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Aujourd’hui (minuit), FKA twigs nous offre Afterglow ainsi que quatre nouvelles chansons présentées dans une version alternative de Eusexua, moins d’un an après sa sortie en janvier dernier. Et si Eusexua capturait l’euphorie d’un début de nuit, entre les rencontres, la fête, le voyage intérieur et charnel, Afterglow en incarne l’extase d’après. Celle des réalisations, du petit matin qui se lève, et pourtant toujours animée du même souffle : une ode à la vie, au corps, à la danse, à la musique, à l’art et surtout à l’amour.

Dans Drums of Death, un des singles cinglant de Eusexua, FKA twigs utilise une voix déformée pour chanter un mantra puissant : « Listen up, girl / Drop your skirt to the floor / Let your clothes, body talk / Shed your skin / Rip your shirt, flesh exposed / Feel hot, feel hard, feel heavy ». Ce même esprit se transpose avec force dans Afterglow. Sur la couverture déjà, sa peau semble se détacher pour dévoiler une autre facette d’elle, à la fois humaine et hors de ce monde, comme sirène. Avec ce nouveau projet, elle se réinvente en architecte de sa voix et d’un univers musical aussi expérimental que familier. Car ses sonorités y évoquent autant son EP M3LL155X qu’une prolongation organique de l’aventure Eusexua. Comme un passage fluide entre deux mondes différents, dont elle demeure l’impératrice.
Si les deux premiers singles, Cheap Hotel et Predictable Girl, posent une ambiance atmosphérique, comme de courts interludes chantés qui préparent à un nouvel univers, le reste de l’album se déploie comme une véritable odyssée.
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Love Crimes inaugure ce nouveau chapitre avec une trance hypnotique : on est immédiatement plongés, comme avec Eusexua, au cœur même de la fête. Impossible de dater précisément l’époque, tant les sonorités pop à la Madonna se mêlent à l’avant-garde électro propre à Twigs. Une seule chose demeure : la corporalité, le sentiment qui s’en dégage, l’extase. On ne peut rester de marbre en écoutant ce morceau, qui donne le ton pour tout l’album, entre beats qui flirtent avec le catwalk, la ballroom électro et une pop plus catchy portée par la voix douce, puis distordue et incisive de l’artiste britannique.
Puis, revient la douceur avec Slushy. Plus ambiente et linéaire, elle n’en reste pas moins toujours expérimentale, et flirte même avec la witch house liquide et vaporeuse de Eartheater, d’ailleurs présente sur un des nouveaux titres du deluxe de Eusexua, le Striptease remix.
Wild and Alone est un bijou d’electro and bass avec la nouvelle princesse de la musique contemporaine, PinkPantheress. Leurs deux voix se mêlent et se démêlent avec douceur, sur des beats tantôt jungle tantôt pop alternative.
Hard, Cheap Hotel, Touch a Girl et Predictable Girl sont chacune des chansons qui explorent leur propre univers et ambiance, avec des rythmes variés. Leur force principale réside dans des paroles intimes qui disent les relations complexes entre le corps et l’esprit, qui transpirent l’amour et la découverte personnelle comme de l’autre. Ces morceaux constituent comme un prélude, une antichambre du véritable chef-d’œuvre musical qu’est Sushi, avec sa composition unique qui se distingue par multiple changements de rythmes, collages sonores et (auto)références.
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Sushi est plus qu’un voyage, que la culmination, c’est une ode aux chansons ballroom et à la culture voguing. Les paroles, prononcées par Precious « Walk for me, walk for me, walk for me, walk for me / Walk for me, walk for me, walk for me, walk for me / Walk for me, serve, walk for me, serve, walk for me, serve, walk for me, serve / Walk for me, serve, walk for me, serve. I’ll see you after the function / Now, hold that pose for me », en témoignent, avant de réveler un auto-sample de la chanson Glass & Patron. Le morceau se distingue aussi par plusieurs breaks rythmiques, ce qui en fait la pièce la plus riche et surprenante sur le plan sonore de tout le projet. Entre hommage et avant-garde, Sushi est une réinvention, la réécriture d’une culture et un tribut à la discographie de Twigs en perpétuel dialogue.
Piece of Mine sert de transition douce vers la fin de cette odyssée musicale, et la colore d’une teinte plus mélancolique. Puis, Lost All My Friends, qui sonne comme l’annonce du dénouement de la soirée, avec FKA twigs qui chante la perte de soi, mentale et physique, dans des paroles qui restent : « When I was on earth, I was spinning / Lost all my friends in the club / Then I lost my mind in the car / I don’t even remember who you are, you are, you are ». Enfin, Stereo Boy clôture de l’album avec une grandeur empreinte de gravité. Le son y est mélancolique, sombre, baigne dans des sonorités proches des alarmes de sirènes. Il est non sans rappeler les premières productions d’Arca sur &&&&&, qui se balancent continuellement entre douleur et espoir, avec une intensité presque épique.
Alors, Afterglow, c’est l’extase après l’euphorie, le sentiment que tout peut durer éternellement, puisque l’art et l’amour eux demeurent.
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Afterglow est disponible via Young Recordings Limited/Atlantic Records.
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Texte Tiphaine Riant
Image de couverture Jordan Hemingway
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