Mélangeant des genres musicaux très différents à savoir la soul, l’électronique et le Hip Hop, Phoebe Jean & The Air Force a déclenché un véritable coup de coeur chez Modzik. Originaire de Baltimore, la jeune artiste a signé un premier album intitulé “Heartbreakers”.
Rencontre avec ce phénomène underground qui dévoile une artiste décomplexée prête à retourner les Transmusicales.
Heartbreakers est ton premier album, as-tu mis beaucoup de temps pour le faire ?
Oui, car au départ je n’y connaissais rien en musique en particulier la production par ordinateur… Cet album a donc été l’occasion pour moi d’apprendre tout ça.
Quel est le meilleur moment/lieu pour écouter ton album ?
J’aimerais que l’on puisse l’écouter en faisant de la moto sur le bord de mer mais en fond sonore pour que l’on puisse quand même pouvoir écouter les vagues et le bruit du moteur un peu comme dans les clips tu vois !
On ressent beaucoup d’influences diverses dans ta musique, peux-tu nous en parler ?
Ma mère enseignait l’aérobic pour femme enceintes et la première cassette que je lui ai piqué quand j’étais petite était celle de Mickael Jackson. Je pense qu’il m’a inspiré d’une certaine façon car il parle beaucoup d’amour et il a une dimension universelle : tout le monde aime sa musique !
J’ai également découvert la musique africaine grâce à ma mère qui était aussi danseuse à Baltimore. Je me souviens que lorsque je l’accompagnais danser je m’amusais avec les autres enfants des danseuses à faire de la batterie sur les sons africains. Je pense que cela m’a permis d’avoir un certain sens du rythme.
J’ai aussi longtemps écouté Tracy Chapman quand j’étais jeune et Diana Ross aussi. Je suis quelqu’un d’assez sentimental, peut-être même trop…
Comment qualifierais-tu ta musique ?
Je dirai que c’est un mélange de soul et de rythme. Il y a peut-être quelques touches de Hip Hop aussi mais j’estime que les blancs n’en font pas aussi bien que les blacks. D’ailleurs c’est marrant car aux yeux des blancs je fais du Hip Hop et aux yeux des blacks je fais de la country !
Qu’est-ce que The Air Force ?
Cela représente beaucoup de choses mais surtout une force divine qui m’inspire. J’espère qu’elle restera toujours avec moi pour m’aider à réaliser mes projets.
Quand j’avais 14 ans j’ai survécu par miracle à un crash d’avion où j’ai perdu mon père. Cette épreuve m’a permis de voir la vie autrement, d’être plus forte mais aussi d’apprécier encore plus la vie. Je ne vois pas la mort comme une chose négative, au contraire, pour moi c’est un phénomène naturel, nous retournons tous delà où nous venons. Il faut donc pouvoir profiter de cette chance.
Baltimore a t-elle une influence sur ta musique ?
Bien sûr, je ne sais pas trop en quoi.. Je sais que j’utilise beaucoup la rythmique des Clubs. Nous n’avons pas beaucoup de hip hop la bas, il s’agit surtout de remix. Je cherche à apporter du nouveau avec un peu d’aspect émotionel. Les producteurs semblent avoir apprécié cette différence.
La mode joue t-elle un rôle important à tes yeux ?
J’adore les vêtements ! Petite j’avais l’habitude de me changer cinq fois par jour au grand désespoir de ma mère. J’étais très pointilleuse sur ce que je portais. Même seule il fallait que je me change pour être en accord avec ce que je faisais.
La mode est un moyen de montrer qui on est, ce n’est pas une question de porter ce qu’il se fait mais ce qui ressemble le plus à ce que l’on est. Il est important de rester soi même.
Quand on me dit que je m’habille comme un garçon je ne suis pas d’accord, je suis juste moi même. D’ailleurs je déteste que l’on me confonde avec un homme ! J’aime être une femme, c’est signe de pouvoir et même si parfois j’aimerais être un homme, je reste fière d’être une femme. Quand je porte une robe je me sens vraiment puissante mais je dois avouer que ça reste rare, ça doit arriver une fois tous les deux mois !
Tu as joué le 4 mai dernier à la “Wet For Me”, une soirée lesbienne à Paris, est-ce un moyen pour toi de revendiquer tes orientations sexuelles ?
Non, je ne sais même pas ce que l’orientation sexuelle signifie, je n’y crois pas d’ailleurs. J’aimes les belles âmes et la plupart du temps ce sont des femmes, je peux aussi bien aimer un homme mais c’est juste plus rare d’en trouver ! Je trouve ça très beau un homme qui aime une femme et vice versa mais je trouve la sexualité très compliquée. Je ne me revendique pas gay ou bi, je crois juste en l’équilibre et l’harmonie et cela peut induire plusieurs combinaisons.
En référence au nom de ton album, brises-tu des coeurs ?
Malheureusement j’ai brisé des coeurs et je ne suis pas fière de cela. Mais parfois c’est très difficile d’être amoureux, il faut être très courageux. j’aimerais apprendre à l’être ! J’ai également eu le coeur brisé donc pour moi cet album parle de toutes ces choses. Il parle de la vie en général, je veux que les gens puisse s’identifier. Je veux que mon album ai un effet positif sur les gens, que ça puisse les aider à relativiser certaines choses.
Propos recueillis par Alexia Garric
Photos : Chloé Nicosia
Réalisation : Alexandre Bertrand
Maquillage/Coiffure : Catherine Pondy