Désormais, les archives s’exhibent, se prêtent et fascinent. De plus en plus de stars apparaissent dans des pièces d’anciennes collections sur le Red Carpet. Un choix loin d’être anodin, et qui déchaîne la toile.

 

 

Lors du gala de l’Academy Museum, qui se tenait le samedi 19 octobre à Los Angeles, les sœurs Kardashian-Jenner ont fait une apparition remarquée sur le Red Carpet. Et pour cause, les deux adeptes de pièces vintage étaient entièrement vêtues d’archive Thierry Mugler.

 

© Getty Images/Condé Nast Archive

 

À l’image du Met Gala, cet événement n’est qu’une énième occasion pour les stars de révéler les créations de leurs stylistes. Pour faire sensation, certaines stars optent pour un look vintage, tiré des archives, qui attire d’autant plus l’attention.

Preuve en est, lorsque Zendaya a porté une archive, issue de la collection Haute Couture automne-hiver 1995-1996, signée Thierry Mugler, les réseaux sociaux se sont enflammés ! Une initiative prise par son styliste de longue date, Law Roach, qui fait revivre des pièces vintage à travers l’actrice.

 

© Getty Images/Condé Nast Archive

 

Un phénomène nouveau ?

Si le fait de porter des archives pour le Red Carpet semble tout droit inspirée du dernier thème du Met Gala  Sleeping Beauties: Reawakening Fashion”, qu’on pourrait traduire par « Les beautés endormies : réveiller la mode », la fascination pour ces pièces n’en reste pas moins ancienne.

Le terme « archive de mode » est apparu au cours du 20e siècle, et son intérêt a repris de l’ampleur après un réexamen des collections par des créateurs, des musées et des académiciens.

Ce regain d’intérêt pour les archives de mode s’est rapidement traduit par une adoption massive par les célébrités, à l’instar de l’iconique apparition de Nicole Kidman aux Oscars en 1997. L’actrice portait une robe haute couture signée Christian Dior, symbole d’un moment historique, car John Galliano venait tout juste de reprendre les rênes de la maison.

 

© WireImage/Condé Nast Archive

 

Aujourd’hui, le vintage suscite un véritable engouement, non seulement car les marques souhaitent préserver leur héritage et leur image, mais également car cela rapporte du chiffre.

Pour Aya, une étudiante à l’école de mode MOD’ART, les archives sont « un extrait du temps d’histoire et de vie donc on se fait emporter dans le passé par la simple vision de ces pièces portées à l’heure d’aujourd’hui ». Ainsi, pour elle, « qu’on le veuille ou non le fait de choisir une pièce d’archive est une bonne stratégie car ça sera un bon coup marketing pour la personne la portant ».

On appréciera toujours de voir ressortir du placard une pièce qui a créé l’événement fut un temps. Cela permet de recréer une deuxième fois l’effervescence et donc, de permettre aux nouvelles générations une nouvelle approche des tendances car comme on dit « la mode est un éternel recommencement ».

Cette initiative, bien que mémorable, reste vue comme une initiative hypocrite par Maëlla, une autre étudiante à l’école de mode LISAA, qui voit l’appropriation des influenceurs d’un mauvais œil : « Quand le clan Kardashian-Jenner ressort des looks d’archive, c’est purement par marketing et pour se montrer, sauf que ça ne nous parle pas derrière l’écran, ça ne dit rien. Les célébrités se reposent sur le talent de leurs stylistes et se l’approprient ».

 

Une manière de valoriser des pièces authentiques ?

Au-delà d’une simple stratégie marketing, choisir une pièce vintage permet de mettre en valeur le patrimoine de la mode tout en offrant à la star l’opportunité de se distinguer et d’affiner son style, renforçant ainsi sa signature artistique. Celle-ci est souvent utilisée lors de la promotion d’un film ou d’un album : « À l’occasion de l’avant première de son dernier film Furiosa, Anya Taylor-Joy a ressorti une tenue d’archive signée Paco Rabanne. On voit clairement que son look s’accorde parfaitement avec l’univers visuel du film, et qu’elle le porte avec conviction, ne se contentant pas de l’afficher », explique Maëlla. Cette approche ne se limite pas aux avant-premières ou promotions ; elle s’étend également aux événements majeurs de la mode, où le port de pièces d’archive est particulièrement mis en valeur. « Au Met Gala par exemple, c’est évident que les looks d’archive sont les bienvenus. »

Ce lien, entre passé et présent, est au cœur du Met Gala, une soirée prestigieuse organisée par le Metropolitan Museum of Art à New York. Cet événement a pour but de célébrer l’ouverture de l’exposition annuelle du Costume Institute, qui explore un thème spécifique lié à la mode.

Lors du Met Gala 2018, dont le thème était « Heavenly Bodies: Fashion and the Catholic Imagination », la chanteuse Madonna a arboré une robe Jean Paul Gaultier de la collection printemps/été 1992. Une pièce emblématique, composée d’un corset en dentelle noire, qu’elle avait portée pour la première fois lors de sa tournée Blond Ambition en 1990.

 

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De cette manière, porter des pièces d’archives lors de tels événements permet d’une certaine façon de raviver des créations souvent oubliées, mais aussi, de mettre en avant et de donner une nouvelle vie à celles qui, dans le passé, furent sous-estimées.

 

Texte Jade Maurinier