Trois ans après le plébiscité Nights Out, Metronomy revient avec The English Riviera. Alors que son prédécesseur était une ode à la nuit sous fond d’électro, The English Riviera fait la part belle aux sonorités seventies tendance côte ouest- américaine. Devenu maintenant quatuor, le groupe, qui se renouvelle à chaque album, surprend par un disque aux accents soul, mais n’en oublie pas pour autant les dancefloors. Rencontre avec le presque parisien Joseph Mount, tête pensante de Metronomy. 

Où as-tu composé cet album ?
J’ai fait des démos sur mon ordinateur, comme d’habitude, et j’ai développé les chansons en studio. C’est ce qui est différent pour cet album : pour la première fois, on était en studio. On est un vrai groupe maintenant, même si j’ai tout composé. Mais ça sonne plus live en somme. C’était très excitant comme enregistrement, très nouveau et frais.

Tu peux nous parler du concept autour de The English Riviera ?
Je viens du Devon où il n’y pas vraiment d’identité musicale. J’ai essayé d’inventer
le son du Devon. (Sourire.) L’endroit est proche de l’océan, les gens ont un mode
de vie très calme et détendu. J’ai essayé d’imaginer une sorte de Los Angeles anglais où les gens prennent leur temps. Ce n’est pas cynique du tout ! C’est un endroit magnifique, c’est pour ça que le disque est positif aussi. J’adore cet endroit, j’y ai grandi. J’ai inventé le Devon sound ! (Rires.)

Pour cet album, tu as été beaucoup influencé par la pop américaine des seventies…
Dans les seventies, il y avait tous ces groupes de la côte ouest-américaine. C’était très différent de la scène new-yorkaise qui était plus agressive et urbaine. À Los Angeles, les gens prenaient leur temps, affinaient beaucoup leur son. L’influence de l’océan se faisait ressentir. C’est cette attitude que j’ai essayé de retranscrire : aller au studio puis partir se baigner…

Alors que le précédent album était plus sombre et nerveux…
Oui, Nights Out était plus sombre, plus tendu. C’était aussi dû à la configuration du groupe. L’idée avec The English Riviera était de faire un disque différent de Nights Out.

Tu es très doué pour composer des atmosphères différentes pour chaque album…
Je le fais avec passion. J’ai commencé à faire de la musique avec très peu de moyens, le fait d’avoir un studio pour enregistrer change tout. On peut vraiment avoir un son de qualité. Maintenant, ce qui est dommage c’est que les groupes à Londres ne vont plus en studio d’enregistrement. Ils enregistrent sur laptop, car c’est moins cher. Le son perd forcément de sa qualité et de sa magie.

Il y a énormément d’influences sur cet album.Tu as écouté des groupes en particulier ?
J’ai beaucoup écouté Stealy Dan, Fleetwood Mac, Stevie Wonder aussi. J’ai aussi essayé de ne pas écouter de groupes récents, essayé de trouver un nouveau son sans me soucier de ce que faisaient les autres. C’est facile d’être dans un groupe qui se donne un seul style genre « Hey, on va sonner comme Joy Division ! » On n’a jamais voulu faire ça. Avec cette nouvelle formation, tu appréhendes différemment la composition ? Je compose toujours seul, mais on a beaucoup appris en jouant live. Ça a joué sur ma composition. et c’est cool d’avoir une vraie batterie sur scène.

Tu as des nouvelles de Gabriel, ton ancien bassiste ?
Oui, on se parle très souvent. J’ai enregistré avec lui il y a quelque temps, mais j’ai été pris par l’enregistrement du nouvel album. Il travaille avec le même ingénieur du son que moi pour son groupe. Il est assez occupé aussi.

Tu habites à Paris maintenant ?
Oui. enfin, on va dire que j’y passe beaucoup de temps. C’est un choix personnel, car ma copine habite ici. Elle jouait dans Koko Von Napoo auparavant. J’ai une copine française donc, quand je ne suis pas en tournée, je suis souvent ici. Quand tu fais de la musique, tu peux vivre où tu veux, c’est l’avantage. C’est bien d’avoir de la distance avec Londres pour un musicien comme moi. Et Paris a une identité musicale très forte.

Tu as commencé Metronomy il y a maintenant douze ans. Comment vois-tu ce groupe dans dix ans ?
Dur comme question ! Je pense que le prochain album sera très ambitieux. En douze ans, pas mal de choses se sont passées, le groupe a énormément évolué. Je n’imagine même pas ce qu’on sera capable de faire dans dix ans, c’est ce qui me rend enthousiaste. Tu as de nouveaux projets de remixes ? non. Je ne suis plus intéressé par ça, mais plus par la production et par des collaborations. J’ai énormément appris avec les remixes, mais j’aimerais travailler avec d’autres gens maintenant. 

Et si tu devais choisir un artiste pour reprendre The English Riviera ?
J’adorerais que ce soit Connan Mockasin, ça serait très intéressant. Ou alors The Roots, ça serait top. Metronomy avait été photographié par Karl Lagerfeld. Tu es intéressé par la mode ? Beaucoup de gens pensent que l’on est un fashion band, mais en fait je n’y connais rien ! (Rires.) J’aime l’idée qu’un groupe ait différentes périodes mode durant sa carrière, mais je ne m’y connais vraiment pas assez. Demande à Pharrell ou à Kanye West ! (Rires.)

Metronomy, The English Riviera (Because) www.myspace.com/metronomy 

Propos recueillis par Guillaume Cohonner