Des mois qu’on en entendait parler. Des mois de com’ tapageuse (voir outrageuse) et de coups marketing. Alors qu’on frôlait l’overdose, le duo de robots français a dévoilé son Random Access Memories, en écoute gratuite sur iTunes. Un finish en demi-teinte.

Huit ans se sont écoulés depuis Human After All, le dernier album studio des Daft Punk. Une éternité pour les fans. Alors, forcément, après l’annonce de leur nouvel opus, tout signe de vie des français a fait l’effet d’une bombe. Un teaser par ci, un single par là et la Toile s’enflamme. Cette euphorie annonçait-elle un chef d’œuvre ? On aurait bien aimé. Mais la réalité est tout autre. Random Access Memories s’ouvre avec le titre Give Life Back to Music, un titre gentiment funk, à l’image de l’album. Le vocoder, marque de fabrique des Daft Punk, est bien là, mais la mélodie laisse de marbre. En 1980, le morceau aurait sûrement pris sa place dans le top 10. En 2013, il sent le réchauffé. Cette impression de mollesse ne nous quitte pas sur The Game of Love, ballade ennuyeuse. L’accent est clairement mis sur la production. En cela, bien sûr, les hommes-robots excellent. Maîtrisant parfaitement l’art de l’arrangement et de l’orchestration, ils s’en donnent à cœur joie. Au risque de tomber dans la surenchère, comme sur le pourtant audacieux Giorgio by Moroder.

Où sont passés les « punk timbrés » ?

Car là réside sûrement la plus grosse déception. Alors que Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo avait l’habitude de s’affranchir des codes dans une démarche résolumment punk, Random Access Memories s’apparente plus à un exercice de style. La virtuosité est souvent au rendez-vous, les titres bien pensés, mais il manque ce grain de folie pour nous emporter. Comme lorsque Julian Casablancas pose sa voix (très) vocodée sur Instant Crush.  La production proprette et la mélodie sans relief lassent et l’on se demande bien où les Daft Punk veulent en venir.

Limiter la casse

Alors bien sûr, le résultat n’est pas catastrophique. Après le déjà culte Get Lucky, le tube en puissance Lose Yourself to Dance devrait marquer l’été qui n’en finit pas d’arriver. Les Daft ont assez de métier pour trouver la formule qui, à défaut de régaler, fonctionne tout de même. En témoignent les efficaces Beyond et Fragment of Times, paradis du rétro. Certains verront sûrement dans ce retour aux origines funk et disco un coup de génie. Mais en matière de vocoder, de cocotes qui frétillent et de lignes de basse dansantes, il est sûrement préférable d’écouter Herbie Hancock version fusion ou encore …. Chic. Le titre Doin’ it Right et ses sirènes assourdissantes qui clôt l’album résume d’ailleurs assez bien l’aspect surfait du disque, comme une dernière tentative de faire décoller l’avion cloué au sol.

Les Daft sans folie ni surprises, c’est l’impression laissée par Random Access Memories. Moi, je m’en vais ré-écouter Homeworks et attendre le probable live 2017. Ils sont forts ces Daft Punk, quand même.

Par Max Beucher