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NEWS !

 

 

On les avait connus abrasifs, un pied dans la poussière des routes du Sud, l’autre sur les amplis saturés du blues rock. Avec No Rain, No Flowers, le groupe opère un virage clair : moins de guitares, plus de production, moins de sueur, plus de soul. Et surtout, un désir assumé de lumière, de mélodies accrocheuses et de refrains qui collent à la peau. Le tout sans renier une forme d’authenticité.

Cet album marque une transition nette vers des terres plus pop, plus léchées – mais pas creuses. On la doit en partie à un casting de collaborateurs triés sur le volet : Daniel Tashian, le faiseur derrière le Golden Hour de Kacey Musgraves, donne ici un vernis country-pop feutré ; Rick Nowels, plume légendaire de Stevie Nicks à Lana Del Rey, injecte sa science de la ballade cinématographique ; et même Scott Storch, ancien nabab du hip-hop early 2000s, vient poser une touche inattendue de groove urbain.

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Résultat : l’album regorge de petites bombes mélodiques, de refrains évidents, de textures soul et disco qui auraient pu tourner en boucle sur les radios FM de 1978. Make You Mine, co-écrite avec Desmond Child, enrobe sa pop sensuelle d’un somptueux écrin de cordes. All My Life pulse avec une impulsion disco à peine voilée. On Repeat et Kiss It lorgnent sans complexe du côté de Gold FM, avec un son calibré, très 70s. Mention spéciale à A Little Too High, petite perle à la Fleetwood Mac. Et Babygirl, avec sa rythmique funk rock, confirme l’élégante mue du groupe.

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Cover

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Certes, les guitares s’effacent. Les riffs âpres du début ont laissé place à des nappes de synthé, des cordes luxuriantes, des lignes de basse caressantes. Mais cette évolution semble moins opportuniste que salutaire. Après une période trouble, tournée annulée, renvoi de leur management et tourneur, le groupe semble vouloir repartir de zéro. Dan Auerbach a déclaré que le titre de l’album vient d’« une expression que j’avais entendue… qui semblait résumer la façon dont nous nous imaginions surmonter la situation que nous venions de traverser ». Patrick Carney a ajouté : « Nous sommes devenus un peu complaisants avec les conneries professionnelles parce que nous avons été tellement occupés par la merde créative, c’était un rappel de faire attention aux deux choses ».

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Et il faut reconnaître que No Rain, No Flowers porte bien son nom : derrière la pluie médiatique, la polémique, le chaos, c’est bien un disque lumineux qui a fleuri. Sans doute leur album le plus accessible, le plus immédiat aussi. Un virage pop qui sonne juste.

 

No Rain, No Flowers est disponible via Black Keys/Easy Eye Sound/Warner Records.

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Texte Lionel-Fabrice Chassaing

Image de couverture Larry Niehues

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