Bien sûr on connait les gars de la scène rap belge comme Romeo Elvis, Damso, Hamza ou L’Or du Commun, mais dorénavant il faut compter avec Blu Samu, une rappeuse pleine de talent en pleine ascension depuis la publication de son superbe Moka EP. Une artiste à suivre de près qui s’est prêtée au jeu d’un édito mode et nous parle sans détour et sans fard de son parcours musical.

Comment est tu passée de Salomé Dos Santos à Blu Samu et pourquoi ce nom ?
J’ai toujours été une enfant très nostalgique, donc je savais que je voulais que mon nom soit Blu,
Quand j’ai découvert que le nom était déjà pris, j’ai commencé à penser à des choses accrocheuses à mettre à côté.
Je ne voulais pas quelque chose de très logique, juste bizarre et accrocheur : j’étais fan de la culture japonaise, donc quelqu’un a proposé Samurai parce que mon nom insta est 5amuraij. Je pensais que c’était trop cliché Après quelque temps, nous sommes arrivés avec Samu, et à ce moment-là tout le monde pensait que ça avait l’air bizarre. Mais moi, c’était comme “oui parfait, c’est comme ça que je veux que ce soit”.

Comment t’es tu intégrée à la nouvelle scène musicale belge ?
Je payais mes dettes à Anvers en travaillant dans une station-service presque à plein temps quand j’ai commencé à venir à Bruxelles pour faire de la musique avec les gars du “77”.
C’est grâce à eux que j’ai finalement déménagé à Bruxelles pour emménager avec eux en tant que coloc.
Ils m’ont toujours soutenu depuis le premier jour et quand ils ont vu à quel point j’avais du mal à Anvers, ils ont accepté de m’aider en m’accueillant.
Le reste est arrivé si naturellement que nous avons commencé à faire de la musique ensemble. Le studio était à la maison, donc il y avait des gens différents qui venaient tout le temps et c’est comme ça que j’ai rencontré à peu près tout le reste de la scène comme le gars de zwangere, le swing etc. Ils m’emmenaient aussi beaucoup avec eux sur la route pour faire notre morceau de collaboration et ensuite j’ai eu mon propre morceau “I Run”.
 

Ce qui a aussi vraiment aidé, c’est mon premier vidéoclip réalisé par Laura van Haecke, Je l’ai rencontrée quand je suis arrivée sur scène lors d’un concert de gars de zwangere et elle m’a dit juste là et ensuite elle avait besoin de faire un clip pour “I Run”. Nous étions sur la même longueur d’onde pour le clip presque instantanément! Mais la façon dont elle l’a dépeint de manière si nette a vraiment mis ma musique sur le radar.
Et tout à coup, je me suis mise à recevoir des offres pour faire mes propres shows à gauche et à droite .. c’est allé assez vite!

La musique Hip Hop t’a-t-elle donné le rythme dans ta musique ou dans ta vie également ?
Je pense les deux. Non seulement cela m’a permis de libérer mes propres pensées mais j’aime aussi la scène.
Dans le monde entier, il y a des gens de types différents qui font du rap mais j’ai l’impression d’avoir trouvé ma communauté., Sans le Hip Hop, je n’aurais jamais trouvé “Le 77” que je considère comme une famille et beaucoup d’autres avec qui je peux m’identifier.

Musicalement, la musique rap me pousse toujours à aller de l’avant. Je ne saurais pas comment sortir de ma maison sans ça, J’en tire tellement d’énergie! Et c’est un mécanisme automatique pour moi d’en écouter quand je dois me préparer, ou quand je dois faire des trucs qui nécessitent mon énergie !
J’écoute également d’autres genres musicaux mais je dirais que la musique rap domine sans aucun doute par dessus tous les autres genres.

Désolé de te demander cela mais le rap game semble toujours très masculin, voire machiste, comme es-tu parvenue à te faire un nom sur la scène ?
Je me sens toujours bizarre quand on me demande ça. Parce que j’ai l’impression que ce sont plus les médias qui parle de mon sexe, Pour ma part, Je n’ai ressenti aucune forme de discrimination parce que je suis une rappeuse.
Si quoi que ce soit, tous les garçons ici à Bruxelles m’ont toujours montré beaucoup de respect et de soutien pour le faire.

Je ne sais pas si j’ai tout simplement eu de la chance, mais à mon avis, on ne devrait pas se concentrer sur son sexe lorsque l’on fait quelque chose que l’on aime.
Il vous suffit de mettre toute votre énergie et vos efforts pour perfectionner votre art afin de pouvoir briller lorsque l’occasion vous en est donné.

Bien sûr, j’ai rencontré un ou deux moments où des gens faisaient des remarques cyniques à propose du fait que je monte sur scène. Mais je ne me suis jamais laissé me faire car je les range immédiatement dans la case des « ignorants ».

Quelles sont tes influences musicalement ?
C’est difficile de savoir qui m’a vraiment influencé car j’essaie toujours de tout puiser en moi.
Mon premier amour m’a fait découvrir le hip hop avec des artistes comme Lauryn Hill, Tribe Called Quest, Moss Def, Absoul, Kendrick Lamar, Tyler Te Creator….
Je suppose que j’ai toujours essayé de garder le même sens de l’honnêteté que ces artistes ont dans leurs paroles.
Et peut-être un peu de la maladresse et du du coté fantasque de Tyler de temps en temps.


Le morceau et la vidéo de « I Run » sont important pour toi n’est-ce pas ?

« I Run » c’est mon tout premier clip : j’y montrais un peu les tensions relationnelles que j’avais avec ma mère en grandissant. Quand Laura est venue à moi avec l’idée du clip, j’ai commencé à rire parce qu’elle disait à peu près ce qui s’était passé l’année précédente dans ma vie.

Quand j’ai quitté ma maison, ce n’était pas pour les meilleurs motifs, évidemment ma mère avait imaginé un autre type d’avenir pour moi. Quelque chose de plus stable. Mais je n’allais pas vraiment être un médecin ou un avocat.
C’est pourquoi en grandissant, il y avait tellement de combats parce que nous ne nous voyions vraiment pas.

Je n’ai jamais vraiment été un livre fermé, alors quand Laura a suggéré de faire ce clip qui allait aussi être un peu “documentaire » j’étais à 100% pour ça. Quelle meilleure façon de faire ses débuts qu’avec quelque chose de 100% vrai?
Et une façon d’honorer ma maman en la faisant briller dans le clip.

Qu’est-ce qui a changé depuis la sortie de ton EP Moka l’an dernier ?
Tout. J’ai fait des tournées dans toute la France, la Belgique, je suis allé en Allemagne, en Italie, en Slovénie, au Brésil et j’ai même fait 3 concerts au Portugal.
Je ne suis pas riche, mais je me débrouille avec ma musique et je peux produire mon propre projet et clip et ce petit fait me donne un grand sentiment d’accomplissement!


Est-ce vrai qu’Yseult est ta styliste/DA ?

Yseult et moi vivons ensemble, alors quand je lui ai montré sur quoi je travaillais, elle a eu la gentillesse de m’offrir son soutien en tant que DA.
Elle m’a vraiment donné un coup de pied hors de ma coquille en d’autres termes haha. Elle m’a fait découvrir plein de vêtements sur lesquels je ne tomberais pas normalement, des tenues dont elle pensait qui me conviendrait et que je me suis immédiatement laissé emporter par la vague. Je ne sais pas comment l’expliquer, je pense que Yseult a une grande capacité à lire les gens et à voir dans quoi ils s’épanouiront.
Sans imposer quoi que ce soit mais en les laissant vraiment graviter vers vous tout simplement, naturellement.
Elle m’a beaucoup aidé mais elle m’a aussi montré comment contacter les gens, etc. Il ne s’agissait pas seulement de porter une tenue spéciale mais adopter une attitude à avoir avec les gens dans la vie quotidienne, du style : « hé, regardez ça, vous aimez ça? »
Ou savoir ce que vous voulez en tant que clip, c’est une bonne chose, mais également la manière dont tu vas l’expliquer au réalisateur par exemple.


Ce fut un réel plaisir de travailler avec elle car j’ai l’impression qu’elle m’a beaucoup apporté et m’a donné les moyens de continuer par moi-même. Ce qui était l’idée de départ en fait.

Quels sont tes plans pour le futur ?
Je veux continuer à m’améliorer en tant qu’artiste et voir encore plus de monde grâce à ma musique.
Au final je veux juste faire quelque chose de qualitatif pour les gens mais surtout pour moi.
J’espère pouvoir sortir un album qui pourra être écouté à tout moment car la musique sera HONNÊTE et BONNE.
Ce sont mes plus grands espoirs pour l’avenir.