Depuis 2009, la prolifique scène londonienne résonne de nouveaux accents étranges, entre dubstep et soul glacée. Parmi la poignée de jeunes gens qui participent à cette nouvelle vague, deux se tirent la bourre dans le cœur des amateurs de musique électronique intelligente. Ils sont jeunes, cools et talentueux : voici James Blake et Jamie XX.
Dans le genre réussite insolente, James Blake fait fort : une paire d’années aura suffi au jeune britannique pour devenir une figure majeure des musiques électroniques. En 2009, alors qu’il est toujours étudiant, Blake publie un premier 12″ de dubstep bizarroïde intitulé Air & Lack Thereof. Bingo, le disque est immédiatement repéré par le prestigieux DJ de la BBC Gilles Peterson, lequel l’invite à venir mixer dans son émission internationale. Courant 2010, le londonien poursuit sur sa lancée en sortant The Bells Sketch, CMYK et Klavierwerke, trois EP qui font entrer en pâmoison pas mal de critiques musicaux et contribuent à établir la réputation de Blake. Le jeune prodige ne perd pas de temps et signe en février 2011 un premier album éponyme : 40 minutes de musique alien et vaporeuse, où s’entremêlent voix étranglées par l’électronique, notes de claviers éparses, distorsions texturées, silences sculptés et samples triturés jusqu’à devenir méconnaissables. Depuis, ce producteur increvable s’est déjà fendu de deux nouveaux EP (Enough Thunder et Love What Happened Here) ainsi que d’une collaboration avec Justin Vernon (Bon Iver) sur le morceau Fall Creek Boys Choir. En cette année 2013, le jeune britannique nous offre un nouvel album, Overgrown, des plus prometteur.
James Blake n’est pas le seul loup dans la bergerie de la musique underground électronique londonienne : il convient de compter avec Jamie Smith, plus connu sous son pseudonyme Jamie XX. Ce dernier commence à faire parler de lui au travers du groupe à buzz The XX, dont il s’occupe des percussions synthétiques depuis 2007. En juillet 2009, à l’occasion de la sortie du premier album du groupe, il conçoit pour le magazine FACT une mixtape promotionnelle qui met en évidence ses talents de remixer. Cela le conduit à couvrir des artistes pop tels qu’Adele ou Florence + the Machine, mais le jeune Anglais se distingue surtout lorsqu’il revisite le dernier disque du mythique chanteur et poète Gill Scott-Heron sur l’excellent album We’re New Here, paru en février 2011 – décidément un mois faste pour le dubstep britannique. En août, il fait de nouveau parler de lui à la sortie de son premier EP « original », Far Nearer, qui oppose ses couleurs chatoyantes au monochrome de James Blake. Côté collaborations, XX est aussi très demandé, puisqu’il a récemment produit Take Care, la chanson titre du dernier LP de Drake, et s’est illustré sur TKOL RMX 1234567, l’album remix de The King Of Limbs (Radiohead).
Par Thibault Goehringer