Diana Vreeland naît à Paris en 1906, puis quitte la France pour New York avec sa famille dès le début de la Première Guerre Mondiale, où elle mène une vie mondaine digne de la haute société dont elle fait partie.

C’est lors d’une fête au cœur de Manhattan, au printemps 1936, que l’oiseau se fait remarquer par Carmel Snow, rédactrice en chef du Harpers’s Bazaar. Cette dernière lui offre un poste dans le magazine, mais Diana, comme elle le confie dans son autobiographie, n’a jamais travaillé de sa vie et n’est pas du matin.

La rédactrice insiste, la carrière de l’extravagante est lancée.

C’est d’abord au Harper’s Bazaar qu’elle règne pendant près de trente ans. Elle prend ensuite les rennes du Vogue américain dès 1962.

Durant toutes ces années, l’on peut dire que Diana crée le statut de rédactrice de mode tel qu’on le connaît actuellement, à l’instar de ce que déclare le photographe Richard Avedon : “Elle a créé une nouvelle profession. Avant elle, une rédactrice de mode était une dame de la bonne société posant des chapeaux sur d’autres dames de la bonne société”.

Vreeland sait manier les mots. Célèbre pour sa rubrique « Why don’t you… », elle est précurseur concernant le fameux « do » et « don’t » : « non à la frange », « oui aux bouts pointus », et inversement selon les saisons.

Elle repère le talent, et c’est grâce à elle que de nombreux designers, photographes ou mannequins se retrouvent sur le devant de la scène. Avant-gardiste, elle inaugure les séries de mode que l’on affectionne tant aujourd’hui, fini les studios figés, elle décide de raconter une histoire autour du vêtement.

En 1971, elle quitte tout de même le Vogue et devient consultante à l’Institut du costume au Metropolitan Museum of Art à New York. On lui doit de nombreuses expositions de mode mémorables. Et c’est en août 1989, que l’une des arbitres de la mode les plus consciencieuses s’est éteinte.

L’on retrouvera cette impératrice de la mode à l’occasion de la sortie d’un documentaire « The Eye Has To Travel ». Réalisé par Lisa Immordino-Vreeland, sa petite-fille par alliance. Cette dernière ne lui voit pas de véritable héritière: « Diana Vreeland est intouchable, affirme-t-elle. Maintenant, toutes les personnes qui travaillent dans la mode sont des célébrités. Elles ont moins de liberté, la mode est devenue un trop gros business, il faut satisfaire les annonceurs. Anna Wintour est géniale sur ce plan-là, mais avec elle, Vogue n’a plus rien à voir avec le magazine de Diana Vreeland. Elle n’a même pas voulu voir mon film. »

En attendant de voir si un jour, la presse mode retrouvera cette liberté qui permit au milieu de faire évoluer les mentalités, vous pouvez patienter en lisant son autobiographie, D.V parue en 1984. Puis rendez-vous au cinéma le 3 octobre 2012, afin de se nourrir d’images d’archives et autres témoignages à son sujet.

Par Estelle Marin