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CRÉDITS MODE DIGITAL COVER

Cesar porte une chemise, une veste et un jean ACNE STUDIOS, et un foulard SAINT LAURENT

 

 

SÉRIE MODE

 

 

CRÉDITS SÉRIE MODE

Photographe Henrik Jessen –  Assistante Eloy Velaine –

Styliste Charlotte Renard – Assistante Sandy Polifroni

MUA & Hairstylist Karine Marsac



 

 

RHYTHM. LIVE SESSION

 

 

 

CRÉDITS MODE LIVE SESSION

César porte une chemise SAINT LAURENT et 

Morgan porte un blouson en cuir ACNE STUDIOS

 

 

CRÉDITS LIVE SESSION

Direction artistique Henrik Jessen & Modzik Connect! – Réalisation Bellanopolis

Assistante Eloy Velaine – Assistant plateau & lumière Théo Nebout – Montage Claudia Orefice

Ingénieur du son Arthur Kern pour Flam – Styliste Charlotte Renard – Assistante Sandy Polifroni

Hair & Makeup Karine Marsac – Production Agence Modzik Connect!

Remerciements The Idem Colony & E-STUDIOS @e.studios.paris

 

 

 

L’INTERVIEW

 

Cesar & The Idem Colony, artiste pluridisciplinaire aux influences multiples et pointues, développe et exprime une vision singulière, parfois même spirituelle et philosophique.

 

César Chouraqui est un musicien et acteur passionné qui a décidé de faire vivre cette passion qu’il a cultivée, travaillée, enrichie, en restant le plus fidèle possible à sa sensibilité et en se remettant à l’ouvrage tel un artisan en quête d’une vérité artistique. Accompagné de son associé et ami Thomas Desarnaud, ils forment un duo complémentaire, unis par une passion commune pour l’art et la musique. César, libre et indomptable, parle de son art et de ses nombreuses influences avec admiration et recul.

 

Pour commencer, peux-tu nous parler de ton parcours et de ce qui t’a amené à te lancer dans le domaine de la musique ?

Alors, si je devais me présenter, je dirais déjà que je m’appelle César Chouraqui, je suis musicien et acteur. J’ai commencé par la musique assez jeune, pour me démarquer sûrement étant donné que je viens d’une famille de cinéma, c’était un moyen de m’échapper. Je suis revenu dans le cinéma un peu plus tard après que ma mère m’a foutu dans le théâtre, c’était sûrement une façon cathartique de me faire expier certaines choses que je contenais étant adolescent. Ma vie a toujours balancé entre ces deux mondes, la musique et le cinéma. C’est deux amours qui, si tu les prends d’un point de vue artistique, se répondent par la force des choses. Mes influences, ce qui m’anime, ne rentraient pas dans les cases de ce qui marchait, il m’a alors fallu enfoncer des portes pour que cela s’aligne avec qui je suis et rencontrer les bonnes personnes. Ce parcours m’a amené à ce que je suis aujourd’hui, quelqu’un qui est dans la continuité d’un projet qu’il a mis en place depuis pas mal de temps.

 

Parle-nous de tes ambitions et de ce qui t’anime…

Souvent le goût c’est un truc inhérent à ton parcours, ton goût à toi, mais il n’y a que la maturité qui fait qu’à un moment donné tu peux envisager de matcher ton goût avec tes ambitions artistiques. Je suis assez fier de ce qu’on a réalisé et que cela rejoigne un peu toutes les espérances que j’ai depuis que j’ai envisagé de me lancer. La musique a toujours été le corps de mon univers personnel parce que je suis le créateur de ce que je fais, de ce que je crée et de ce que je délivre. Avec mon associé Thomas, on en est arrivé à vouloir faire et à devoir faire un peu tout par nous-mêmes parce qu’on avait une vision très précise de ce qu’on voulait. J’ai eu la chance de rencontrer des gens comme Thomas, comme Morgane (Morgane Kibby, M83, NDLR), qui ont respecté la vision que j’avais et qui ont décidé de ne pas interférer en disant : « Si t’as envie que ça fonctionne ça sera comme ça ». Au contraire, ils m’ont accompagné en disant : « Toi, tu aimes ça, nous ça nous plaît, tu te donnes les moyens de le faire donc on va essayer d’aller au bout avec toi ». Je suis maître de mon art en quelque sorte.

 

Est-ce que tu peux parler de ton projet, de ce qu’il représente pour toi et du processus créatif qu’il y a derrière, sachant que tu n’avais pas sorti de musique depuis 2021 ?

J’ai toujours fait de la musique, je ne me suis jamais arrêté. Je n’ai pas sorti de musique depuis parce qu’on a fait un album avec Thomas, mais au moment de sortir l’album on était déjà sur autre chose. Ça a été très particulier pour nous et je remercie Thomas parce qu’il m’a dit : « T’as pas envie, je comprends, on ne va pas le faire ». On va réutiliser des choses de cet album, on va améliorer des choses aussi, mais on ne va pas sortir cet album tel quel. En fait, je n’avais pas mis la musique de côté mais j’ai grandi, je suis plus vieux que ce que j’étais hier tout simplement et du coup j’ai eu envie de réorienter ma réflexion. J’écoutais récemment une interview de Cillian Murphy (Peaky Blinders) qui disait : « Le cœur au-delà de l’intellect », et c’est ce que j’ai fait en fait, j’ai préféré écouter mon cœur sans intellectualiser la chose en me disant que j’avais un album et qu’il fallait le sortir, mais je savais que quelque chose m’attendait plus loin. En fait ça m’a amené à un truc que je n’aurais jamais espéré, tout à coup je me retrouve à Los Angeles en studio avec Morgan Kibby, et là je me suis dit que c’était la bonne décision.

 

Comment tu te sens en sachant que le projet se finalise et qu’il va bientôt sortir ?

Super bien ! Je me sens bien, pas uniquement parce que le projet va sortir, mais parce que j’ai l’impression d’être sur mon chemin à moi. Je suis super content que ça sorte, qu’on ait la capacité de le faire, les moyens de le faire, les gens pour le faire, je trouve ça formidable. Nous on est déjà dans ce qui va se passer ces deux prochaines années, avec qui je vais travailler.

 

Est-ce que tu penses être 100 % toi-même ?

C’est une question compliquée (rires). Pour répondre au mieux je dirais : oui aujourd’hui, non demain. L’idée du clip Incomplete et de Space Pirate c’était de se dire qu’on ne peut pas faire un tout droit toute sa vie. Dans le sens j’ai merdé parce qu’en fait je suis resté dans une position dans laquelle je n’avais pas du tout envie d’être par peur de prendre des risques. J’avais envie de mettre ça en images. Je suis resté dans des situations qui ne me plaisaient pas pendant assez longtemps et j’ai essayé de travailler sur moi en me disant : « Voilà, la prochaine fois que quelque chose ne me plaît pas et que ça m’affecte, j’essaierai de changer les choses ».

 

Pour l’esthétique des clips, est ce que tu as des inspirations particulières ?

Je suis fan de SF, j’adore Star Wars, Blade Runner, j’adore Philip K. Dick, c’est un des premiers auteurs que j’ai binge read, je ne sais pas si on peut dire ça (rires). Tout ce truc de projection du futur qu’on pouvait avoir et dans lequel on est un peu aujourd’hui, ça m’a toujours passionné. Cette vision que pouvaient avoir ces hommes-là dans les années 1960- 70, je trouve fou de réaliser qu’on vit en quelque sorte ces choses-là aujourd’hui. Je trouve ça fascinant. J’aime croire à l’idée que les artistes anticipent le besoin que les gens ont, mais qu’eux n’ont pas encore compris.

 

Tu as une manière très personnelle d’écrire, introspective, poétique, parfois mélancolique. Quelles sensations te traversent lorsque tu écris ?

Pour moi, l’écriture c’est une réflexion sur le long terme, ce n’est pas une réflexion qui va dans le sens du travail. Quand tu grandis, tu te poses des questions en permanence. À un moment donné, je les ai juste couchées sur une feuille de papier. La référence à Dieu est assez présente dans mon œuvre – je déteste ce terme (rires) –, mais ce n’est pas Dieu au sens religieux, c’est juste cette question de qui on est par rapport à ça, où l’on se place, qu’est-ce qu’il y avait avant, qu’est-ce qu’il y aura après, c’est quoi le chaos, pourquoi je suis là, toutes les questions que je me pose en fait. L’écriture c’est l’instant où j’essaie de rassembler toutes mes pensées et de me dire que ce sont des questions universelles. Ça m’amuse cette relation entre les questions existentielles les plus absurdes qu’on peut se poser et le recul qu’on prend après sur tout cela, alors on se rend compte qu’on a tous plus ou moins vécu ces moments-là. Le rapport entre toutes les questions que je me pose et les relations que j’ai avec les autres. La connexion, la rencontre avec l’audience… C’est ça que j’essaie de mettre en place, trouver la question que la personne en face de moi se pose et quel est le mot qui va faire que, tout de suite, ça va le faire vibrer, le toucher au cœur.

 

Tu as exprimé ton admiration pour Joy Division et pour son chanteur et songwriter Ian Curtis. Qu’est-ce qui te parle, t’attire dans l’univers de ce groupe ? En quoi ton style personnel s’en est-il inspiré ?

Joy Division c’est le diamant brut pour moi. C’est la darkness de nos sentiments mélangée au sentiment de nostalgie, qui est le sentiment le plus pur au monde selon moi. La première fois que j’ai écouté Disorder j’ai eu envie de courir. Tout ça énoncé par un mec qui parle des choses de la vie les plus simples possibles qui nous parlent à tous. Ce son, celui de Joy Division, c’est pour moi la musique qui se rapproche le plus de la plénitude que peut ressentir un être humain, aussi bien quand il est bien que quand il est mal. Ces sonorités répondent à quelque chose que j’ai l’impression d’entendre à l’intérieur de moi, de vivre à l’intérieur de moi.

 

Tu sembles être très attaché et sensible aux personnes qui t’entourent et t’accompagnent sur tes projets.

Ce qui est assez génial quand tu as ces personnes-là en face de toi, c’est que ce sont des personnes qui se donnent la permission de ne pas se poser de limites. Tu te dis que ça ne va peut-être pas fonctionner, mais ça va peut-être engendrer la catastrophe qui donne le truc magnifique à la fin. On n’y arrive peut-être pas, mais ça t’emmène sur un chemin que tu n’avais pas forcement anticipé. Mais si tu l’intellectualise avant, t’es mort. C’est le principe de l’amour, l’idée de se lancer. On a la chance que certaines personnes nous suivent. Il y a plusieurs moments quand tu choisis ce parcours… Tu as ce moment un peu compliqué où tu veux imposer ton idée et puis il y a un moment où l’idée a tellement maturé que les gens se disent « J’y vais » ou « J’y vais pas ». C’est souvent à ce moment-là que tu rencontres les bonnes personnes. C’est intéressant à vivre.

 

Lorsque l’on écoute tes musiques et que l’on lit tes textes, on peut voir une certaine filiation avec un autre groupe que tu apprécies beaucoup : Depeche Mode. C’est frappant comment ta plume est comparable à celle de Martin L. Gore et la puissance de ta voix à celle de Dave Gahan. Est-ce que toi tu te reconnais dans cette comparaison ?

C’est assez drôle car les gens font constamment ce rapprochement. C’est comme si j’étais la voix qui est entre les deux. C’est assez rigolo. C’est un réel compliment parce que ce sont des voix très travaillées et qui ont beaucoup de caractère. Ce qui est génial avec les membres de Depeche Mode c’est que ce sont des mecs qui sont techniquement très bons.

 

C’est assez impressionnant la sonorité de ta voix qui semble être un instrument à elle toute seule.

Je bosse avec Morgan Kibby, elle est appelée par toutes les plus grandes stars de la pop pour les driver en termes de voix. C’est une personne qui va te faire un peu rencontrer ta voix. Quand j’étais plus jeune, j’ai fait du chant lyrique, j’ai perdu cette voix-là parce que c’est un travail de tous les jours que je n’ai pas continué. J’ai la chance d’avoir une voix qui a quand même été assez bossée pour que je puisse l’utiliser comme un instrument, que je puisse la placer là où j’ai envie de la placer. J’ai aussi tellement été influencé par certaines personnes que ça devient ton paradigme. Ce qui fait ton monde va influencer ta physicalité. Par la force des choses, avoir grandi avec ces gens-là m’a conditionné à transmettre ce que j’avais besoin de transmettre avec ce genre de vecteur.

 

Comme on l’a vu, tu es très inspiré par des artistes de new wave des années 1980, cependant y a-t-il des artistes et groupes plus contemporains qui t’influencent ?

Tout m’influence. Je suis ultra poreux comme mec. Au-delà de ce genre de groupes, je suis quand même un mec qui aime la pop. J’ai baigné dedans en plus. Ma mère dans la voiture c’était ABBA, Il était une fois, Starmania notamment. C’était très pop. De plus, j’étais très influencé par l’histoire de la musique américaine, tout à coup il y a eu le hip-hop qui est venu se foutre là-dedans, ça a donné aussi le R&B. C’est une discussion que j’ai eue avec un des plus grands noms de la musique qui est Guy-Manuel de Homem-Christo de Daft Punk. Pour l’anecdote, une fois on était au resto ensemble, il y a Promiscious de Timbaland qui passe et il m’a dit que c’était une des musiques qui, en termes de production, l’a retourné. Quand c’est bien, c’est bien, que ce soit du rap, du rock, du jazz, de la soul, si c’est bien, ça va toucher quelque chose en toi qui te connecte avec tous les artistes qui l’ont créée.

 

 

Texte Charlotte Langeois