Alors que le Point Ephémère rend hommage au Gabber à travers une exposition, Modzik poursuit son Boomerang autour du bomber. Revenons sur la place qu’a tenu la veste au sein de la radicalité esthétique d’une jeunesse white-trash.

Branche radicale de la musique électronique née aux Pays-bas au début des années 90, le Gabber envahit rapidement l’Europe, puis le monde. Ils ont le crâne rasé et dansent le Hakken : sans y penser et sans s’engager, les kids du Gabber créent un univers aussi agressif que régressif. Par millier, ils se retrouvent pour fuir les diktats du réel et danser toute la nuit sur un son enivrant. 

Pull Lonsdale pour les uns, polo Fred Perry pour les autres : le Gabber puise un vestiaire emprunt d’une forte notion de confort; le sportwear. Survets Aussies et indispensables Air Max pour danser; mais aussi bomber bien stylé. Tant de codes vestimentaires qui s’impose encore une fois à une jeunesse errante et isolée. De toutes façons, c’est torses nus que les garçons se trémoussent. Est – ce la raison pour laquelle le style est, durant toutes ces années, resté plutôt insensible aux évolutions de la mode ?  « Etre gabber, c’est dans la tête et dans le cœur, pas dans la façon de s’exposer au monde » répondent les concernés. D’ailleurs, on note pour seul réel changement la féminisation de la scène Gabber qui apportera la queue de cheval sur un crâne nécessairement rasé. 

gabbermodzik
Crédit photo : Ryan Cookson pour Accent-magazine.com

Toujours dans les bons coups, c’est sous la forme de pièce iconique que le bomber s’imposera dans cette sous-culture. Symbole du Gabber, il sera de tous les festivals de musique, comme le célèbre Thunderdome. Mais aussi extrême que violente, la musique Gabber divise. Aux alentours de 1996, le mouvement commence à subir l’image des skinheads. La scène hardcore oppose deux styles musicaux distincts : le hardcore, et le ‘happy hardcore‘, le dernier se définissant à travers une culture anti-raciste et pacifiste. Pas plus compliqué. Le bomber se présentera alors comme le marqueur identitaire qui exprimera cette scission. D’un tissu rude aux coloris classiques, il s’orientera vers des matières fluides explorant des imprimés flashy et décalés; particulièrement psyché. Parfois supporter d’équipe de foot, le bomber se déniche chez Nike, Fila ou Kangol, se pare de lunettes rondes et s’habille de colliers à chaine Figaro en argent.

Si le Gabber a fini par s’essouffler et disparaitre des scènes néerlandaises – criticisme social et politique négative en cause-, le bomber lui, est allé au delà de toute stigmatisation.  En effet, le vêtement continue aujourd’hui à se décliner pour devenir une pièce classique du vestiaire mode en se séparant de toute connotation marginale. Néanmoins, le retour à un streetwear cru et nordique, associé à la mouvance 80’s pousse la mode vers un bomber décalé, tirant vers le Net Art. Ici, on pense notamment à des créateurs avant-gardistes tels que Andrea Crews et Tom Nijhuis

Capture d’écran 2014-02-28 à 18.34.02
Photo : Tom Nijhuis

A travers un mini-festival, se croiseront documents d’archives, œuvres contemporaines, soirée clubbing et pop-up store. Les plus motivés débuteront l’initiation au Hakken à la soirée avant-première qui se déroulera le 21 Mars à la Bellevilloise. 

Exposition Gabber, au Point Ephémère
Du 1er au 13 Mai
200 quai de Valmy, 10e