inspiré des sonorités de David Lynch et de la musique allemande des années 70, est porté par un clip d’animation réalisé par Marlène Ciampossin. Co-réalisé par Guillaume Jaoul. Absens est un album fascinant où poésie et expérimentation se rencontrent.
Granit est disponible via J’ai vécu les étoiles.