Fin 1995, la première Playstation ainsi que la Saturn de Sega viennent d’arriver en Occident, un an après l’archipel nippon. L’hégémonie de la bonne vieille cartouche prend fin alors que le monde du jeu vidéo découvre peu à peu le potentiel du support CD et ses formidables capacités de stockage vidéo et audio. Débarque alors WipEout et ses courses futuristes sur fond de techno.

Développé par le défunt studio anglais Psygnosis, WipEout s’impose dès sa sortie comme une claque technique. A bord de vaisseaux anti-gravité futuristes, le joueur avale virages et courbes à des vitesses atteignant les 1000km/h, dans des univers somptueux – pour l’époque – entièrement modélisés en 3D. A la manière d’un Mario Kart militaire à la vitesse-lumière, il vous faudra aussi vous défaire de vos adversaires à grands renforts de missiles à tête-chercheuse, mines et autres poussés de turbo. Mais outres ses graphismes et sa technique soignée, c’est dans le registre audio que WipEout marque l’entrée dans une nouvelle ère.

On tend à l’oublier, mais la PS1 pouvait aussi lire les CD musicaux  grâce à ses sorties audio. Un lecteur qui était d’ailleurs d’une qualité souvent supérieure à celle de nombre de platines CD de l’époque, le visualiseur super trippant en plus. Alors n’hésitez pas à ressortir votre console du grenier et à essayer-chez vous.

Finis les morceaux digitalisés en chiptune massacrés par des processeurs de consoles 8 ou 16 bits qui font crachoter les hauts-parleurs de la TV cathodique. Les miracles du Compact Disc apportent aux développeur la possibilité de stocker et compresser – en plus d’extraits vidéo en haute qualité – de la musique, de la vraie. Enfin le jeu vidéo passe au tout-numérique, sans concession, avec un son comme sur la chaîne Hi-Fi du salon. Alors forcément, WipEout se dote d’une bande-originale à vous faire -encore pour l’époque- tomber les oreilles. En bons Britanniques pris dans le déluge de la techno et des raves, les développeurs de chez Psygnosis décident que leur bébé sera rythmé quasi-exclusivement par la musique électronique qui fait alors danser les jeunes de ces folles années 90.

A partir de cet instant, la bande-son de chaque itération de la série WipEout sera associée à de grands noms tels que les Chemical Brothers, New Order, Lettfield, The Prodigy, Kraftwerk, DJ Fresh…

Quand vous jouez à WipEout, impossible d’ignorer la musique.

C’est elle qui rythme vos parties, et surtout vous permet de rentrer dans la « Zone ». Cet état de transe bien connu des joueurs de jeux de course, qui rend vos mouvements quasi-instinctifs. Vous connaissez le jeu comme si vous l’aviez fait, vous ne réfléchissez plus à comment aborder un circuit ou une courbe, vos mouvements sont précis et exécutés à la perfection. Votre corps et votre esprit ne font qu’un avec le jeu, capables du score et temps parfaits… A condition que la musique ne s’arrête pas (ou que vous ne vous preniez pas un missile d’un concurrent).

Et il faut croire que la recette fonctionne. Après 23 ans de route et pas moins de 10 jeux au compteur, la saga WipEout continue à foncer sur fond musical d’une techno en constante évolution. WipEout Omega Collection, dernière sortie en date, compte parmi ses compositeurs la Swedish House Mafia, Boys Noize (remixé par les Chemical Brothers), Dillon Francis ou même les petits français de la défunte Bromance, Brodinski et Louisahhh.