2014 annoncerait-il le retour du poil? Passer de disgracieux à nouvel eldorado esthétique, le poil serait-il vraiment à nouveau “in”? 

Esthétique au XIXème siècle sur les tableaux de grands peintres comme “L’origine du monde” de Gustave Courbet, le poil est parait-il, depuis longtemps, disgracieux aux yeux de tous. Pourtant, le tableau qui a le plus choqué de toute l’histoire de la peinture l’était par son sujet et non par ses poils pubiens. Aujourd’hui, le poil est cause de  polémiques. American Apparel, déjà controversé pour son tee-shirt “Period Power” de la photographe et dessinatrice Petra Collins il y a quelques mois,  pare ses mannequins de poils pubiens, sous leurs petites culottes blanches. Un ingénieux buzz qui revient sur ce que les féministes aiment à combattre :  les marques de la féminité tombées en disgrâce. Avec “Period Power” tout était dans le titre et l’image, dessinée, qui illustrait un sexe de femme se touchant durant ses règles. Choquant pour les uns, “sale” ou “moche” pour les autres …Des réactions plutôt virulentes. Mais comme l’artiste l’explique pour Vice, avec qui elle a déjà collaboré pour son superbe travail photographique (emprunt d’une douceur à la Virgin Suicide et d’une candeur sordide), ce dessin soulève un point important : pourquoi être perturbé par un état aussi naturel ? La société serait-elle toujours aussi misogyne ? Alors que Playboy et ses images sexuelles polluent notre vision 24 heures sur 24, pourquoi un vagin dessiné au trait serait-il si perturbant ? Certes non “sexy” est-il pour autant un taboue ?  Irions-nous jusqu’à accepter ces règles religieuses, comme celle du rastafarisme où il est interdit à la femme de cuisiner durant sa période de menstruation ?

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En reprenant cette vision de Gustave Courbet, Petra Collins nous montre que ce qui est naturel offusque. Alors qu’en est-il du poil qui lui, marque pourtant le passage à l’âge adulte chez la femme et sa sexualité différenciée?  Alors que l’esthétique prône une pilosité quasi absente, American Apparel réitère avec cette vitrine.  Se mettant soit, une partie de la population à dos, soit en convaincant d’un geste d’engagement, totalement féministe.  Si la marque aime surtout qu’on parle d’elle, cette fois elle montre ! Sa boutique New-Yorkaise montrait ses mannequins vêtues de culottes taille haute à l’esthétique très 70’s. Une vitrine qui intrigue au point que les passants s’en donnent à coeur joie de la photographier. Ironiquement? Peut-être, mais cela prouverait-il que la société ne supporte plus d’être autant guindée? Un vendeur de la boutique explique alors au HuffPost que le propos est de montrer “la crudité et le réalisme de la sexualité”. Une mission qui consisterait à reprendre alors le flambeau de la campagne Benetton de 1993 dans Liberation. La photographie montrait alors une cinquantaine de sexes masculins et féminins. Le photographe Olivero Toscani avait expliqué vouloir montrer ce «sexe qu’il fallait bien regarder en face, en cette époque où toutes les campagnes contre le Sida n’osaient même pas montrer comment on enfile un préservatif, de crainte de montrer une verge».

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La tendance est désormais à la touffe velue. Peut-être serait-ce le moment d’abandonner la pince à épiler? De jeter son tube de Veet? Le carcan esthétique ne pourrait-il admettre que la femme n’est pas forcément plus jolie sans ses poils ? Les hommes y sont-ils pour quelque chose ? La mode soulève enfin un vrai débat. Sera-t-elle capable de le mener de front ? Là est la question. La guerre est déclarée et le poil s’attaque même à Hollywood. Les poils pubiens qui dépassent? Ca fait mauvais genre, c’est pas glamour et pas sexy. Cameron Diaz en fait pourtant la glorification dans son livre, tout juste publié, à la grande stupeur de tous !

On a du mal à imaginer la “nana sexy” de Mary A Tout prix qui a marqué tous les adolescents des années 2000, avec du poil dépassant du string…Dans The Body Book, son livre de conseils de beauté, Cameron âgée de 41 ans livre un chapitre surprenant nommé : “L’Apologie du pubis” où elle explique pourquoi elle est contre l’épilation intégrale.  Pour aller droit au but elle vient même à le glorifier durant… une dizaine de pages ! “J’ai appris qu’il y avait de très nombreuses jeunes femmes qui se faisaient épiler au laser en ce moment. Personnellement, je pense que l’épilation définitive est une idée folle. Pour toujours ? Je sais que vous pensez certainement que vous porterez le même style de chaussures ou de jeans toute la vie, mais c’est faux. L’idée que les vagins sont mieux sans poils est un phénomène récent, mais les modes changent”, explique l’actrice de retour au cinéma en avril pour Sweet Revenge. Il faut rappeler que dans ce cercle privé des pro-poils on retrouve aussi la blonde Gwyneth Paltrow. Comme elle, elle pense ainsi que le poil pubien ajoute en mystère à la sexualité féminine. “Dans vingt ans, vous voudrez le montrer à quelqu’un de spécial et ce serait agréable qu’il ou elle l’ouvre comme un cadeau”. 

Alors prêt(e)s à jeter vos rasoirs?