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C’est à pas feutrés que l’artiste britannique PinkPantheress a fait son grand retour le 9 mai avec Fancy That, une nouvelle mixtape effervescente d’une vingtaine de minutes. La chanteuse avait déjà dévoilé deux singles remarqués : Stateside, coproduit par The Dare et accompagné d’un clip à l’esthétique Y2K affirmée, et Tonight, dont le visuel puise dans un imaginaire baroque à la Bridgerton.
Si Fancy That reprend les ingrédients qui ont fait le succès de PinkPantheress, entre bedroom pop électronique, une voix autotunée, et nostalgie assumée des années 2000 mélangée au kitsch british, la mixtape s’impose comme son projet le plus audacieux à ce jour. Chaque titre fonctionne comme un microcosme, contribuant à l’éclosion d’un univers plus vaste et cohérent : la mixtape. Les productions, plus riches et complexes, témoignent d’une maturité nouvelle, quand les textes, plus explicites et percutants, confirment l’évolution de son écriture. L’esthétique, elle, demeure tout aussi authentique que soignée.
L’introduction de la mixtape donne le ton : « My name is Pink and I’m really glad to meet you », lance-t-elle sur Illegal. Une manière peut-être de se présenter à un public élargi, ou de se réinventer dans un paysage musical qu’elle façonne déjà depuis plusieurs années.
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Débuts et succès
Née à Bath et basée à Londres, Victoria Walker aka PinkPantheress s’est fait connaître en 2021 grâce à ses morceaux courts et accrocheurs postés sur TikTok, comme Break It Off et Pain, qui deviennent rapidement viraux. Son style unique, mêlant bedroom pop, drum and bass et influences Y2K, séduit un large public et lui permet de signer chez Parlophone. Elle confirme son succès avec la mixtape To Hell with It et des singles comme Just for Me. En 2023, elle explose à l’international avec Boy’s a Liar Pt. 2 en collaboration avec Ice Spice, qui atteint le top 5 du Billboard Hot 100. Lauréate du BBC Sound of 2022 et présente sur la BO du film Barbie avec le titre Angel, PinkPantheress s’impose aujourd’hui comme l’une des figures majeures de la pop britannique.
Drum and bass et nostalgie contemporaine
Avec Fancy That, PinkPantheress continue de façonner un univers pop singulier, où la nostalgie des années 2000 se mêle à une modernité assumée. La mixtape, courte (20 minutes) mais dense, s’appuie sur des productions électroniques raffinées, des breakbeats rapides et des refrains à la fois doux et entêtants, le tout porté par une écriture introspective et imagée.
Dès la première chanson, Illegal, PinkPantheress affirme son univers sonore et visuel : une pop alternative teintée de drum and bass, des paroles à la fois vulnérables et distantes, et un clip qui mêle prises de vue réelles et animation, créant un univers hybride et poétique. La vidéo met en scène la chanteuse dans des décors minimalistes, vêtue de pièces vintage et sleazy, en cohérence avec son style personnel.
Parmi les titres marquants de la mixtape, Stateside se distingue par sa production énergique et ses paroles sur la distance amoureuse, un thème cher à la chanteuse. PinkPantheress a d’ailleurs confié qu’il s’agissait de sa chanson préférée du projet. Le morceau, coproduit par The Dare, alterne entre mélancolie et euphorie, porté par une ligne de basse entêtante et des synthés rétro. Les paroles, qui racontent la fragilité d’un amour à distance, sont d’une justesse bouleversante : la chanteuse y décrit l’attente, les rituels et l’incertitude d’une relation transatlantique, entre espoir et lucidité. C’est un titre dansant, mais traversé d’une douce mélancolie et d’un brin de rêverie.
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Noises se distingue par son storytelling à l’humour subtil et sa production jungle woozy. PinkPantheress y raconte, sur un sample de What the fuck is that ? de Nardo Wick, le plaisir de la solitude soudainement troublé par une frayeur inattendue, le « bruit », ponctuant le morceau de clins d’œil à la culture internet. Ce jeu entre introspection et autodérision, porté par une structure sonore inventive, en fait un des morceaux les plus originaux de la mixtape et se distingue particulièrement de la discographie de Pink.
Girl Like Me frappe par l’énergie de sa production et la franchise de ses paroles. Sur un beat breaké et des synthés aériens, PinkPantheress explore les thèmes de l’identité et du désir, affirmant sa singularité tout en questionnant la perception des autres. Les autres titres, comme Tonight (qui sample Do You Know What I’m Seeing? de Panic! at the Disco), Stars qui s’inspire du tube pop-house de Just Jack de 2007, Starz in Their Eyes – un morceau qu’elle avait déjà samplé sur Attracted to You – ou Romeo, confirment l’éclectisme de PinkPantheress : breakbeats, influences garage, samples malins et spoken word se croisent et se lient.
British Y2K et univers immersif
L’esthétique de PinkPantheress s’inscrit dans une relecture très britannique du style Y2K, immédiatement reconnaissable dans ses clips comme dans sa façon de s’habiller. On y retrouve des éléments iconiques tels que le plaid écossais, les cabines téléphoniques rouges, les uniformes d’écolière, et des accessoires vintage qui rappellent l’Angleterre des années 2000. Cette identité visuelle, entre nostalgie scolaire et culture pop britannique, est omniprésente dans les vidéos de Illegal et Stateside, où la chanteuse évolue dans des décors urbains typiques.
Au-delà de la musique et des clips, PinkPantheress a su créer un véritable univers immersif pour ses fans. Ce week-end, une campagne d’affichage sauvage a envahi quatre quartiers emblématiques de Paris (Marais, Oberkampf, Canal Saint Martin, Saint Paul) pour que les fans puissent faire du contenu « avec elle », clin d’oeil à l’énergie des lancements pop des années 2000.
En somme, Fancy That est une mixtape où chaque détail, du son à l’image, du stylisme aux clips, participe à l’élaboration d’un univers cohérent et immédiatement reconnaissable, mais toujours novateur. PinkPantheress s’y impose comme une artiste à l’avant-garde de la pop, capable de transformer la nostalgie en une force créative résolument contemporaine.
Fancy that est disponible via Warner records/PinkPantheress
Texte Tiphaine Riant
Image de couverture Charlie Engman