Charlie Faron, jeune artiste polyvalent, navigue entre ses émotions comme un chef d’orchestre. Son électro-pop narratif, mélancolique et drôle, invite son public à une expérience auditive et visuelle très complète.
Que ce soit dans le cadre de ses créations musicales ou de sa marque de mode, Encré, fondée en 2017, Charlie Faron trouve un bel équilibre entre ses passions et ses influences pour nous offrir une œuvre complète. Un défi de taille pour cet artiste, qui s’est lancé le challenge ambitieux de sortir un titre chaque semaine.
Une année musicale ambitieuse
« Avec les 52 titres sortis en 2024, j’ai commencé un peu à écrire à la 3ème personne pour vraiment raconter des histoires fictives, car 52 fois mes émotions névrosées et contraires, ça ferait beaucoup ! »

Après cette productivité frénétique de 2024, Charlie prévoit de se poser pour envisager un album plus « conventionnel ».
« Musicalement parlant, je vais me poser un peu pour trouver une ligne directrice pour un album un peu plus conventionnel. Concernant Encré, le milieu de la mode est très bouché et au ralenti en ce moment, c’est donc d’autres défis et apprentissages. »
Et bien qu’il ait exploré de nombreux styles au fil de ses productions, il reste ouvert à d’autres possibilités : « Je pense en avoir déjà exploré beaucoup parmi les 52 titres de l’année dernière, mais il est loin d’être évident que le premier album soit de l’électro-pop ! »
Ses influences sont variées, parfois bien loin de l’électro-pop qu’il crée : « Étrangement, mes influences sont souvent loin du style que je mets en avant dans mes morceaux. Bon Iver, Hania Rani et j’en passe. Dans une esthétique plus proche, Jungle, Parcels, Feu! Chatterton sont des valeurs sûres. »

Une critique du monde moderne
Plus philosophique, le clip de Jamais les mêmes capture sa capacité de s’interroger sur soi-même et de pondre des critiques du monde dans lequel on vit. Charlie y apparaît face cam avec des maquillages changeants, des lunettes de soleil et des paillettes…
« Jamais les mêmes reflète vraiment le paradoxe sociétal des réseaux sociaux auquel on se confronte constamment : on montre ce que l’on n’est pas. L’aspect visuel pour moi est central, mais pas par obligation ni devoir d’imposer une image – ça me plaît tout simplement de guider un DA, surtout quand il y a des contraintes (souvent financières). Le clip a coûté… 2.5 €. »

Passage de l’anglais au français : un défi créatif
Passer de l’anglais au français dans son expression artistique, en raison d’une enfance passée aux États-Unis, Charlie évoque les défis de cette transition : « C’était un vrai pas dans l’inconnu pour être tout à fait honnête. L’anglais était ma première langue, et j’ai toujours trouvé qu’il était très difficile d’écrire en français. Tu peux avoir un sublime texte, s’il est mal interprété ça peut très vite faire cheap et vice-versa ».
Mais il évoque aussi la manière dont cette langue lui permet d’établir une connexion plus directe avec son public local : « Concernant ma connexion avec le public, elle est peut-être désormais un peu plus locale et a accès direct à mes émotions, bien que je ne sois pas sûr que ce soit toujours une chance pour eux… »

Mode et musique : un équilibre délicat
En parallèle de sa carrière musicale, Charlie est aussi le fondateur d’Encré, une marque de mode lancée en 2017. Il explique comment il parvient à jongler entre ces deux mondes : « Ce que l’on sait peu, c’est que j’ai commencé la musique des années avant de rentrer dans le milieu textile. Fun fact : j’ai même monté Encré dans un studio de musique, parce que je trouvais que la musique ne prenait pas assez de temps dans ma vie et il fallait que j’évacue cette frustration, ou cette impatience. Paradoxalement, c’est ensuite Encré qui m’a permis de financer la musique en indépendant ! Ce n’est pas toujours évident de jongler entre les deux et Encré me prend beaucoup de temps, mais la musique reste ma meilleure échappatoire et l’essence de mes rêves d’enfant. »
Charlie Faron continue de tracer son chemin dans un univers musical toujours en expansion, et il nous offre le plaisir de découvrir son monde intérieur, au sein d’une créativité visiblement sans limites.
52 est disponible via Encré.mp3.
Texte Emmamori Charles-Angèle
Image de couverture Mitchell Sturm