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La sélection Modzik pour sonoriser ce weekend.

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TAYLOR SWIFT – WOOD

La chanteuse de 35 ans décrit son douzième album comme une plongée dans les coulisses de sa dernière tournée géante retraçant toutes les époques de sa carrière (ou « ères », comme elle les appelle), un moment dont la vie intérieure, selon elle, déborde de ce qu’elle ressent loin des projecteurs. Taylor Swift indique que The Life of a Showgirl vient de « la période la plus joyeuse, la plus folle et la plus intense de (sa) vie », qui coïncide avec les premiers temps de sa relation avec Travis Kelce, avec qui elle a annoncé ses fiançailles en août. Sur son podcast New Heights, elle explique que son but était de créer des mélodies « si infectieuses que tu en serais presque en colère », et des paroles « aussi vives, nettes, focalisées, et complètement intentionnelles ». Alors, qu’en est‑il vraiment ? Ce nouvel album, produit avec Max Martin & Shellback, les artisans de Shake It Off et de tant de hits accrocheurs, revient lourdement sur leur terrain : le punch pop et la production hyper léchée. Le disque est aussi un étrange mix : derrière ce vernis très pop‑mainstream, on sent des envies de nostalgie, de groove, un héritage soul / Motown / Jacksons qui te chatouille l’oreille avec le meilleur titre de l’album Wood. Taylor glisse dans des métaphores sensuelles ( « His love was the key / That opened my thighs »), livrées avec une voix à la fois joueuse et déterminée, sur une base rythmique rappelant le souffle funky et dansant. Wi$h Li$t, lui, creuse l’idée d’un rêve, d’un souhait simple dans un monde de mythes : Taylor imagine une vie moins décorée, plus authentique, et chante les louanges de ce désir : « Je ne veux que toi, avoir deux ou trois enfants, que tout le quartier se mette à te ressembler ». On sent là une volonté sincère de se détacher du glamour imposé, même si la mise en musique reste riche. Father Figure glisse quant à lui un emprunt discret à George Michael, avec une interpolation du morceau du même nom. Autre figure, celle d’Elizabeth Taylor dans le morceau éponyme. Swift joue avec ce parallèle entre la célébrité/glamour et ce que l’on vit quand on est constamment sous les projecteurs : la pression, le questionnement, la vulnérabilité. He Life of a Showgirl est un disque ambitieux, loin d’être parfait où Taylor Swift se réapproprie le glamour, le désir, l’héritage pop/soul, tout en restant ancrée dans ses combats personnels. (LFC)

Wood est disponible via Taylor Swift.

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CA7RIEL & PACO AMOROSO – PAPOTA (SHORT FILM)

Ils viennent de Buenos Aires, Ca7riel (Catriel Guerreiro) et Paco Amoroso (Ulises Guerriero), deux gamins presque collés l’un à l’autre à l’école, unis depuis l’enfance autour de la musique : guitare, violon, rock prog, funk, reggae, et plus tard trap et électronique. Ce passé “rock de chambre”, cette formation instrumentale, cet appétit des textures organiques : autant de fondations qui rendent leur virage vers la scène urbaine comme une mutation. Avec Papota (EP + court métrage), sortis en mars dernier, ils atteignent un point de tension magnifique : ce désir de faire danser, de groover avec leurs mélodies qui accrochent sont mis face à ce qui agace. Le film qui accompagne le projet est un véritable choc visuel et symbolique : un producteur, Gymbaland, incarné par l’incroyable Martin Bossi promet tout : la célébrité, les Grammys, l’anglais obligatoire, le corps sculpté, les hashtags viraux en échange de concessions. Papota joue de ce contraste : ses scènes kitches, ses envolées festives, et derrière, le malaise, le doute, l’imposteur. Ce contraste entre le dansant et le critique n’est pas gratuit : il est alimenté par leur histoire. Ca7riel et Paco Amoroso savent jouer, savent composer, savent faire du bruit. Ils ont grandi avec le rock, le jazz, le spectacle. Quand ils choisissent de caricaturer l’industrie musicale, c’est de l’intérieur. Cette familiarité rend leur satire plus tranchante. Et c’est là que Papota devient rock dans le sens noble : dans son troisième degré, dans l’énergie d’une certaine rage et dans leur volonté de nous faire danser. (LFC)

Papota est disponible via 5020 Records. En concert à Paris (Bataclan) les 26 et 27 octobre 2025. COMPLET.

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MATHIS AKENGIN – MER D’HIVER

Pianiste et compositeur français, Mathis Akengin façonne un univers singulier, à la croisée du néoclassique et d’une pop délicate, pleine de souffle et d’intimité. Né en Turquie, passé par la Grèce avant de poser ses valises en France à l’âge de 5 ans, il grandit dans un cocon d’influences multiples, entre racines orientales et découvertes sonores éclectiques. Si ses parents ne sont pas musiciens, leur intuition les pousse à l’inscrire tôt au piano, geste fondateur d’un long chemin artistique. Le plaisir viendra avec le temps, au fil des années passées au conservatoire, jusqu’à ce que la rigueur académique laisse place au désir de composer, librement. Formé entre la Haute École de Musique de Lausanne et les scènes alternatives (on le retrouve au clavier chez Dead Chic ou Catfish), Mathis trace une route en zigzag, embrassant le rock, le jazz oriental, la world-soul ou la pop expérimentale. Une diversité qu’il canalise aujourd’hui dans un projet solo à la fois intime et ambitieux, où le piano devient matière vivante. Après Voltige, premier titre instrumental, escapade aérienne, dans la lignée de Chilly Gonzales ou Agnès Obel, puis First Floor, chanté, mémoire sensible du tout premier appartement familial en France. Le morceau débute en faux-semblant ragtime, s’ouvre à des couleurs orientales, puis s’élève vers un refrain ample, vibrant, à la manière de Warhaus, quelque part entre cabaret et rituel intérieur. Voici  maintenant Mer d’hiver, en duo avec Claire Passard. Un autre moment suspendu, plus dépouillé qui allie musicalité et émotions entre fragilité et densité poétique. Le titre explore l’intimité avec pudeur, laissant planer une mélancolie douce. Ces trois premiers morceaux annoncent un album attendu pour le début 2026, où l’on retrouvera également des feats de Stella Le Page et Nikola. Composé de onze titres, il s’annonce comme une odyssée musicale personnelle, un récit en clair-obscur alternant instrumentaux contemplatifs et chansons habitées. Un disque-récit, né d’un parcours fait d’exil, de rencontres, de doutes et de lumière. (LFC)

Mer d’Hiver est disponible via Upton Park/MBA Records. En concert à Paris (Hasard Ludique) le 14 octobre 2025.

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DOJA CAT – STRANGER

La superstar mondiale Doja Cat continue de surprendre avec la sortie de son nouveau clip pour le single Stranger, extrait de son cinquième album Vie, sorti le 26 septembre 2025. Tourné à Los Angeles et réalisé par le légendaire Dave Meyers, avec la production de Nathan Scherrer, Tara Sheree et Collin Druz, le clip offre une représentation visuelle captivante du thème central de la chanson : un amour rebelle et non conventionnel. Le visuel propose des séquences saisissantes : Doja Cat saute en parachute vêtue d’une robe de mariée, chevauche une moto à travers des paysages désertiques et traverse des champs toujours en robe de mariée somptueuse. Ces images audacieuses illustrent le thème central de la chanson : l’amour non conventionnel et la quête de liberté personnelle. La vidéo culmine avec une scène poignante où une flèche transperce le cœur de Doja Cat devant une église en ruines, symbolisant la vulnérabilité et l’intensité des émotions humaines. Le clip fait déjà parler sa fanbase, les Kittenz, qui pensent que le titre pourrait faire référence à Joseph Quinn, acteur dans la série Stranger Things et petit ami actuel de Doja Cat, ajoutant une dimension intrigante au morceau. Pour célébrer cette sortie, Doja Cat a organisé une soirée immersive à New York, où les invités ont pu découvrir le clip en avant-première dans un cadre artistique et interactif, reflétant l’esthétique unique de Vie. Stranger s’inscrit dans la continuité de l’album Vie, qui explore des thèmes tels que l’amour, la passion et la recherche de soi, tout en mettant en avant la créativité visuelle et musicale de Doja Cat. (SK)

Stranger est disponible via Kemosabe Records / RCA Records. En concert à Paris (Accor Arena) le 9 juin 2026.

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PRINCESSE – CETTE CHANSON SUR LAQUELLE TU DANSES

Avec La chanson sur laquelle tu danses, le duo Princesse franchit un nouveau cap. Une ballade électro-organique, tendue et élégante, qui saisit autant par son économie que par sa précision. À la croisée du rap chanté, de la variété française et d’une esthétique 70’s-80’s discrètement assumée, le duo construit un langage musical libre, sans frontières ni posture. Derrière Princesse, il y a Alfred Bertin et Aurélien, deux Parisiens du 18ᵉ arrondissement qui tracent leur route en dehors des sentiers balisés. Très tôt, ils expérimentent ensemble, passent par le conservatoire, montent un premier projet. Leurs débuts sous le nom Anagram, passés par The Voice Kids, relèvent déjà d’une autre époque. Princesse, c’est aussi un troisième homme : Dome, ami d’enfance d’Alfred, rencontré à l’âge de 6 ans au conservatoire de guitare. Døme est la colonne vertébrale sonore du projet. Producteur principal, il dessine avec finesse la couleur musicale du groupe. La chanson sur laquelle tu danses est une ballade moderne, portée par une guitare aérienne, des synthés discrets mais présents, une batterie organique. Et surtout, il y a cette voix. La voix d’Alfred, légèrement voilée, qui donne au morceau une profondeur singulière. Le clip, avec Paul Kircher en rôle principal, ajoute une couche cinématographique à l’ensemble : amour, vitesse, intensité au programme. Côté discographie, après une première mixtape prometteuse (Tu rentres quand à Paris ?), Princesse affine son propos avec Skyclub, puis Skyclub Minuit Bleu, un projet concept autour de la culture club, et l’aventure avec Zélie (Jolis Monstres). Aujourd’hui, ils amorcent une nouvelle étape vers leur premier album, Nouvelle Romance, attendu le 21 novembre, Entre Roxy, premier extrait solaire très Parcelien et La chanson sur laquelle tu danses, plus douce-amère, Princesse semble affirmer une liberté musicale totale, celle de leur génération : mouvante, hybride et sensible.

La chanson sur laquelle tu danses est disponible via LOW WOOD.

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MARIAH CAREY – PLAY THIS SONG (FT. ANDERSON .PAAK)

Près de sept ans se sont écoulés depuis la sortie du dernier album studio de Mariah Carey, Caution. Vivant confortablement sur son catalogue et encore mieux pendant la période des fêtes, personne ne s’attendait vraiment au retour de la diva. Play This Song, troisième et dernier extrait de son 16ᵉ album, semble tout droit sorti d’un disque de Silk Sonic. Vous me direz : logique, puisque Anderson .Paak participe à l’aventure discographique. Mais il semblerait que cette collaboration ne s’arrête pas à la musique. Le clip, en noir et blanc, nous plonge dans une ambiance 70’s, à l’époque où Motown régnait sur les ondes. Le morceau exhorte un amant séparé à l’écoute « Écoute-toi seul, s’il te plaît, écoute-toi seul ». La tension romantique entre Carey et .Paak est palpable : regards, proximité, gestes. Doux comme une supplique, le refrain devient cette passerelle fragile entre deux cœurs désormais distants. L’album Here For It All illustre bien le statut actuel de Mariah Carey en tant qu’artiste. Sa voix, bien que toujours impressionnante, n’a plus la grandiloquence de ses années 90. Mais plutôt que de la masquer, elle compose avec et adapte ses chansons à sa tessiture actuelle avec élégance. Musicalement, l’album est un projet éclectique, où Carey explore des sonorités R&B teintées de disco, de soul et de gospel. Anderson .Paak signe trois morceaux, sans doute les meilleurs de l’album, dont la ballade lacrymale In Your Feelings et le funky I Won’t Allow It. Signalons néanmoins le flamboyant discoïde Jesus I do en duo avec les Clark Sisters. Here For It All évoque la Mariah Carey classique tout en apportant une touche de fraîcheur. Elle y démontre une nouvelle forme de maîtrise : celle d’une voix plus mature, mais toujours souveraine, surtout lorsqu’il s’agit d’arrangements vocaux. (LFC)

Play This Song est disponible via MARIAH/Gamma.

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BÉESAUPAS ENCORE

Avec PAS ENCORE, Béesau sort une pièce de plus de sept minutes, ample et insaisissable, qui s’écoute comme on traverse une tempête intérieure. Le morceau, porté par sa trompette, s’enracine dans un alliage inattendu de jazz et de jungle et dialogue avec des claviers et des programmations électroniques qui étirent l’espace sonore jusqu’à l’hypnose, soutenu par un court métrage réalisé par Rémi Belleville, qui prolonge son souffle cinématographique. On sent ce moment fragile où une histoire hésite à s’écrire : les villes séparent, les appels rapprochent, le sentiment s’impose mais l’élan se retient. Un instant suspendu, un entre deux fragile. Derrière cette narration intime se dessine tout un parcours. Trompettiste de l’Île de Ré, marqué par le souffle du large autant que par les bancs des écoles de jazz, Béesau a d’abord façonné des beats pour le rap avant de se faire remarquer aux côtés de Kungs, Seal, Disiz, Ichon ou Luidji. En solo, il a déjà tracé sa voie avec l’EP Placement Libre (2019), la mixtape estivale Station Balnéaire (2020) et le diptyque Coco Charnelle (2021-2022), où il mélangeait jazz, hip-hop et textures électroniques comme autant de marées changeantes. Un nouvel album s’annonce, conçu comme une traversée sentimentale : six titres qui déroulent les étapes d’une histoire d’amour, entre rythmiques organiques, solos de guitare lumineux et programmations sensibles. Des morceaux étirés, sans contrainte de format, qui avancent comme l’océan : imprévisibles, progressifs, habités par un flux vital. Béesau y affirme une identité claire, une musique poreuse comme le sable, libre comme le vent, mais profondément ancrée.

Pas encore est disponible via Out Of (The) Blue/La Belle Kaki. En concert à Paris (MaMA) le 17 octobre 2025.

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JUST MUSTARD – ENDLESS DEATHLESS

Dans une époque quelque peu saturée de néo-post-punk, Just Mustard fait figure d’anomalie salutaire. Leur musique ne cherche que l’impact émotionnel. Originaire de Dundalk, petit bastion irlandais loin des circuits hype, le groupe avance sereinement depuis 2016. Wednesday (2018), leur premier album, laissait déjà filtrer une tension singulière : celle d’un shoegaze préférant l’abrasion des textures. La suite, Heart Under (2022), dense, opaque, n’a pas cherché à lisser le propos. La voix de Katie Ball, elle, semble toujours venir d’ailleurs. Sans lyrisme, sans vibrato, juste une présence, presque irréelle. Leur shoegaze est brut, leur noise est hypnotique. Endless Deathless est le troisième extrait de leur nouvel opus We Were Just Here à paraître le 24 octobre 2025, produit par le groupe et mixé par David Wrench (Frank Ocean, FKA Twigs). On retrouve les guitares déformées, les textures abrasives et les basses profondes. Mais cette fois, la voix de Katie Ball est plus claire, plus mélodique mais toujours suspendue dans un brouillard émotionnel. Le groupe évoque les clubs, les lieux où la musique se vit par le corps. Katie Ball confie : « J’ai écrit les paroles en m’imaginant sur une piste de danse. Nous voulions composer davantage de morceaux adaptés à ces lieux. Je dirais que c’est une chanson d’amour existentielle, mais chacun peut l’écouter et l’interpréter à sa manière ». Et ça s’entend : les morceaux respirent plus, les refrains émergent. Les premiers extraits Pollyanna et le morceau-titre annoncent un disque plus accessible, mais toujours sans compromis. Un disque de contrastes, entre rugosité et mélodie. Un pas en avant. Sans renier l’obsession du son comme matière vivante. (LFC)

Endless Deathless est disponible via Partisan Records.

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KHALID – OUT OF BODY

La superstar mondiale Khalid, multi-disque de platine et nominé à sept Grammy Awards, continue de repousser les limites de son univers musical avec la sortie de sa nouvelle chanson out of body, accompagnée d’un clip sensuel réalisé par Levi Turner. Le clip met en scène un lieu où désir, tension et performance se rencontrent, et Khalid confie : « C’est moi dans mon élément, totalement libéré. » Cette sortie s’inscrit dans la continuité d’une carrière exceptionnelle et Khalid sortira son nouvel album After The Sun Goes Down le 10 octobre. L’album explore des thèmes universels tels que l’amour, la découverte de soi, l’ouverture d’esprit et un sentiment de liberté renouvelé. Multi-collaborateur et recordman de streams, Khalid a été le plus jeune artiste à dépasser les 15 milliards de streams sur Spotify et a été nommé compositeur pop de l’année par BMI. Son troisième album, Sincere (2024), explorait déjà l’amour, la perte et la maturité, tandis que Scenic Drive (2021) complétait son EP Sun City (2018). Avec out of body et l’annonce de After The Sun Goes Down, Khalid ouvre un nouveau chapitre audacieux, mêlant sensualité, liberté et performance, confirmant sa place de prodige de la pop et artiste incontournable de sa génération. (SK)

out of body est disponible via Right Hand Music Group/RCA Records.

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