Parce qu’il faut bien qu’il y ait des mecs, des vrais, pour maintenir la légendaire Angleterre debout, conquérante et digne de son passé. Parce qu’il en faut, des gosses ont pris à cœur leur rôle d’élimeurs de moquettes, de fervents dégommeurs des charts du NME, de violenteurs de scène. Des galopins fonceurs à la Peace, à la Palma Violets. Puissants pitres du rock anglais.

Les Peace, originaires des années 2009, débarqués de Birmingham, sont ces chevaliers modernes qui reprennent le flambeau rock. Ce sont d’abord les frères Harry (voix, guitares), et Samuel Koisser (basse), puis Douglas Castle (guitare) et Dominic Boyce (batterie). Avant le branle bas de combat et le sacre du cuir, ils galéraient sec dans des boulots ingrats et déprimants, cassant la vingtaine et les idéaux révolutionnaires, attisant les jetées de projets et la productivité comme survie. De père en fils, la stérilité ambiante les mena jusqu’à un succès des plus pansus. Pansu puisque dès leur premier EP Delicious, ils tapent dans l’œil de la BBC qui les couvre du titre de « Son de l’année ». Puis, presque en un éclair, ils bouclent un album In Love signé chez Columbia Records, hyper touffu de rock, d’élans surf pop, parfois méchamment punks, pour finalement se prendre des confettis dans la face. Ouais parce qu’ils sont passionnés de confettis (particulièrement en concert), ça leur parle, et ça les rend charmants. Raie faciale, sérieux british, mais cotillons en main. Car si Follow Baby part sur des guitares-batteries bien énervés, que la voix d’Harry t’agresse insolemment, le refrain léché leur donne l’air poupin. Jeux de va-et-vient incessants entre les sucreries amoureuses et la rage de l’âge.

Allées et venues que les Palma Violets connaissent bien, seigneurs d’un autre royaume anglais, Lambeth, en contrée londonienne. Samuel Fryer (voix, guitare), Chilli Jesson (voix, basse), Peter Mayhew (claviers), et William Doyle (batterie), eux-mêmes armés de leur ‘P’ de conquérants rocks, ont pris pied dans les années 2011. Les débuts furent classiquement assez bordéliques dans un studio/squat en « carton », en plein sous-sol londonien. Il est alors presque drôle de constater la proximité des expériences, la succession de concerts entre proches, potes, connaissances…jusqu’à ce que la presse y fourre sa truffe, que le NME les enguirlande de tout leur amour. Coup de pousse des plus pragmatiques qui paie et hisse à des sommets. Le label Rough Trade en vient alors à leur faire signe. Début du sacre. Commence la course effrénée consistant à mettre leur patte dans l’histoire sale, tumultueuse, mais bien gratifiante, du rock anglais et de sa flamme qui vacille. Leur son tend souvent au garage saccageur, pics de longues incantations hurlantes à la Iceage. Mais, chez eux aussi, c’est un tube, cette bombesque lignée de notes de Best of Friends que l’on retient. Dans la fraîche juvénilité des Peace. Car ces deux troupes se font réciproquement échos, monopolisant à eux deux les obsessions musicales, faisant figures de fougueux british du moment.

Oh, et puis j’allais oublier, les Palma Violets seront ce soir au Trabendo. Venez donc qu’ils vous écrasent les pieds, ça va saigner !

 

Par Emilie Jouan