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MiiRA porte un manteau en fausse fourrure JEANNE FRIOT

 

 

SÉRIE MODE

 

 

CRÉDITS SÉRIE MODE

Photographe David Diaz – Styliste Charlotte Renard

MUA & Hairstylist Sandra Parmentier



 

 

RHYTHM. LIVE SESSION

 

 

CRÉDITS MODE LIVE SESSION

MiiRA porte un manteau en fausse fourrure JEANNE FRIOT

et des mules Siren Clog CROCS

 

 

CRÉDITS LIVE SESSION

Direction artistique Henrik Jessen & Modzik Connect! – Réalisation Bellanopolis

Assistante Eloy Velaine – Montage Yuna Palfroy – Assistante réalisateur Clémence Lebras –

Ingénieur du son Jeanne Byl – Styliste Charlotte Renard – Assistante Sandy Polifroni

Hair & Makeup Sandra Parmentier – Production Agence Modzik Connect!

Remerciements label WEDGE et E-STUDIOS

 

 

 

L’INTERVIEW

 

Entre les lignes d’un EP envoûtant baptisé Cores, MiiRA nous ouvre les portes d’un univers à la fois organique et introspectif, où la saudade brésilienne flirte avec les échos urbains de Paris. Quelques semaines après avoir dévoilé le titre Où vont les larmes, deuxième extrait de ce projet paru le 20 juin, la chanteuse, productrice et alchimiste sonore nous offre bien plus qu’une bande son : une quête identitaire, poétique et libre.

 

De la néo-bossa au samba, des textures électroniques aux pulsations sacrées de l’orgue, MiiRA invente un espace entre rêve et réalité, entre mémoire ancestrale et irrévérence assumée. Entourée d’un casting de musiciens affûtés (Vincent Taeger, Kayode Pereira, Maxime Daoud…), elle signe un disque qui résiste à la norme, questionne nos liens au collectif et honore la puissance de l’altérité. On est allé à la rencontre de cette voix qui traverse les frontières, pour explorer les racines de Cores. Plongée dans la lumière d’une artiste qui n’a pas peur de pleurer pour mieux faire jaillir la couleur.

 

Qu’est-ce qui t’a menée à la musique ?

En fait, je ne connais pas de moment de ma vie sans musique, donc je pense que j’ai toujours chanté et entendu mon père chanter, car il était chanteur avant de m’avoir quand il vivait au Brésil. Pour moi, c’était vraiment un lien à l’exil, à ce qu’on ne se disait pas. Quand on faisait de la musique, on me racontait des choses qu’on ne me disait pas en face. Cela a toujours été une partie de ma vie très importante. En tout cas, je ne me souviens pas de moi sans musique.

 

Quelle place tient ta double culture franco-brésilienne dans ton identité artistique ?

C’est le centre, j’ai l’impression. Je suis quelqu’un qui existe en France et qui chante en brésilien. Pour moi, c’est super important d’exister dans le territoire et l’environnement dans lequel je vis, c’est-à-dire Paris, car pour moi la musique que l’on fait est forcément baignée par notre environnement qu’on le veuille ou pas. On est tous le produit de ce qui nous entoure. J’ai aussi quelque chose de l’ordre d’une fierté d’immigré et d’enfant d’immigré, qui est de dire que notre culture populaire est forte, riche, puissante. Ecoutez-nous.

 

Tu écris en portugais, en français… Qu’est-ce qui te pousse à passer d’une langue à l’autre ? Comment sais-tu dans quelle langue une partie doit être écrite ou chantée ?

En général, quand j’écris, c’est un processus assez organique : je laisse les choses venir, parfois de manière un peu chaotique, avec des idées qui émergent au fil du moment. La musique que j’écoute le plus, depuis que je suis petite, c’est la musique brésilienne. Et comme ma façon d’écrire part souvent des mots eux-mêmes, qui m’amènent ensuite à un sens, c’est assez rare que je me dise : « Tiens, je vais écrire une chanson sur tel sujet » et que je m’y mette de façon posée. Du coup, quand les mots me viennent en français, je les garde en français, et c’est pareil quand ils arrivent en portugais. Comme je suis chanteuse, et que ma voix est mon premier instrument, il y a quelque chose de très instinctif : le son des mots, le plaisir de les chanter. Ce plaisir-là, je l’ai aussi en français, bien sûr, mais c’est une langue plus droite pour moi, plus cadrée. Elle me laisse moins de place pour la fantaisie, elle me freine un peu dans la façon de prononcer. Alors qu’en portugais, je me sens plus libre, je peux m’amuser, rebondir, être plus exubérante.

 

Tu mixes des éléments sacrés, électroniques et traditionnels… Comment trouves-tu ton équilibre entre tout ça ?

J’ai vraiment ce kiff d’explorer plein de styles différents. Et même si je ne pars pas forcément d’un sujet quand j’écris, en revanche, musicalement, je me dis souvent : « J’aimerais que ce soit un tempo lent », ou « Tiens, pourquoi pas un rythme plus samba ? ». Ce sont des envies, des cadres inspirés de la tradition brésilienne, ou juste des directions musicales que j’ai envie d’explorer.

 

Pourquoi avoir choisi Cores comme titre ? Qu’est-ce que ce mot signifie pour toi, au-delà de sa simple traduction (« couleurs ») ? Et quel lien fais-tu avec la pochette ?

D’un coté, il y avait un titre qui s’appelait comme ça, et pour moi c’était juste le fait d’être sensible aux couleurs du monde, de l’autre, l’idée d’ouvrir les yeux et de s’enjailler de ce monde et de sa beauté. Le visuel de la pochette c’est un travail de Marieke Bernard-Berkel, une artiste peintre très talentueuse dont j’admire le travail depuis très longtemps et que je suis allée voir pour réfléchir à une pochette ensemble. Elle m’a proposée plein de choses et ce tableau est venu comme une évidence pour elle et pour moi.

 

Comment ce projet a-t-il vu le jour ? Quel en a été le déclencheur ?

Je l’ai juste fait, sans me dire « tiens, j’ai envie de faire un EP sur tel sujet ». Il y avait simplement des morceaux qui étaient là. Avec mon co-réalisateur, on a défini un processus à suivre, et on s’est lancés. C’était très instinctif – et, encore une fois, assez chaotique. On avançait sans trop savoir où on allait, mais on y allait, on mettait les choses en mouvement, on avait envie ! Et je crois que c’est ça aussi, l’énergie de Cores. Dans le premier EP, c’était beaucoup plus réfléchi, plus intérieur, plus profond. Bon… Cores, ça reste deep aussi ! Mais pour le premier, on avait vraiment pris notre temps, longuement réfléchi, travaillé les mixs pendant des semaines. Là, j’étais dans une autre dynamique : j’avais envie que ce soit plus rapide, plus fluide. Je voulais surtout prendre du plaisir, y aller à fond, sans trop calculer.

 

Quand as-tu commencé à travailler sur Cores ?

Il y a un an, mais on a commencé à l’enregistrer en août 2024 et on a terminé l’enregistrement en octobre. Bon après y’a eu les mixs, mais ça a été plutôt vite comme process. Pour moi en tout cas !

 

Qu’est ce qu’on découvre de toi dans cet EP ?

Déjà, il y a une chanson où je chante en français, donc c’est différent pour moi. On parle d’Où vont les larmes, qui est la première chanson que j’ai écrite en tant que MiiRA, donc une vieille chanson. Pour moi, ça signifie que je vais pouvoir être comprise par tout le monde ici. Je pense qu’il y a quelque chose dans ce morceau qu’il n’y avait pas dans XX99 : une forme de séduction, quelque chose de plus joueur, de plus charmeur. Il y a aussi une voix qui prend plus de place, qui se déploie, qui s’affirme.

 

Comment te sens-tu sur scène ?

C’est ce que je préfère, vraiment. Parce qu’avant tout, ce que j’aime, c’est jouer de la musique – avec les autres, ou simplement en jouer, tout court. Sur scène, j’essaie toujours de créer quelque chose d’un peu exceptionnel, comme un numéro d’équilibriste : on ne sait pas si on va tomber ou tenir, s’il va se passer quelque chose de magique, si on va réussir à créer du lien. Et je crois que c’est pour ça qu’on fait de la musique : pour réussir à créer du collectif, ne serait-ce que pour un instant. Pour moi, la musique, c’est la vie… mais en mieux. Et être sur scène, c’est comme vivre l’essence même de la vie – en plus intense. La scène, c’est la quintessence de tout ça.

 

As-tu un rêve de collaboration ou de lieu où tu voudrais jouer un jour ?

J’en ai plein ! Il y en a trois qui me viennent en tête. D’abord l’Olympia, où j’ai déjà joué en première partie. Quand j’étais petite, je m’étais promis de ne jamais y mettre les pieds… sauf si c’était pour y monter sur scène. Alors maintenant que c’est fait, je peux y retourner ! Mais cette fois, j’aimerais y jouer en tête d’affiche. Et puis, il y a le Circo Voador à Rio, et le Carnegie Hall à New York. Des salles mythiques !

 

Quel morceau de ton répertoire tu conseillerais pour découvrir ton univers ?

Je conseillerais des morceaux différents selon le mood. Si t’es dans une vibe comme en ce moment il fait bon, ça sent le jasmin, c’est l’été je dirais Cores. Il y a vraiment cette douceur de vivre dedans. Si t’as besoin d’un truc plus intense, avec un peu de drame : Silencio… Mais honnêtement, c’est impossible pour moi de choisir, je les aime toutes ! Tu veux du français ? Va écouter Où vont les larmes. Plutôt un son indé, un peu UK ? Noticia, c’est celui qu’il te faut. Envie d’un son samba plus traditionnel ? Alors Canto. Selon tes désirs ! Mais Cores, c’est une belle porte d’entrée : simple, léger.

 

Cores est disponible via Wedge. En concert à Paris (Release Party) le 4 septembre 2025, au Hasard Ludique.

 

 

Texte Elisa Lehours

Image de couverture David Diaz