Skandal, nouvel album signé William, capture l’adolescence parisienne à travers un personnage romancé, entre excès, désirs et illusions.
Après Nostalgie Club en 2023 et Salon de Thé en 2024, William fait son grand retour, toujours sous l’égide de PlavRecords, avec Skandal. Un album qui porte parfaitement son nom : chaque coup marketing, minutieusement pensé, fait mouche, et l’efficacité est sans faille. La promotion de Skandal a pris son envol sur les réseaux sociaux avec la viralité de Croco et d’un crocodile fuchsia, devenus instantanément emblématiques. Un hommage à Salvador Dalí et son fourmilier, cette image s’inscrit pourtant dans une esthétique résolument moderne, incarnant parfaitement la nouvelle vague de pop portée par des artistes jeunes, parisiens et inventifs. William en fait incontestablement partie, insufflant un vent de renouveau sur la scène musicale.
L’album s’ouvre avec Ne m’oublie pas, un morceau étonnamment vulnérable pour un artiste qui a jusque-là forgé sa direction artistique autour de la confiance, du charisme, et parfois d’une arrogance assumée. Ce titre dévoile une facette plus fragile de sa personne. Produit par Myth Syzer, William explique : « Les paroles ont beaucoup de sens pour moi… c’est celui qui se détache le mieux du projet, et je suis super fière de ce morceau. Si quelqu’un devait n’en écouter qu’un seul, j’aimerais que ce soit ce morceau-là ». Ce morceau incarne bien la dualité de son univers, et l’album est inauguré avec une intimité qui lui donne toute sa profondeur.

Skandal devient ainsi la bande-son idéale des premiers émois, une toile de fond parfaite pour l’adolescence et les premières découvertes amoureuses, et les montagnes russes émotionnelles que cette période engendre.
Cette vulnérabilité, qu’il dévoile aisément dans sa musique, n’a pourtant pas toujours été évidente à accepter. « Au début, c’était compliqué. J’étais au lycée, tout le monde rappait et il fallait correspondre à un certain modèle. Ce n’était pas toujours facile d’assumer un truc plus chanté, plus pop. » La musique qu’il voulait créer semblait en décalage avec l’environnement qui l’entourait, mais avec le temps, cette tension s’est dissipée, et William a trouvé sa place. « Aujourd’hui, je me sens légitime dans ce que je fais. De projet en projet, j’ai gagné en confiance. Je ne faisais pas juste des morceaux pour plaire, je faisais ce qui me ressemblait vraiment. C’était un vrai chemin vers l’authenticité. »
L’identité visuelle de Skandal est, elle aussi, un jeu de maîtrise. Toute la promotion de l’album semble pensée à grande échelle : William se construit une image de star poursuivie par des paparazzis, renforçant son storytelling d’artiste en pleine ascension. Cette trajectoire est pleinement assumée, mais Skandal reste une étape vers quelque chose de plus grand. « Skandal, c’est un mot qu’on a toujours aimé. Mon parfum, c’est un Jean Paul Gaultier Scandal. C’est un mot impactant… On lui a trouvé des significations, des connexions avec mon univers artistique. Je vois cet album comme une passerelle. Après La Boule Noire en octobre 2024, on voulait marquer le coup, passer un step. On est encore dans cette phase où beaucoup de gens ne savent pas qui je suis, mais ce projet nous a permis de gagner en visibilité, en légitimité. »

Musicalement, Skandal navigue entre pop, R&B et influences rap. William refuse de se laisser enfermer dans une seule case : « Certes, je chante, mais je ne me sens pas non plus chanteur. J’ai du mal à me placer en termes de style musical. Pour moi, c’est un mélange de quelque chose de plus R&B, un peu urbain et il y a toujours cette influence variété. Même moi, j’ai du mal à définir exactement ce que je fais. Je suis hyper ouvert à bosser avec des gens qui viennent d’univers différents. Avec Venty (beatmakeur), on cherche toujours à aller chercher de la complexité dans les compos, dans les harmonies. J’ai envie d’expérimenter avec des gens qui ne sont pas forcément du rap ». Ce mélange des genres se retrouve aussi dans ses collaborations. Le featuring Sincérité avec Unisature apporte une autre dimension au projet : sa voix singulière vient sublimer le morceau, ajoutant encore plus de profondeur à l’ensemble. Leur rencontre s’est faite naturellement. Ce goût pour la collaboration se retrouve également dans son lien avec Morphée.
William nous fait osciller entre assurance et fragilité, et en sept titres on navigue entre la fiction de son storytelling élaboré à l’authenticité de moments plus réels. « Ma musique est de plus en plus imagée, j’adore raconter des histoires. Je vais puiser dans des événements réels, mais aussi dans des éléments plus romancés. »

Raphaël, avec qui il a fondé PlavRecords, façonne chaque aspect des projets de William, supervisant l’organisation, la stratégie et la diffusion, veillant à donner à leur vision commune toute son envergure. Si William se construit comme une étoile montante, il demeure profondément attaché à son authenticité. Ce choix d’utiliser son vrai prénom comme nom d’artiste, en témoigne : « On a beaucoup réfléchi ensemble à ce qui allait constituer William l’artiste, et ce qui allait rester de William dans la vraie vie. Par exemple, adopter un pseudo était une option. Mais je me suis rendu compte que garder mon prénom était une manière de préserver quelque chose de plus sincère, de plus vrai… On amplifie certains traits, mais je ne pense pas qu’on soit dans un personnage complètement construit, 100% monté pour correspondre à une esthétique. Il y a un véritable côté authentique dans le personnage. Il n’y a pas de grande différence entre le William sur scène et celui que tu croiserais dans la rue ». Ainsi, entre projection de soi et réalité, William se place dans un équilibre où la sincérité prime tout en maintenant une certaine intimité.
Cette authenticité transparaît aussi dans son lien avec son public : « J’ai un public qui est comme on le souhaitait, très respectueux, très aimant, qui nous apporte beaucoup de soutien. On se sent vraiment soutenus, c’est hyper agréable ». Un moment marquant de cette connexion avec son public a eu lieu lors d’un concert à Nantes : « Une fan est montée sur scène et s’est mise à pleurer en chantant avec moi. Ça m’a touché de voir qu’on pouvait transmettre une émotion aussi forte ».

Skandal se révèle être le miroir d’une âme parisienne en pleine éclosion. William y expose sa dualité, mêlant vulnérabilité et force, pour offrir un univers musical sincère. Ce projet est une belle œuvre qui ose être authentique et qui, par son originalité, ouvre de nouveaux horizons pour la scène musicale parisienne.
Skandal est disponible via PlavRecords / LaFabreek. En concert à Paris (Maroquinerie) le 20 avril 2025.
Texte Emmamori Charles-Angèle
Photo de couverture Raphaël Mercouroff