Décidément, la question du racisme dans la mode n’en finit plus d’attiser les polémiques sur la toile. Ce coup-ci, c’est le cliché de Dasha Zhukova triomphante sur une « femme chaise » qui fait jaser la presse comme les internautes.

On avait déjà assisté, en novembre dernier, au véritable tollé médiatique déclenché par la photo Instagram d’une journaliste du Elle, grimée en Solange Knowles avec perruque afro et maquillage sombre. Cataloguée adepte du blackface, la chroniqueuse beauté Jeanne Deroo avait été contrainte de présenter ses plus plates excuses sur Twitter, déplorant « un geste offensant », pourtant réalisé dans le but avoué d’incarner sa star préférée lors d’une fête déguisée.

Un hommage jugé de (très) mauvais goût, qui aurait du mettre la puce à l’oreille de la russe Dasha Zhukova, rédactrice en chef du magazine Garage et accessoirement petite amie du milliardaire Roman Abramovich. En effet, la jeune femme n’a pas trouvé mieux, pour illustrer une interview d’elle pour le site Buro 24/7, que de choisir les fesses d’une mannequin noire plutôt dénudée en guise de chaise. Un portrait que personne ne semble avoir pris la peine de lire finalement, tant le cliché s’est attiré les foudres du public.

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Et pour cause, en dehors de son caractère franchement raciste, la parution sur le site a eu lieu ni plus, ni moins que le jour de la commémoration de la mémoire de Martin Luther King. Figure emblématique de la lutte pour l’égalité des droits, le bonhomme a du se retourner plus d’une fois dans sa tombe, face à ce complet cliché de la suprématie blanche sur le peuple noir. Une attitude qui, choquante par principe, se perçoit davantage encore comme un affront au vue du fameux D-Day.

Décriée sur les réseaux sociaux, la photo a été recadrée en moins de deux pour ne montrer que les bottes du mannequin. Et d’excuses en repentis, Miroslava Duma (rédactrice en chef du site) comme Dasha Zhukova ont tenté de faire savoir à qui voulait bien l’entendre, qu’il existait un « modèle blanc » du fauteuil incendiaire. Une façon plus que gauche d’écarter la polémique des races au nom d’une démarche artistique, pour mieux voir pointer le bout du nez de celle du sexisme.

Visiblement attendu au tournant, le monde de la mode n’a plus qu’à bien se tenir. Car si comme le rappelle la rédactrice en chef du FashionBombDaily Claire Sulmers, « l’art et la mode sont les derniers bastions de la société dans lesquels le racisme et l’ignorance sont acceptés au nom de la créativité », il semblerait que la structure commence sérieusement à s’ébranler.