La jeune chanteuse & mannequin Rina Sawayama donne un avant-goût de son premier album SAWAYAMA avec son nouveau clip “XS”. Du nu-métal bruyant au R’n’B étincelant,  SAWAYAMA est un autoportrait honnête. Décryptage de son clip “XS”, look décalé et mystérieuse créature en proie au diktat d’une société de consommation.

Après une poignée de singles indépendants assortis de vidéo hautes en couleur, Rina Sawayama sort le clip “XS”, une critique pop des émissions de ventes sur les chaînes de télévisions. On l’avait suivi lors de la sortie de son clip “Cyber Stockholm Syndrome”  et plus récemment avec le superbe clip “Cherry” dans lequel elle explorait son identité sexuelle. Elle continue sa vertigineuse ascension avec l’album SAWAYAMA (sur le label Dirty Hit) dont l’un des derniers titres phares est “Like The Boys” (Comme des garçons)”.

La chose la plus frappante à propos de Rina Sawayama est sa double casquette de chanteuse et mannequin. Rôles avec lesquels elle jongle habilement puisque sa musique pop/R’n’B assure avec brio. Elle possède une approche assez expérimentale du style, tout comme sa musique. La beauté est un concept qu’elle utilise par des maquillages souvent très sophistiqués dans ses clips.

Le personnage incarné par Rina dans le clip “XS”, copie des présentatrices de télé-achat, évolue dans un monde où l’on vend des produits esthétiques issues, à son insu, du fluide corporel d’une étrange créature féminine. Avec son look conventionnel bourgeois où le luxe est de mise, elle mixe un make-up pop et futuriste aux couleurs extravagantes. Cheveux crêpés comme dans les années 80, seules les deux mèches oranges sur les côtés nous rappelle l’aspect décalé de sa personnalité. En parallèle, ce personnage de femme ovni, enfermée contre sa volonté, a des airs de chimère tout droit sorti d’un film de science-fiction. Rina apparaît métamorphosée, puisant sa source d’inspiration des pop-stars des années 2000 telles Lady Gaga dans des précédents clips.

Forme de dystopie proche de notre réalité, face au monde de la publicité qui peut bien nous faire acheter tout et n’importe quoi. La chute est cinglante, lorsque son personnage s’avère être un robot lâchement jeté aux ordures comme un vulgaire flacon de bouteille qu’elle vendait jusque là. Un clip qui souligne l’engagement et l’humour cynique de la jeune chanteuse dont les clips signent une esthétique qui lui est propre. Le make-up et le stylisme ont une importance fondamentale dans la carrière de la jeune chanteuse qui ne délaisse pas la musique par rapport à la forme.

Dernièrement on a pu voir Rina sur scène aux cotés de Charli XCX pour une série de concerts entre Londres et Berlin, tandis qu’elle participe également au tournage de Turn Up Charlie, une nouvelle comédie Netflix avec et produit par Idris Elba. Il faut dire qu’outre la pop et le mannequinat, Rina Sawayama a aussi la tête bien faite puisqu’elle est sortie diplômée de Cambridge en 2012 en politique, psychologie et sociologie. Pas étonnant donc qu’elle intègre à ses chansons nostalgiques les impératifs sociopolitiques du 21e siècle: la dépendance à Internet, la pansexualité et la façon dont la culture asiatique est appropriée par le courant “mainstream”. Cela ne veut pas dire que Sawayama est opposée à l’expérimentation esthétique au grand plaisir de ses fans hyper engagés qui la suivent autant pour sa musique que sa couleur de cheveux caméléon !

Pour écouter l’album SAWAYAMA de Rina Sawayama (Dirty Hit)