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La sélection Modzik pour sonoriser ton weekend.

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SUMMER WALKER – FMT

Summer Walker a dévoilé Finally Over It (The Afterparty), une réédition qui prolonge la sortie de son nouvel album paru récemment. Ce nouveau projet conclut la trilogie entamée en 2019 avec Over It puis Still Over It en 2021, un cycle marqué dans la carrière de la chanteuse par la douleur, la maternité, l’exposition médiatique et les relations toxiques. Dans ce troisième volet, on retrouve une Summer Walker plus posée et qui semble avoir beaucoup prit en maturité abordant des thèmes comme l’introspection, la reconstruction, la guérison et la reprise du contrôle en général. On observe aussi une évolution musicale où elle semble délaisser la trap-soul saturée de ses débuts pour un R&B 90’s/2000 plus assumé et ajusté par le producteur Dos Dias. Ce choix donne naissance à un projet plus lisse aussi bien dans l’écriture que dans la voix et où les collaborations contribuent à affirmer cette direction mais aussi à l’élargir. Aux côtés de Mariah the Scientist, Brent Faiyaz ou encore Latto et Anderson .Paak pour ne citer qu’eux, Summer Walker explore et légitimise une palette de style plus large. Ses feats féminins sont les plus marquants dans cet album et témoignent d’une complicité instinctive entre des femmes qui paraissent avoir traversé des expériences semblables. Cette volonté de renaissance de l’artiste trouve son incarnation visuelle dans le titre qui ouvre le deuxième disque de l’album : FMT, dont le clip est récemment sorti, met en scène un rituel de purification qui convoque un imaginaire largement inspiré du spiritualisme africain, autant dans les décors et les vêtements que dans les figures présentées. Summer Walker y apparaît en pleine métamorphose, lavant son passé pour mieux entrer dans une ère nouvelle le tout, doublé par une musique qui sonne comme un cri du cœur. Un rite de guérison visuel donc, qui illustre toute l’ambition de ce dernier opus, celui de tourner la page sans renier ce qui a façonné la femme et l’artiste qu’elle est devenue au fil de sa carrière. (ML)

FMT est disponible via LVRN/Interscope Records.

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disiz – paraboy

Avec on s’en rappellera pas, disiz livre un album qui fonctionne comme un journal intime sonore. Chaque titre est une capsule d’émotions, entre mélancolie et urgence. L’album, façonné dans une multitude de lieux, Bruxelles, Paris, Bagnolet, Boursay, Fréjus, Bordeaux, Niort et l’Île de la Réunion (Saint-Paul et Saint-Denis), trace une géographie intime autant qu’artistique. Emmanuel Camy, le fidèle, sculpte le son avec précision, tandis que Max Baby imprime sa marque sur trois titres, apportant des textures électroniques pointues. Chaque morceau est une pièce d’un puzzle autobiographique. On y croise la mélancolie de l’enfance, la violence des quartiers, les errances amoureuses, la solitude face au tumulte du monde. Mais il y a aussi la rêverie, l’élévation créative, les moments de beauté fugace. Les morceaux oscillent entre ballades acoustiques, pop électro sophistiquée et guitares distordues, formant un patchwork sonore cohérent où chaque instrument et chaque effet servent la narration à la fois brute et consciente de disiz. L’épique paroboy plonge au cœur de la violence des quartiers, des traumatismes et de la survie. La tension y est palpable, oscillant entre guitares saturées et électro hypnotique. Les featurings de l’album apportent des résonances uniques : Iliona, Théodora, Laurent Voulzy, Kid Cudi, Prinzly… ponctuent la narration. Les interludes, quant à eux, offrent des respirations et font surgir des instants cinématographiques dans cet univers intime. Ces voix deviennent des personnages à part entière, dans le théâtre émotionnel de l’album. Mais celui-ci sait aussi s’ouvrir à la douceur et à l’émerveillement. L’amour, la mer, les instants volés de beauté : la musique devient un langage de survie, un moyen de transcender la violence et le désordre du réel. Elle rapproche disiz de ce qu’il chérit le plus : sa famille, ses enfants, sa mère. on s’en rappellera pas est une véritable épopée, électrique et mélancolique, poétique et troublante. disiz y affirme sa place de conteur d’intime, de citoyen observateur et de musicien hybride. La musique devient catharsis et exploration, un prétexte pour raconter la vie telle qu’elle se vit : dans sa crudité, sa fragilité et sa poésie. Et si « on s’en rappellera pas », l’intensité de cette traversée, elle, reste inoubliable. (LFC)

on s’en rappellera pas est disponible via Production Carré Bleu/Sony Music.

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MELISSA LAVEAUX – SALT WATER SO SWEET

Avec Salt Water So Sweet, Mélissa Laveaux nous invite à plonger dans les eaux mystérieuses de ses souvenirs et de ses racines haïtiennes. Sa voix légèrement voilée, presque incantatoire, ensorcelle dès les premières secondes, comme si un souffle ancestral guidait chaque note. Le morceau invoque la loa aquatique Lasirèn, déesse du vaudou haïtien, mêlant tension rituelle et storytelling intime. La rythmique rock, tendue, rappelle des textures trip-hop tout en laissant respirer la singularité de Mélissa, et finit par faire bouger la tête en rythme malgré nous. Née à Montréal d’un père haïtien et d’une mère canadienne-française, Mélissa, dont le prénom signifie « abeille » ou « brillante flamme » en grec, grandit dans un univers où les fantômes, les esprits et la mort ne sont jamais tabous. Les abeilles, motif récurrent d’un prochain album à venir en mars 2026, y deviennent des messagères sacrées entre vivants et défunts, un symbole qui traverse son œuvre comme un fil d’or. Enfant, elle traverse des expériences marquantes qui nourrissent sa fascination pour l’invisible et façonnent son rapport à la mémoire et au rituel. Cette exploration s’intensifie aujourd’hui. Ces dernières années, Mélissa a dû apprivoiser un diagnostic de sclérose en plaques primaire et progressive, mention qu’elle laisse apparaître avec pudeur ; une réalité qu’elle transforme en force créatrice, sans jamais s’y réduire. Cette vulnérabilité nouvelle se glisse entre les lignes de sa musique, une forme d’attention au corps et à l’âme. Depuis Mama Forgot Her Name Was Miracle (2022), elle poursuit son chemin entre folk, blues, rock et influences haïtiennes, et Salt Water So Sweet s’inscrit dans cette continuité, mais avec un souffle plus intime, un dialogue plus direct avec les esprits. Chaque vibration semble traversée d’un éclat ancien. Ces dernières années, Mélissa a également multiplié les collaborations : Lo’jo, Nili Hadida, DJ Pone, Roseaux et récemment LANZ. Ces rencontres élargissent son spectre musical, du rock à l’électro en passant par la pop, tout en préservant cette voix singulière, tendre et habitée. Salt Water So Sweet est sans doute un passage entre deux mondes, une incantation où le vaudou, la mémoire et l’intime se rejoignent. La voix de Mélissa y devient fil conducteur et sortilège, nous ensorcelant comme un courant secret que l’on suit sans fin, laissant derrière lui l’écho de souvenirs, de mystères et d’abeilles messagères. (LFC)

Salt Water So Sweet est disponible via Twanet.

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ORVILLE PECK – DRIFT AWAY

Issu de son dernier EP Appaloosa, le single Drift Away s’impose comme le titre phare de la nouvelle composition du chanteur canadien, Orville Peck, dans lequel il brosse un tableau de l’ennui qui règne dans les petites villes à l’ère post-pandémique. « Regarde les gamins qui roulent sur les routes, en 2021, tous les cinémas ont fermé, ils n’ont nulle part où aller. (…) Il ne s’agit pas de partir, il s’agit de lâcher prise, tu ne comprends pas ? Laisse-toi emporter avec moi. » Mais aussi une sérieuse volonté musicale d’exprimer son besoin d’émancipation des carcans, souligné par un refrain ponctué d’un esprit pop. Orville Peck revêt de nouveau son masque à frange pour délivrer une musique country portée par une guitare acoustique, avant de se mêler aux sonorités électroniques. Le cow-boy queer (qui se revendique lui-même comme tel) emprunte les codes inhabituels qui l’ont fait remarquer en 2019, avec son album Pony, où le chanteur s’approprie un genre américain souvent immuable. Ce n’est pas pour rien que ce single reprend d’ailleurs le titre d’un classique de la musique country, chanté par le musicien Uncle Kracker, l’inoubliable interprète de Follow Me. À l’image de Lil Nas X, il navigue sur des sonorités bien connues pour y infuser une folk sombre qui sème le trouble, de la même façon que son énigmatique masque. Il chante sa quête de liberté, thème classique avec lequel le chanteur semble s’amuser. Sa réinvention de la country se traduit aussi par le façonnement du clip : Orville Peck dessine un décor semblable à cette vieille idylle du « rêve américain » teenage, anciennement fantasmé. Mais ici, les jeunes protagonistes insouciants dénotent par une allure autrefois marginalisante. Rien pour implorer la consensualité ; bien au contraire, Drift Away met en lumière un contraste inhabituel, via un prisme contemporain, qui sonne pourtant de façon très homogène. Morceau qui s’inscrit dans la progression plus large de l’EP qui s’ouvre sur Dreaded Sundown, un morceau crépusculaire qui pose un décor western familier avant de laisser place à des titres plus personnels. Le duo avec Noah Cyrus, Atchafalaya, apporte un relief nouveau : leurs voix se répondent d’une manière sobre mais très juste, ce qui marque l’un des moments les plus émotionnels du disque. Plus loin, la reprise de Maybe This Time introduit une surprenante parenthèse plus « musical », révélant l’amplitude vocale de Peck. L’ensemble se referme avec It’s the End of the World, morceau plus énergique et légèrement nostalgique, qui conclut l’EP sur une note à la fois classique et ouverte. Orville Peck revisite la country en y injectant une sensibilité contemporaine et un imaginaire qui lui appartiennent. Drift Away en est le pivot, mais l’ensemble de l’EP témoigne d’une progression assumée : plus personnelle et plus nuancée. Il y affine son langage, consolide son identité et continue d’élargir les contours d’un genre qu’il traite avec respect autant qu’avec liberté. (AC/LFC)

Drift Away est disponible via Warner Records.

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JONATHAN BREE – LIVE TO DANCE (FEAT. PRINCESS CHELSEA)

Dans la même veine que notre cher interprète country Orville, nous revoilà à décrypter un musicien à nouveau masqué, et pas n’importe comment, puisque Jonathan Bree est entièrement couvert d’un voile couleur chair, ne laissant distinguer aucun détails de son visage. Le chanteur équivoque nous replonge dans son univers rétro-futuriste et s’allie à la bizarrerie jouissive de Princess Chelsea, pour composer un morceau aliénant et minimaliste, suggérant une critique sociale voilée. Les deux ex-membres du groupe The Brunettes se retrouvent pour construire une musicalité inspirée de l’ambiance robotique de Kraftwerk et surplombée d’une narration hypnotique. Ils reprennent un genre chamber pop et proposent un exutoire, appelant à la danse et à l’échappement. La subtilité de leur association se révèle par une musicalité qui contraste avec les paroles, et apporte donc une ambiguïté au morceau qui induit plusieurs interprétations propres à chacun. Jonathan Bree conserve la dimension mélancolique de sa musique en toutes circonstances, intensifiée par le clip froid mais sensuel du morceau, dont les corps nus dévoilent toute l’aspect primitif du titre. On divague entre décors noir et blanc et lumières bleues oniriques, mélange à l’image de leur musique. Sans hésitations, on ajoute Live To Dance à notre playlist, y succombant le soir, pendant nos moments d’évasion. (AC)

Live To Dance est disponible via Lil’ Chief Records.

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TENTATIVE – L’AMANT NU SUR UN DIVAN AVEC DES PLUMES DE GOELAND

La Femme serait-il sur la fin ? Alors que Marlon Magré s’élance en solo, voilà que Saxa Goth trouve un nouveau terrain de jeu en produisant le prochain album de TENTATIVE La Fille Pharmacie dont est extrait ce single L’Amant Nu sur un Divan avec des Plumes de Goéland. Après Statue Moi (2023), premier album où le duo imposait son esthétique cold-wave, glamour et post-punk, TENTATIVE revient en charme et en démesure avec La Fille Pharmacie, deuxième opus annoncé pour janvier 2026. Formé autour de Charlie Périllat, front-woman à l’incandescence glam, et du compositeur Karel Hotchkine, TENTATIVE tire son nom de Tentative de jalousie de Tsvétaeva, assumant pleinement sa veine littéraire, poétique et frondeuse. Leur musique, cold wave française, pop glam et électro post-punk mêlées, avance comme une performance totale où mots, corps, images et sons se confondent. Le nouveau single, extrait du film-fanfare homonyme qui accompagnera le lancement de l’album, condense tout cet univers décalé : Charlie y traverse des galaxies en paillettes, un espace en latex moulant et une sensualité surréaliste, mi-feu follet mi-amazone moderne. Drôle, sexy et traversé d’une énergie nocturne, le titre évoque la chaleur saturée d’un club enfiévré : synthés scintillants, riffs opaques et traînants, et ce parfum d’interdit qui flotte comme une fumée dorée. On s’y abandonne comme à une fête secrète tapie dans les sous-sols de la ville. Pour en être témoin direct, TENTATIVE jouera en première partie de La Femme à l’Accor Arena ce 27 novembre. Signe des temps ou simple alignement de planètes ? À vous de juger. (EU/LFC)

L’Amant Nu sur un Divan avec des Plumes de Goéland est disponible via Rideau Records

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JOSHUA IDEHEN – DON’T LET IT GET YOU DOWN

Britanno-nigérian, d’abord attiré par le cinéma plutôt que par la littérature, il ne découvre la poésie qu’à travers un coup de foudre inattendu pour Dizzee Rascal. Depuis, il est devenu l’une des voix fortes du spoken word londonien, collaborant avec Sons of Kemet, LV, Benin City et d’autres figures essentielles de la scène jazz et alternative britannique. Derrière cette carrière riche se cachent des années plus sombres. La pandémie l’a conduit à Stockholm, où il retrouve un équilibre et une clarté, ainsi que le désir de ne plus écrire uniquement à partir de la douleur. C’est dans ce contexte qu’il forge sa collaboration avec Ludvig Parment, DJ producteur suédois, un partenaire créatif avec qui il partage une relation profonde et complémentaire. Ensemble, ils composent des morceaux où la poésie de Joshua s’élève sur des textures house et électroniques, mêlant groove et profondeur émotionnelle. Don’t Let It Get You Down en est la parfaite démonstration : un single house lumineux, porté par une pulsation métronomique qui semble vouloir remettre le monde d’aplomb à chaque mesure. Joshua y dépose son flow de manière crescendo, tel un prédicateur, pour terminer par le mantra No Pain No Gain, répété ad libitum, tandis que Parment tisse des sons chaleureux et enveloppants. Le morceau avance, prend de l’ampleur et s’élève progressivement, pour finir abruptement, nous laissant suspendus entre la force de la danse et l’intensité émotionnelle accumulée tout au long du titre. Le single annonce l’album à venir le 6 mars 2026, I Know You’re Hurting, Everyone Is Hurting, Everyone Is Trying, You Have Got To Try, un projet qui explore la rédemption, la solidarité et les formes discrètes de soutien qui peuvent parfois sauver davantage qu’on ne le croit. Sans emphase, Don’t Let It Get You Down affirme que continuer à danser, marcher, respirer est déjà un acte de résistance. Joshua Idehen y apparaît fidèle à lui-même : lucide, sensible et ancré, capable de transformer un instant fragile en pulsation commune. (LFC)

Don’t Let It Get You Down est disponible via Heavenly Recordings/PIAS. En concert à Paris (Pleyel) le 4 décembre 2025, 1ère partie de Baster Dury.

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NOTRE DAME – CANDY CLOUD

Avec Candy Cloud, Notre Dame, de son prénom Jérémie, poursuit l’union entre musique électronique, culture manga et identité parisienne. Porté par un clip d’animation japonaise réalisé par une équipe française, le single montre combien l’univers de Notre Dame a évolué depuis Yumi (2021) et s’inscrit dans l’esthétique narrative développée via son label Paranormal Society. Sur le plan musical, la voix, traitée à la manière d’Underworld (Born Slippy), se déploie avec fluidité sur les textures électroniques, s’intégrant à la dramaturgie mélodique. Le clip, écrit par Salomé Le Luyer, explore l’illusion, la nostalgie et la croyance, dessinant un pont entre imaginaire enfantin et maturité adulte, où la guitare devient le symbole central, chargée de pouvoir. Après avoir exploré afrobeat et chill-house (Emowe), textures vocales filtrées (Inner Mechanism), influences orientales (Amuse) et teintes rock/cinématographiques (Geisha), Notre Dame signe une trilogie marquante cette année.  Avec sa house hypnotique, Recollection marque un tournant visuel grâce à l’apparition du personnage manga, désormais emblème de son univers. Nobody Told Me mêle beats furieux, nappes de synthés enveloppantes créant une électro immersive qui vous entraîne  à l’énergie du dancefloor. Haunted Nights prolonge cette direction, mêlant électro narrative et mélodie cinématographique. Ensemble, ces trois EP définissent l’esthétique actuelle de l’artiste : immersive, visuelle et tournée vers le récit. Cet imaginaire s’étend au-delà de la musique : figurines vinyle en édition limitée, vinyle 12’’ et pop-up accompagnent la sortie de Candy Cloud. Le pseudonyme Notre Dame ancre l’artiste à Paris, hommage direct à son enfance et à son univers visuel. Cette relation se prolonge dans The City, sa collaboration avec Alex Wann, où rythmes afro-house et textures mélodiques se mêlent pour créer un morceau aux couleurs synthétiques proches de MGMT et l’esprit solaire d’une pop électronique à la Møme / Ricky Ducati. Après avoir réalisé des remixes pour Röyksopp, Lenny Kravitz ou encore le l’hymne Give it To Me de Timbaland & Nelly Furtado aux côtés d’Adriatique, Notre Dame s’est produit du Space Miami au Womb Tokyo, confirmant une ascension portée par un mélange unique de French Touch, culture anime et sensibilité cinématographique. Chez lui, son, image et objet s’unissent pour former un récit total, en quête de mémoire et d’appartenance. (LFC)

Candy Cloud est disponible via Paranormal Records. Exposition éphémère à Paris (Galerie Joseph 8 square Ste. Croix de la Bretonnerie 4e) le 23 novembre 2025. Free.

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